Montérégie : les demandes d’aide alimentaire en hausse
Le Bilan-Faim 2024 que Moisson Rive-Sud a diffusé récemment révèle un nombre de demandes d’aide alimentaire en hausse de 28,5 %. Un constat que confirment les organismes communautaires locaux.
« Nous constatons une augmentation assez importante des demandes de paniers alimentaires, de près de 30 %, chez notre population de Saint-Basile-le-Grand. La plus forte hausse est liée aux familles », révèle la chargée de projet, services alimentaires du Centre de bénévolat, Nathalie Girard.
Du côté du Centre d’action bénévole Les p’tits bonheurs, à Saint-Bruno-de-Montarville, le comptoir alimentaire touche, chaque vendredi, quelque 69 familles, incluant 102 adultes et 43 enfants âgés de moins de 17 ans. Un service effectif 49 semaines par année.
« Il y a une hausse des travailleurs qui viennent chercher de l’aide alimentaire. » – Sylvain Morin
Le directeur général, Sylvain Morin, commente. « Le Bilan-Faim, ce n’est pas une surprise. Ici, au CAB, ça ressemble beaucoup à ce qui se passe ailleurs. Actuellement, nous venons en aide au double de familles d’avant la pandémie. La situation est exceptionnelle. »
La directrice de la Maison de l’entraide, à Sainte-Julie, Nathalie Garand, aborde le sujet dans le même sens que ses confrères. « Il y a une hausse marquée des demandes », dit-elle.
Avant la pandémie, l’organisme communautaire prêtait main-forte à une vingtaine de familles, voire 25. Pendant la COVID-19, cette statistique a grimpé à 30 ou 35 ménages à aider. « Après la pandémie, il y a eu une baisse. Toutefois, aujourd’hui, il y a 45 familles qui font appel à nous chaque semaine afin de bénéficier d’aide alimentaire », se désole Mme Garand, qui évoque en entrevue une « grosse pression des nouveaux arrivants ».
Une hausse en Montérégie
En deux ans seulement, le nombre de demandes d’aide alimentaire a bondi de 28,5 % en Montérégie, selon les chiffres du Bilan-Faim 2024.
Aussi, l’ensemble du réseau de Banques alimentaires du Québec (BAQ), qui répond mensuellement à 2,9 millions de demandes d’aide alimentaire à la grandeur de la province en 2024, ne constate pas de signaux de ralentissement qui laisseraient présager un avenir meilleur.
En fait, le Bilan-Faim 2024 révèle que les différentes données mesurées sont toujours au rouge. Le nombre de demandes d’aide alimentaire mensuelles répondues par Moisson Rive-Sud a augmenté, le nombre de personnes aidées chaque mois par l’organisme est en croissance et à nouveau cette année, une majorité d’organismes desservis sur le territoire a manqué de denrées.
« La guignolée nous permettait de donner des denrées jusqu’en septembre. Mais cette année, notre banque alimentaire était déjà très basse en mars », plaide Nathalie Garand.
À son tour, Sylvain Morin confie que les réserves s’épuisent. Les mois de juin et juillet ont été difficiles. « Il y a eu une baisse de denrées ou que des aliments moins populaires. »
Des bénéficiaires de partout
Le Bilan-Faim 2024 fait aussi savoir que les usagers des banques alimentaires continuent de venir de tous les horizons. Ce sont des personnes seules, des travailleurs, des aînés, des parents, des enfants. « Il y a une hausse des travailleurs qui viennent chercher de l’aide alimentaire. Des gens travaillent à un salaire minimum, mais avec le coût du loyer, de l’essence, de l’épicerie… ils n’arrivent plus et viennent au comptoir. Moi, ça me trouble de voir que ce sont des gens qui travaillent et de plus en plus de familles », explique M. Morin.
Depuis 30 ans, Moisson Rive-Sud est la principale banque alimentaire en Montérégie. Elle dessert plus de 75 % du territoire et récupère annuellement près de 4,5 millions de kilogrammes de denrées, soit une valeur marchande de plus de 59 M$, auprès des entreprises agroalimentaires. Les produits recueillis sont redistribués gratuitement à un réseau de 155 organisations membres. Chaque mois, Moisson Rive-Sud vient en aide à plus de 89 901 personnes. Plus du tiers sont des enfants âgés de 17 ans ou moins. À travers son réseau, l’organisme répond mensuellement à 70 523 demandes de dépannage alimentaire, en plus de faire en sorte que 193 776 repas et collations soient servis.