L’abolition des commissions scolaires serait une erreur

Certaines personnes font preuve de mépris envers les élus scolaires et laissent entendre que les employés des commissions scolaires font un travail inutile. En tant que présidente de la Commission scolaire des Patriotes (CSP), il est de mon devoir de donner l’heure juste à ceux-ci. Depuis 1998, je représente la population de ma circonscription au sein de la CSP. Je sais de quoi je parle quand j’affirme que ces travailleurs sont là pour soutenir les équipes de 65 écoles et centres de formation

afin de les aider à faire réussir tous nos élèves.

À quoi sert l’argent de vos impôts et de vos taxes scolaires? À faire fonctionner nos 65 écoles et centres de formation qui emploient plus de 4 500 employés pour un budget global de 290 M$, dont seulement 4,7 % sont consacrés à des activités de nature administrative. En comparaison, les dépenses administratives de plusieurs municipalités se situent plutôt autour de 12 %.

À la CSP, ces tâches de gestion courante sont effectuées par 150 personnes qui s’occupent d’embaucher et de payer tout le personnel, de vérifier les antécédents judiciaires des adultes travaillant en présence d’enfants, d’entretenir et de rénover les écoles, d’émettre 40 000 chèques par année aux fournisseurs des écoles, d’organiser le transport scolaire pour plus de 20 000 élèves, d’installer les équipements informatiques dans les classes, de soutenir les enseignants et bien

davantage.

Qu’est-ce qu’on peut abolir là-dedans? Gérer une école en 2012, ce n’est pas comme au temps d’Émilie Bordeleau. Si le personnel du centre administratif ne fait plus toutes ces tâches pour les écoles, il faudra bien qu’elles embauchent des gens parce qu’elles n’auront ni le temps ni les ressources pour le faire. Est-ce que transférer la gestion de toutes ces tâches administratives aux directions d’école augmenterait la réussite des élèves et diminuerait le décrochage? Bien sûr que non! Au contraire, elles doivent d’abord être des leaders pédagogiques dans leur école auprès de

leur équipe afin de faire réussir les élèves, sans compter que le transfert de ces tâches vers les établissements augmenterait les coûts parce qu’il y a une économie à regrouper les services comme c’est le cas actuellement.

Il y a un consensus pour dire qu’il faut valoriser et prioriser l’éducation. Cela devrait se traduire par le maintien d’élus locaux exclusivement dédiés à cette cause et des commissions scolaires qui possèdent l’expertise en éducation. Prétendre abolir les commissions scolaires en dénonçant le faible taux de participation aux élections scolaires ou en faisant miroiter des économies est plutôt démagogique. De plus, contrairement à certaines idées reçues, je précise que la rémunération des élus scolaires représente moins de 0,1 % du budget de la Commission scolaire. C’est bien peu pour des personnes engagées qui font de l’éducation une priorité et qui ont pour rôle de s’assurer que nos enfants reçoivent les meilleurs services, selon leurs besoins, en répartissant le financement équitablement entre les écoles.

Certains pensent qu’ils auront votre vote en vous proposant des solutions simplistes qui mettent en péril la qualité du réseau de l’éducation publique du Québec. Plutôt que de vous joindre aux détracteurs, je vous invite au contraire à les démentir. Si l’éducation est une priorité, il faut à tout prix préserver les acquis de notre réseau qui assure l’équité entre les écoles publiques, notamment pour les petites écoles, tout en poursuivant les efforts pour améliorer notre gouvernance et nos résultats. L’abolition des commissions scolaires serait une erreur!

Hélène Roberge,

Présidente de la Commission scolaire des Patriotes