Quand la maladie permet de passer à autre chose

Denise Dupont et le cancer du sein

Denise Dupont a reçu un diagnostic de cancer du sein au printemps 2012. Aujourd’hui, cette mère de famille de 51 ans, qui sera en rémission en 2017, n’a pas de honte à dire que sa maladie a été un mal pour un bien. Témoignage.

« J’ai reçu un cadeau mal enveloppé, qui est devenu avec le temps un beau présent. Le cancer du sein m’a donné l’opportunité d’effectuer le pas nécessaire que je devais réaliser pour avancer, pour passer à autre chose dans ma vie. Avec le recul, c’est ce que je retiens de mon expérience », clame Denise Dupont, en entrevue avec Les Versants.

Denise Dupont a eu un cancer du sein non hormono-dépendant triple négatif, c’est-à-dire qu’il n’est pas causé par les hormones. « La bonne nouvelle, c’est que mon cancer n’était pas dû aux hormones, la mauvaise, cependant, c’est que selon les statistiques, il s’agit d’un type de cancer qui revient souvent après deux ans, et pas nécessairement au même endroit », raconte madame Dupont, qui avait 48 ans à l’époque.

À la suite d’une mammographie, Denise Dupont a subi un examen plus poussé, suivi d’une biopsie qui a révélé la tumeur maligne. « Ç’a été le branle-bas de combat. Je me suis fait opérer en juillet et le 6 septembre, je commençais mes traitements de chimiothérapie. Des séances qui duraient de quatre à six heures. Même si le stade de mon cancer n’était pas trop avancé, il n’y avait pas de risque à prendre. J’ai perdu mes cheveux après la deuxième séance. » Les traitements se sont poursuivis jusqu’en décembre 2012, période lors de laquelle la ménopause de Denise Dupont s’est aussi déclenchée. Après la chimio, elle s’est accordé un moment de répit durant la période des Fêtes, mais a ensuite planifié avec les médecins 24 séances de radiothérapie.

Difficile pour sa fille

« Lorsque ton médecin t’annonce que tu as un cancer, c’est un choc, c’est évident, mais il ne sait pas toujours à qui il a affaire. Je suis forte. De mon côté, je lui ai demandé : « Bon, OK. Qu’est-ce qu’on fait? » Pour ma fille de 26 ans, par contre, la nouvelle a été beaucoup plus dure à accepter », indique la maman. Non seulement la jeune femme avait déjà perdu son père, mais son conjoint de 25 ans avait également un cancer; et il subissait des traitements de chimiothérapie. Du côté des membres de sa famille, Denise avoue que les gens ont été compatissants. « Au début, il  y a eu un certain malaise; on ne parle pas vraiment de la maladie. Ce n’est pas donné à tout le monde. Mais ils étaient là pour moi; mon frère s’occupait de mon transport pour mes traitements, ma mère me recevait à manger et me cuisinait des plats. »

Entre ses séances de chimio, elle visite les locaux de la Société canadienne du cancer, à Longueuil, pour glaner de l’information sur les services disponibles. Elle refuse alors la perruque et opte plutôt pour les foulards sur la tête. « En ménopause depuis ma chimio, j’ai choisi de prendre les foulards car les perruques, c’était trop chaud pour ma tête », souligne-t-elle. C’est lors de cette visite qu’elle fait aussi connaissance avec l’art-thérapie, une technique qu’elle approfondira plus tard.

Profitez de la vie

Lorsqu’elle retourne progressivement au travail, en 2013, un emploi pourtant bien rémunéré au gouvernement du Québec, Denise réalise très rapidement que ce n’est plus sa place. « J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J’avais besoin d’autre chose. Je voulais faire ce que j’aime dans la vie. » À l’automne 2013, elle suit donc un cours d’art-thérapie en compagnie de Suzanne Bellefeuille. Et ensuite, en mars 2014, elle s’inscrit à un cours afin de lancer son site Internet (http://mes1001inspirations.com/), où elle partage ses expériences, son cheminement : « J’écris surtout sur ce qui se passe dans ma vie, ma nouvelle voie. » Puis un jour, après la lecture d’un article, elle décide de faire une entrevue avec l’auteur à succès Marc Levy. « Ç’a été une opportunité. Je lui ai écrit personnellement et il a accepté de m’accorder un entretien téléphonique de 40 minutes pour mon site! C’est un homme occupé, mais très généreux, cultivé. C’est à ce moment que j’ai réalisé qu’oser, c’était payant! » En septembre de cette même année, elle s’inscrit à temps plein à une technique de gestion et production cinématographique et télévisuelle à l’École du show-business internationale. « C’est un domaine qui m’a toujours interpellée, alors je me suis lancée », de poursuivre Denise Dupont qui, quelques semaines plus tard, a finalement quitté son emploi au gouvernement du Québec. En janvier dernier, elle a fait son entrée dans l’organisme Femmes du cinéma, de la télévision et des médias numériques, puis en juillet, elle a complété son cours à l’École du show-business.

« Aujourd’hui, j’ai une boîte de production, je me promène sur les plateaux de télévision et de cinéma; je n’ai jamais eu autant de plaisir en 50 ans! Je profite de la vie, je m’amuse, j’ose. Il faut aimer ce que vous faites dans la vie. Ce n’est pas juste une question d’argent, c’est aussi une question de passion. »

QUESTION AUX LECTEURS :

Comment réagiriez-vous à l’annonce d’un cancer?