Censeurs et bigots
Pour peu que vous fréquentiez les séances mensuelles du conseil municipal comme je m’impose de le faire depuis des années, vous ne serez pas étonné que je qualifie la gouvernance actuelle sous la férule de l’Alliance municipale, de régime totalitaire.
À moins que vous discutiez d’un problème relié à votre propriété ou encore à votre voisinage immédiat, vous n’obtiendrez rien du maire et de ses conseillers. Ils entendent tout mais ils n’écoutent rien. Pardon, ils s’écoutent parler. Pour nous citoyens c’est silence radio et censure. Et si par malheur durant la période de questions dédiée aux citoyens, vous avez l’impudence d’insister pour avoir des réponses à vos questions, attention à vous, des policiers sont au service du maire pour vous sortir manu militari de la salle du conseil. Cela m’est arrivé et je dois dire que c’est une expérience dégradante.
Ce despotisme du maire est d’autant plus révoltant que cela manifeste une détestable arrogance envers nos institutions démocratiques. Lieux de débats ouverts, rationnels et surtout respectueux des citoyens. Or, ce maire et ses conseillers accueillent tout argumentaire qui va à l’encontre de leurs décisions le plus souvent prises derrière des portes closes, comme un crime de lèse-majesté. Cela est la parfaite illustration d’une profonde intolérance envers celles et ceux qui ne pensent pas comme eux. Il suffit de voir avec quelle morgue et quelle suffisance le maire traite les interventions de la jeune conseillère de l’opposition pour vous dégoûter à jamais de vous engager en politique pour le bien de vos concitoyens.
Mais ce n’est pas tout, les censeurs qui nous dirigent du haut de leur perchoir sont aussi supportés par quelques bigots. Ceux-ci préfèrent s’attaquer au messager plutôt que de discuter des questions de fond que soulèvent les citoyens. Cette déshumanisation des personnes qui pensent «différemment» est la plupart du temps la signature des faibles.
La sauvegarde des écosystèmes naturels et des terres humides font parties de ces enjeux qui révèlent l’aveuglement où peut nous mener parfois la partisannerie. Je prendrai pour exemple la lettre Mme L. Boisvert publiée dans ce journal la semaine dernière. Celle-ci n’aborde jamais dans ses attaques personnelles à mon égard, le sens de mon combat pour la protection de notre patrimoine naturel. Jamais elle ne dénonce la gestion bancale du dossier du «boisé des hirondelles», la duplicité de «son» maire dans le zonage résidentiel du boisé des Sacrés-Cœurs ou ses faux-fuyants dans le dossier de la station d’essence sur une prairie humide au sud de la 116, ni même le prolongement de l’aqueduc pour arroser d’eau potable une piste de vélos extrême. Non, elle se contente de déclarer que «ce n’est pas montarvillois» et elle s’arroge ce droit en ajoutant à sa signature qu’elle réside dans notre ville depuis l’âge de pierre comme si la durée faisait foi de sa légitimité signifiant par là que tous les autres, venus s’installer après, étaient des «importés» comme on disait autrefois des «immigrés». Bel exemple de bigoterie mais aussi d’ignorance face à l’histoire des luttes qu’ont mené les conservationnistes montarvillois contre les affairistes qui ont toujours dominé à l’Hôtel de Ville de Saint-Bruno.
Notre combat est noble comme il le fut pour Edith Smeesthers et Jean-Guy Gaudet à qui nous devons de nous enorgueillir de posséder un patrimoine naturel aussi riche que le Parc national du Mont-Saint-Bruno. S’il n’en avait tenu qu’aux maires qui se sont succédés dans cette ville (à l’exception sans doute de M. Gérard Fillion), notre montagne ne serait plus qu’un biotope minéralisé tel un Westmount pour nouveaux riches comme l’envisageait à la fin des années 70, Campeau Corporation.
Quant à l’opinion de M.J.L.Coté sur la démagogie des défenseurs du patrimoine naturel des Montarvillois, je lui demanderais en quoi cela est-il démagogique d’exiger que le maire nous réponde sur les frais des honoraires de l’avocat que la Ville a embauché pour faire équipe avec l’avocat du sénateur Massicotte contre ses propres concitoyens ? Dites-moi en quoi le fait de savoir que les contribuables montarvillois aient déboursé la somme de 21,233.68 $ pour défendre les intérêts d’un spéculateur foncier au détriment de la diversité biologique de leur milieu, est démagogique ? Dites-moi en quoi le questionnement critique sur l’embauche de la firme Fahey et Associés pour faire le plan d’urbanisme de la Ville alors que cette firme était embauchée par plusieurs promoteurs actifs à Saint-Bruno constitue de la démagogie ? Est-ce démagogique de remettre en question les millions de dollars que l’Administration Benjamin a consacré à l’horticulture ornementale depuis son installation à la mairie alors qu’elle n’est même pas foutue de sauvegarder quelques acres de forêts matures ? Cher monsieur, votre raisonnement spécieux est digne de la société bourgeoise franquiste qui à une époque pas si lointaine se repaissait dans les luxueux salons madrilènes, de petits-fours au caviar et de bulles concoctées dans les meilleures caves de la Champagne alors que le peuple opprimé revendiquait sa dignité. Cette image, ais-je besoin de le préciser, m’a été inspirée par la cérémonie des «Vœux du maire à l’occasion du Nouvel an» tenue en janvier 2012, au Centre Marcel-Dulude. Est-ce cela Mme Boisvert que d’être «Montarvillois pure laine»?
Pour terminer, permettez-moi de mettre les pendules à l’heure au sujet de mon rôle au sein du Parti montarvillois dont je revendique fièrement d’en être le co-fondateur avec un homme pour lequel j’ai la plus grande estime et la plus profonde admiration, M. Martin Murray. Cet économiste et démographe d’une intégrité sans faille, invité par la Fédération professionnelle des journalistes du Québec, a dirigé un atelier de formation sur l’analyse d’un budget municipal, lors de leur congrès de 2011.
Nous avons créé ce parti à bout de bras, sans un sous et sans attaches avec quelques promoteurs, spéculateurs, entrepreneurs ou fournisseurs que ce soient. Ni l’un ni l’autre, nous ne fréquentons les terrains de golf et nous n’avons pas l’intention de participer à des tournois organisés par des entreprises privées.
Alors avant de nous faire des leçons de bienséance et de démagogie, j’invite les supporteurs du maire à se questionner sur l’éthique qui anime un maire qui a fait sortir quatre citoyens de la salle du conseil de ville, le lundi 10 décembre dernier. Les plus vieux se rappelleront à quoi ressemblent des sociétés dont les dirigeants s’appuient sur les forces de l’ordre pour faire taire leurs concitoyens.
Michel Desgagné
Résidant de Saint-Bruno