Chronique horticole : une pelouse durable! 

Aujourd’hui, la pelouse traditionnelle a un peu perdu de sa popularité au profit de l’écologie. Certaines raisons sont valables, mais vaut mieux y jeter un coup d’œil objectif. L’apparence générale d’une pelouse n’a pas à être parfaite. L’important, c’est qu’elle remplisse entièrement ses fonctions utilitaires et bénéfiques.

Quand des pratiques respectueuses de l’environnement sont adoptées, une pelouse durable ne requiert qu’un minimum d’interventions humaines. Celle-ci est alors composée d’une variété de plantes, implantées naturellement, semées ou plantées. Elle abrite aussi une impressionnante diversité biologique en symbiose avec son système racinaire, lequel joue un rôle important : en améliorant la structure du sol, en décomposant la matière et les contaminants organiques. Cette diversité la rend plus résiliente face aux insectes, aux maladies, aux changements climatiques et limite l’implantation des espèces indésirables. C’est une pelouse saine et en santé.

Rôle d’une pelouse durable

La pelouse durable contribue activement à la lutte aux changements climatiques et rend une foule de services écologiques, sociologiques et économiques. Par exemple : a) elle protège le sol et contrôle l’érosion; b) elle ralentit la vitesse et le volume du ruissellement; c) elle améliore la qualité des eaux de pluie; d) elle atténue les îlots de chaleur et abaisse la température ambiante; e) elle améliore la qualité de l’air; f) elle restreint la pollution sonore; g) elle préserve et supporte la biodiversité; h) elle limite et réduit la propagation d’espèces indésirables; i) elle accroît la sécurité des surfaces lors de la pratique des sports; j) elle favorise le bien-être et la santé psychologique, et fortifie la santé physique; k) elle complémente et bonifie le paysage.

L’entretien d’une pelouse durable…

1. Déchaumage. Au printemps, dès que le sol est asséché, à l’aide d’un balai à feuilles, retirer le feuillage et les feuilles mortes. Cette manœuvre permettra une reprise et un verdissement plus rapides de la pelouse.

2. Aération du sol. Printemps et/ou automne, extraire de petites carottes de terre avec un aérateur mécanique. L’aération permet une augmentation du niveau d’oxygène dans le sol, une meilleure décomposition de la matière organique à la suite d’une stimulation de l’activité des micro-organismes, et une meilleure infiltration de l’eau. Évitez de faire une aération lorsque le sol est trop sec, détrempé ou lors de périodes estivales chaudes et sèches.

3. Terreautage. Une pratique culturale qui consiste à déposer une mince couche d’amendement (1 cm ou moins) directement sur la pelouse. Pourquoi terreauter? Pour dynamiser l’activité des micro-organismes et de la microfaune, stimuler la décomposition de la matière organique, améliorer graduellement la qualité du sol, réparer des zones endommagées en y ajoutant des semences, et augmenter la densité de la pelouse. Quel amendement utiliser? Compost, terreau à pelouse et sable, selon le type de sol. Comment le réaliser? Aérez le terrain, appliquez les amendements, passez un balai à feuilles pour faire descendre ceux-ci au niveau du feutre, et ensemencez, si nécessaire.

4. Fertilisation. La qualité du sol joue un rôle important dans la nutrition de la pelouse. Fertile, il fournit les nutriments essentiels à sa croissance et abritera les micro-organismes qui contribuent à améliorer leur assimilation par les plantes. Avant de fertiliser la pelouse, il est recommandé de : a) faire l’analyse du sol afin de déterminer ses propriétés chimiques et les correctifs à apporter; b) fertiliser ou amender (ex. : chaux, etc.); c) réduire les apports en azote s’il y a une présence significative de trèfle ou si l’herbicyclage (rognures de gazon laissées sur place) est pratiqué.

NB : La fertilisation fournit l’azote et le potassium, des éléments nutritifs importants pour la pelouse. Au Québec, l’ajout de phosphore n’est pas nécessaire puisqu’il est en quantité suffisante dans le sol.

Engrais organique : il provient à 100 % de la transformation de produits d’origine végétale ou animale, donc de sources organiques. L’engrais organique nécessite d’être digéré et minéralisé par les micro-organismes avant de pouvoir être absorbé par les plantes. Il libère ses éléments nutritifs graduellement dans le temps, soutient la vie biologique et favorise la structure du sol. Engrais naturel : engrais entièrement issu de sources naturelles, de substances organiques ou de minéraux provenant de gisements naturels. Engrais à base organique : engrais composé de matières organiques et d’engrais de synthèse. Cet engrais doit contenir un minimum de 15 % de matières organiques. Engrais de synthèse (chimique) : engrais fabriqué industriellement, il contient des éléments fertilisants parfois très solubles et accessibles à court terme. L’utilisation de technologies variées permet l’obtention de divers engrais de synthèse à libération lente ou à libération contrôlée qui améliorent le prélèvement des éléments nutritifs par les plantes et qui réduisent le nombre d’applications. Quoi choisir? Engrais chimiques? Engrais organiques ou naturels? Les plantes prélèvent les éléments nutritifs dans le sol peu importe leur provenance. Les engrais naturels et organiques ont le grand avantage d’améliorer la vie microbienne et la microfaune, et de rectifier la structure du sol. Quand fertiliser? a) lorsqu’il s’agit d’un entretien régulier de la pelouse, une application au printemps et une autre à la fin de l’été. Il est recommandé de fractionner en petites doses la quantité requise afin de minimiser les risques de pertes dans l’environnement; b) si l’analyse du sol démontre un déséquilibre, des applications supplémentaires peuvent être nécessaires pour corriger la situation; c) assurez-vous de suivre le mode d’emploi et les doses recommandées par le producteur d’engrais.

5.Tonte. Du printemps jusqu’à l’automne, on favorise une hauteur de tonte d’un minimum de 8 cm. Lors des périodes de sécheresse, évitez de tondre. Pratiquez l’herbicyclage, les résidus de tonte fournissent un apport nutritionnel important au sol, permettent de stimuler la vie biologique et de réduire les quantités de résidus à collecter et à valoriser par la municipalité.

6. Arrosage. Une pelouse a besoin d’environ 2,5 cm d’eau par semaine en incluant l’eau de pluie et d’irrigation. En temps normal, il n’est donc pas nécessaire d’irriguer une pelouse durable. En périodes prolongées de sécheresse (4 à 6 semaines), la pelouse entre en dormance afin de mieux résister au stress et devient alors jaune. Celle-ci est encore vivante et ne nécessite pas d’arrosage supplémentaire. Une fois que les précipitations seront de retour, elle devrait reprendre son apparence normale. Si vous devez arroser, le meilleur moment pour le faire est entre 4 h et 10 h ou en début de soirée, entre 20 h et 22 h. Assurez-vous toutefois de suivre la règlementation en vigueur dans votre municipalité.

Calendrier d’entretien

Printemps : i) Ratisser la pelouse; ii) Ensemencer les zones endommagées par l’hiver; iii) Faire la première tonte à 5 cm. Tondre à 8 cm par la suite; iv) Fertiliser avec un engrais 100 % naturel.

Été : i) Tondre le plus haut possible; ii) Espacer les tontes; iii) Laisser la pelouse entrer en dormance ou arroser en profondeur quand les 5 premiers centimètres du sol sont secs.

Fin de l’été (fin août – début septembre) : i) Vérifier le pH et chauler au besoin; ii) Aérer et terreauter, si nécessaire; iii) Faire une deuxième application d’engrais, si nécessaire; iv) Ensemencer les zones endommagées par la sécheresse ou les insectes; v) Rénover les pelouses clairsemées (aérer, terreauter et réensemencer).

Automne : i) Avec la tondeuse, déchiqueter les feuilles mortes au fur et à mesure qu’elles tombent sur la pelouse. Si la couche de feuilles est trop épaisse, les ramasser et les composter; ii) Faire la dernière tonte à 5 cm.