Saint-Bruno : des citoyens s’opposent à une future construction
Un projet de construction pour un bâtiment multifamilial est prévu à l’adresse 2024, rue De Chambly, à Saint-Bruno-de-Montarville. Des citoyens du secteur s’y opposent.
« Ce n’est pas le boisé de Cendrillon. Sa santé est précaire, mais il est beau pareil », mentionne Monique Bergeron, que le journal Les Versants est allé rencontrer.
« Ça m’inquiète. » – Monique Bergeron
Le 15 octobre, le conseil municipal a approuvé le premier dossier de résolution d’un Projet particulier de construction, de modification ou d’occupation d’un immeuble (PPCMOI 2024-234). Celui-ci vise à autoriser la construction d’un bâtiment multifamilial sur le lot 2 114 272 du cadastre du Québec.
Un boisé
Le boisé en question, localisé entre la Coopérative de solidarité en habitation de Saint-Bruno à droite et un immeuble à revenus à gauche, devrait être rasé pour la construction d’un bâtiment multifamilial de 24 logements sur 3 étages.
Monique Bergeron déplore la possible destruction, dans son entièreté, de ce milieu naturel. Lequel, dit-elle, abrite nombre d’espèces de la flore et de la faune, dont plusieurs oiseaux. « On dirait que l’on se fout de ce qui est existant. Ils vont tout saccager. Les dérogations, ça m’inquiète », commente la citoyenne.
La résidente de la rue De Chambly évoque la venue prochaine d’un mastodonte sur ce lot, une pollution visuelle épouvantable, et la tristesse de savoir que le boisé ne survivra pas au projet planifié. « Je ne dors plus depuis deux semaines. Ça m’enrage! » lance la femme de 74 ans.
Sylvie Lavoie s’oppose aussi au projet. « Il y a ici une belle petite forêt, une rue paisible et agréable. Les arbres filtrent la pollution provenant de la 116. Avec ce projet, il y aura trop de voitures dans notre rue. Ça va devenir un boulevard. Ce n’est pas le centre-ville de Montréal, ici, c’est la banlieue », commente la voisine de Mme Bergeron.
La réponse du maire
Le maire de Saint-Bruno-de-Montarville, Ludovic Grisé Farand, évoque « le dernier lot vacant » dans le secteur des Tilleuls. « C’est conforme au zonage », précise-t-il.
Le conseil municipal a changé le zonage du secteur en 2022 afin de se donner plus de leviers pour demander du logement abordable. La demande de PPCMOI vise d’ailleurs à régler ce dossier puisque la Ville s’est fait poursuivre par le propriétaire après avoir fait passer le zonage de multilogement à unifamilial. L’arrivée du PPCMOI et de ce projet découle donc d’une transaction quittance à la suite d’une négociation avec le propriétaire. « L’objectif était de retrouver le contrôle du logement dans notre ville. Nous avons négocier avec les propriétaires. Ça nous a permis d’aller chercher 12,5 % de logements abordables dans le projet », explique M. Grisé Farand.
Sans cette modification, c’est un aspect qui n’aurait pas pu s’ajouter au concept. « Le projet aurait alors été moins bon. La bâtisse va ressembler à l’immeuble voisin. C’est la continuité de ce projet-là, le même style. »
Puis il s’empresse de dire que ça fait quelques années déjà que les citoyens de ce quartier savent que la construction s’en vient. « Ce n’était qu’une question de temps. On en arrive là », insiste le premier magistrat.
Quant au boisé, il fait savoir qu’il n’est pas identifié par la Ville, ni par l’agglomération de Longueuil, ni par la CMM comme milieu humide ou à valeur écologique importante. « Il n’a aucune valeur écologique. C’est un terrain vague à construire », dit M. Grisé Farand.
Monique Bergeron s’indigne de la possible disparition du boisé. « Si c’est le dernier lot vacant dans le coin, pourquoi ne pas le garder, en faire un parc pour les enfants de la Coopérative de solidarité et les citoyens du secteur? » demande-t-elle.
À venir
Les prochaines étapes se concentrent sur le processus PPCMOI : assemblée publique de consultation, adoption du deuxième projet par le conseil, le 12 novembre, publication d’un avis pour informer la population qu’il est possible de signer une demande d’approbation référendaire… Si le nombre de signatures est suffisant, un processus d’approbation référendaire peut être mis en place. L’adoption du PPCMOI est prévue le 21 janvier 2025. Ensuite, le projet sera transmis à l’agglomération de Longueuil pour l’obtention du certificat de conformité. Le projet devra aussi faire l’objet d’une approbation en vertu du Plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA).