Le phénomène Dune

Dans le cadre de la sortie du film de Denis Villeneuve, Dune – 2e partie, le directeur de la programmation du Comiccon de Montréal, Cliff Caporale, explique l’engouement pour ce phénomène, qui tire son origine du roman du même nom de Frank Herbert.

« Dune a toujours été un grand roman de science-fiction. C’est épique, ce qui se passait dans ce livre », commente Cliff Caporale. 

Dune, le roman

Le Montarvillois a lu le roman original de Frank Herbert et ses cinq suites alors qu’il avait une vingtaine d’années. La saga le fascine au point qu’il s’est plongé aussi dans quelques titres écrits à quatre mains par le fils de l’auteur, Brian Herbert, et Kevin J. Anderson. Le premier tome demeure son préféré.

Quand on lui demande pourquoi il a attendu si longtemps pour s’initier au cycle de Dune, le lecteur confie qu’à l’époque, il n’avait pas la maturité pour attaquer ce roman. « Plus jeune, je lisais beaucoup de science- fiction et de fantasy. J’ai connu aussi ma période Stephen King. Je n’étais pas prêt pour Dune. C’est la même chose pour la trilogie du Seigneur des anneaux. J’ai attendu d’avoir 25 ans pour la lire parce que c’est de la job », exprime celui qui, fort de son expérience et de sa maturité, a ainsi mieux apprécié sa lecture au tournant des années 90.   

Inspiration

Selon cet amateur de science-fiction et de culture pop, Dune a inspiré nombre d’autres histoires du genre. À commencer par la saga qui se déroule dans une galaxie lointaine, très lointaine. « J’adore Star Wars. Il y a de grands personnages, des thèmes universels, c’est dense. Mais ça demeure des films popcorn, du divertissement. Dune, c’était autre chose, plus sérieux », explique Cliff Caporale.

Le récit de Dune a eu une grande influence sur la création de La guerre des étoiles. Georges Lucas a emprunté des éléments de Dune pour développer son univers. La géopolitique, les tribus, la planète de sable… « Sans Dune, il n’y aurait pas eu Star Wars », estime le principal concerné. 

Œuvre inadaptable?

En entrevue, M. Caporale souligne que les adeptes du bouquin ont longtemps pensé qu’il était impossible à transposer à l’écran en raison de sa richesse. « L’univers de l’œuvre de Frank Herbert est si vaste que l’idée d’un film n’était pas envisageable. »

Il y a bien eu quelques adaptations dans le passé, notamment un film de David Lynch en 1984 et deux miniséries télé en 2000 et 2003. Dans les années 70, le producteur français Michel Seydoux et le réalisateur chilien Alejandro Jodorowsky caressaient l’idée d’un projet ambitieux pour mettre en scène le roman, mais sans succès. « J’ai tout vu, même le documentaire à propos du travail abandonné de Jodorowsky. J’ai vu le film de David Lynch, que j’ai apprécié, avant de lire le livre. Après ma lecture, j’appréciais moins le film! » ricane l’homme demeurant à Saint-Bruno-de-Montarville.  

La vision de Denis Villeneuve

La production de Denis Villeneuve, scindée en deux parties, vient tout changer. Cliff Caporale a vu les deux films, dont la première canadienne, projetée à Montréal mercredi dernier. Il croit que le travail du cinéaste québécois redonne leurs lettres de noblesse à la science-fiction au grand écran et à Dune. « J’ai adoré! C’est un long film, mais les longueurs sont nécessaires. C’est exceptionnel! La vision de Denis Villeneuve doit être vue au cinéma », note-t-il.

Grand amateur des films de superhéros à la Marvel, Cliff Caporale est d’avis qu’un équilibre doit maintenant être rétabli. Il soutient qu’il y a encore plusieurs romans de science-fiction denses et intéressants qui attendent d’être adaptés. Il pense entre autres à la saga La tour sombre, de Stephen King, la trilogie des Livres de la terre fracturée, de Nora K. Jemisin, et Le dernier homme, de Margaret Atwood.

« J’espère que le cinéma de Denis Villeneuve ouvrira la porte aux producteurs et aux cinéastes pour la mise en scène d’autres histoires de science-fiction sérieuses. Parce que je souhaite en voir d’autres. »