Vapotage : l’interdiction de la vente des saveurs pas respectée

Un an après l’entrée en vigueur de l’interdiction des saveurs, le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS) lance un appel urgent pour poursuivre les efforts de sensibilisation et renforcer les mesures de prévention contre les risques associés au vapotage.

Malgré l’interdiction, au Québec, de vendre des saveurs pour le vapotage, une nouvelle génération demeure néanmoins dépendante à la nicotine, posant ainsi de nouveaux défis. « Face aux contournements persistants de la loi par certains commerçants et au libre accès aux produits aromatisés provenant d’autres provinces, le CQTS en appelle à une augmentation des ressources pour les inspections et une interdiction fédérale des saveurs », indique l’organisme.

En ligne, dans des magasins de vapotage, auprès de certains dépanneurs, dans les réserves autochtones, ces saveurs interdites au Québec sont partout. « En fait, des commerces en ligne, dont l’adresse se trouve dans une autre province que le Québec, vont même jusqu’à annoncer ouvertement qu’ils livrent leurs produits aromatisés au Québec, là où ces derniers sont interdits! » d’indiquer la Coalition québécoise pour le contrôle du tabac (CQCT).

Étude Léger

Le CQTS a mandaté une étude Léger, au printemps 2024, pour mieux comprendre les habitudes de consommation des jeunes. Au total, 1 506 jeunes ont dûment rempli le questionnaire (1 386 à partir du panel d’internautes de Léger et 120 par le biais de la campagne Hard-to-reach). La collecte de données s’est déroulée du 1er au 22 mai 2024 inclusivement, avec une marge d’erreur de 2,5 %.

Le bilan relié à la popularité du vapotage, surtout auprès des adolescents, est inquiétant. Selon l’étude, « malgré l’interdiction en vigueur, 62 % des jeunes ayant consommé la vape au cours des six derniers mois disent avoir vapoté des liquides avec saveur ».

Les jeunes qui se procurent eux-mêmes des produits de vapotage avec saveurs les achètent sur des sites Internet (13 %), au dépanneur (12 %), sur les réseaux sociaux (9 %) et dans des magasins spécialisés (8 %).

Parmi les jeunes vapoteurs, 41 % ont déjà tenté de cesser de vapoter, la plupart ayant fait entre un et trois essais (30 %). Ces chiffres montrent qu’une nouvelle génération de jeunes se trouve sous la dépendance de la nicotine, nécessitant un soutien accru pour s’en libérer.

La situation actuelle est critique et exige une réponse forte. Pour que l’interdiction des saveurs soit véritablement efficace, il est indispensable d’augmenter les ressources allouées aux inspections et de renforcer les contrôles. Par ailleurs, une interdiction des saveurs au niveau fédéral est cruciale pour éviter que les jeunes puissent accéder à des produits provenant d’autres provinces. L’engagement de tous, des décideurs politiques jusqu’aux parents et aux éducateurs, est essentiel pour créer une influence durable et positive sur la santé de nos jeunes.

Déception

La CQCT se dit aussi déçue de l’absence de progrès perceptible quant au resserrement de l’encadrement de la vente des produits de vapotage, notamment par l’entremise de simples mesures qui pourraient grandement améliorer le taux de conformité du règlement québécois interdisant les saveurs, une initiative visant à contrer le vapotage chez les jeunes qui est entrée en vigueur il y a maintenant un an. 

« Les poursuites devant les tribunaux et les délais au sein du DPCP s’éternisent, et les résultats se font encore attendre pour ce qui est des amendes dissuasives. Pendant ce temps, le gouvernement demeure muet face à un éventail de mesures potentielles qui pourraient éliminer ou minimiser les manœuvres commerciales sournoises qui minent l’application du règlement québécois » avance Flory Doucas, codirectrice et porte-parole de la CQCT. 

Dans une lettre, adressée il y a six mois, aux ministres de la Santé et des Finances du Québec, qui a aussi été envoyée aux fonctionnaires de Santé Canada et aux attachés politiques de la ministre fédérale des Dépendances, la Coalition a fait le point sur l’éventail de stratégies de contournement du règlement entré en vigueur le 31 octobre 2023 et a proposé une série de mesures administratives, réglementaires et législatives qui pourraient rectifier la situation.

 « Il est clair que face au contournement éhonté de l’interdiction des saveurs par des joueurs commerciaux dits « légaux », l’État doit non seulement effectuer un travail rigoureux d’inspection et de poursuites, mais il devrait aussi faire usage des mesures correctives à sa disposition pour pallier le manque de contrôles quant aux diverses entités impliquées dans le commerce des produits de vapotage, » de conclure Mme Doucas.