Saint-Bruno : l’espoir de garder QScale

Les incertitudes qui planent sur le projet d’usine de batteries Northvolt à Saint-Basile-le-Grand met de l’avant la possibilité de redistribuer l’électricité réservée à cette entreprise si elle tardait trop à voir le jour. Une situation que regarde de près la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville.

Les semaines se suivent et se ressemblent pour Northvolt. Une arrivée contestée par la population, où certains individus sont allés jusqu’à poser des dispositifs incendiaires sous les machines installées sur le site; l’absence d’un BAPE, qui aurait permis de s’assurer de l’empreinte écologique du projet; la démission du superministre Pierre Fitzgibbon, ministre de l’Économie et de l’Innovation, qui a largement aidé à la venue de Northvolt à Saint-Basile-le-Grand; un retard dans la construction de l’entreprise, qui connaît des déboires financiers, et maintenant, la pression du gouvernement du Québec, avec sa nouvelle ministre de l’Énergie, Christine Fréchette, qui pourrait enlever les mégawatts réservés aux entreprises en construction parce que les dossiers tardent trop. Rappelons que Northvolt est un projet qui demande 354 mégawatts d’électricité, soit l’équivalent de ce que consomme une ville comme Longueuil.

Conséquences à Saint-Bruno

En attendant, le projet QScale à Saint-Bruno-de-Montarville a dû jeter l’éponge en février 2024. Le centre de traitement de données s’est buté à un non de la part d’Hydro-Québec et du ministère de l’Économie et de l’Innovation à propos de sa demande d’alimentation. L’entreprise prévoyait d’investir 500 000 $ dans son centre.

La Ville de Saint-Bruno-de-Montarville voyait déjà ses finances augmenter fortement. Ces nouvelles recettes fiscales évaporées s’ajoutaient à la déception de voir le projet d’entreprise de Vantage Data Centers refusé à son tour par Québec. Encore une fois, en octobre 2023, le gouvernement du Québec annonçait à l’entreprise qu’elle n’aurait pas l’énergie dont elle avait besoin.

» Il y a eu deux entreprises bloquées en raison du manque de capacité en termes d’électricité. C’est certain que si l’énergie réservée à Northvolt est redistribuée, on va lever notre main. »  – Ludovic Grisé Farand

L’entreprise, qui comptait investir 1,2 milliard dans un nouveau centre de données à Saint-Bruno et qui a dû abandonner son projet, s’est vu octroyer une aide de 103 M$ par la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ), en 2024, pour agrandir son centre de données à Québec. Près d’un an après la décision du gouvernement pour Vantage Data Centers, et six mois pour QScale, Québec s’inquiète quant à l’avenir de Northvolt et envisage de retirer les mégawatts réservés aux entreprises si leur projet prenait trop de retard.

Rappelons que Northvolt, qui devait commencer sa production en 2026, voit son projet repoussé à une date qui sera fixée par l’entreprise en septembre. Québec a indiqué que ce retard pourrait être de 12 à 18 mois.

« Ces dernières annonces ne changent rien pour nous. On nous a refusé cette demande d’électricité, donc, le projet n’ira pas de l’avant à Saint-Bruno-de-Montarville » d’indiquer Maxime Guévin, vice-président et directeur général de Vantage. 

Toujours l’espoir

Pour le maire de Saint-Bruno-de-Montarville, Ludovic Grisé Farand, « Il y a eu deux entreprises bloquées en raison du manque de capacité en termes d’électricité. C’est certain que si l’énergie réservée à Northvolt est redistribuée, on va lever notre main ».

Même si Vantage semble avoir décidé, après l’annonce de Québec, d’aller s’implanter ailleurs qu’à Saint-Bruno, le maire garde espoir pour QScale et met de l’avant une vocation supplémentaire que l’entreprise pourrait mettre de l’avant.

« QScale a encore un peu plus d’une année avant que nous ne reprenions le terrain que nous lui réservons. Il est vrai que le gouvernement semble ne pas prioriser en électricité les centres de données, mais QScale pourrait avoir une valeur ajoutée en formant une boucle énergétique avec le projet immobilier des Promenades. Le projet est loin d’être finalisé, mais Québec ne pourrait pas fermer le dossier sans s’y attarder. En tous les cas, nous serons là pour appuyer QScale si l’occasion se présente », de conclure le maire.