Montérégie: mandat de grève à voter dans des centres de la petite enfance
Certains centres de la petite enfance (CPE), dont celui du CPE Julie-Soleil, qui compte trois installations à Sainte-Julie, devront voter, le 9 novembre prochain, pour un mandat de grève de cinq jours.
Pour Stéphanie Vachon, représentante du secteur des CPE à la Fédération de la santé et des services sociaux-CSN, plusieurs constats poussent le syndicat, qui représente plus de 12 000 travailleurs des CPE, à intensifier les moyens de pression dans les négociations actuelles avec le gouvernement.
« Nous avons fourni nos demandes le 8 mai dernier. Nous discutions avec le ministère trois fois par mois depuis, mais on ne sent pas que le gouvernement souhaite accepter nos demandes. C’est certain que les jours de grèves, si elles sont votées par nos membres, vont donner un poids dans les négociations. »
Pour Nadia Vallée, éducatrice à la petite enfance et présidente du Syndicat des travailleuses et travailleurs en petite enfance de la Montérégie-CSN, le constat est le même. « Je mets les deux chapeaux, celui d’éducatrice et celui de présidente du Syndicat, mais j’ose espérer que le vote fera bouger les choses. »
Plusieurs revendications
Le syndicat revendique, entre autres, une augmentation salariale, l’abolition d’un premier échelon pour rendre l’emploi plus attrayant, l’augmentation des congés de maladie personnels, une meilleure conciliation avec la vie personnelle, en vertu d’une sixième semaine de vacances après 15 ans d’ancienneté, plus de soutien pour les enfants en difficulté particulière et plus d’heures de planification à la cuisine.
« Nous ne sommes pas de simples gardiennes. Nous sommes au cœur de l’éducation des enfants de 0 à 5 ans. » – Nadia Vallée
Le salaire est « la raison principale pour laquelle on n’arrive pas à attirer les jeunes dans cet emploi. Le salaire d’entrée est très bas et même le salaire maximum n’est pas suffisant », mentionne Mme Vachon.
« Je connais plusieurs éducatrices qui doivent travailler une cinquième journée, soit dans le même CPE, dans un autre, ou complètement dans un autre emploi pour y arriver », mentionne Mme Vallée.
Selon la dernière convention collective, le salaire d’entrée pour une éducatrice à la petite enfance était de 21,60 $ et la dernière échelle, de 30,03 $ l’heure. « On est l’une des techniques les moins bien reconnues. Nous ne sommes pas de simples gardiennes. Nous sommes au cœur de l’éducation des enfants de 0 à 5 ans », déplore Nadia Vallée.
Alors que le Québec était un exemple en matière de CPE, ce n’est plus le cas aujourd’hui selon l’éducatrice. « C’est ici, au Québec, que nous avons instauré les CPE et pendant longtemps nous étions un exemple sur les autres provinces. Malheureusement, ce n’est plus la réalité aujourd’hui ». À l’Île-du-Prince-Édouard, le salaire d’entrée est de près de 30 $ par heure, soit presque autant qu’une éducatrice au dernier échelon salarial au Québec.
Le salaire n’est toutefois pas le plus grand défi pour la rétention des employés. « La charge de travail a considérablement augmenté depuis les dix dernières années. Plusieurs tâches se sont ajoutées au rôle d’éducatrice, ce qui dénature le travail et dévalorise l’emploi », déplore Mme Vachon.
Cinq journées
Le mandat sollicité par les syndicats de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS), affiliée à la CSN, prévoit cinq journées de débrayage. Celles-ci pourraient être exercées en blocs de journées ou isolément, mais pas en demi-journées.
Contacté par le journal, le cabinet de la ministre de la Famille et ministre responsable de la Montérégie, Suzanne Roy, n’a pas voulu répondre à notre demande d’entrevue.
« Considérant les négociations en cours, nous allons limiter nos commentaires », a fait savoir Gabrielle Côté, attachée de presse.