Portrait d’un élu karatéka
Claude Dalpé, conseiller municipal du district de la Vallée, à Sainte-Julie, nous ouvre la porte sur une facette importante de sa vie : la pratique du karaté.
En 1975, à l’âge de 13 ans, Claude Dalpé s’initie au karaté. Cinquante ans plus tard, ce sport n’a pas perdu sa place de choix dans sa vie. Il nous raconte son histoire, qui démystifie certaines conceptions populaires sur la pratique du karaté en plus d’en exposer ses nombreux bienfaits.
Au départ, qu’est-ce qui vous a attiré vers ce sport?
J’étais vraiment quelqu’un de sensible et doux en tant qu’adolescent. Je le suis encore. Je n’ai jamais aimé la chicane et la bagarre, ça me rendait inconfortable. Mais éventuellement, je me suis dit qu’il faudrait que j’apprenne à me défendre. Je n’ai pas été l’objet d’intimidation, mais c’était proche de ça, je me faisais tirailler. Alors j’ai commencé le karaté.
Étiez-vous inspiré par quelqu’un au début de votre pratique?
Maxime Mazaltarim. Il avait fait une petite démonstration dans une école de Sainte-Julie et j’étais allé voir ça. J’étais resté vraiment surpris de l’agilité de ces gens-là. À l’époque, c’était des toughs qui étaient là-dedans. Je ne pense pas que j’aurais duré longtemps si ce n’était pas de cet individu-là. Il était évolué par rapport au milieu robuste de l’époque. C’était quelqu’un de doux, comme moi.
Considérez-vous que le karaté d’aujourd’hui est victime d’une mauvaise réputation?
Malheureusement, on est souvent associé, en tant qu’art martial, à l’Ultimate Fighting Championship (UFC) [qui est] extrêmement violent. C’est ce que les gens voient de notre sport. Mais, si moi j’en fais depuis 50 ans, c’est parce qu’essentiellement, c’est une discipline qui nous permet vraiment de développer ce qu’il y a de mieux en nous et qui nous donne des habiletés intégrales en tant qu’être humain.
Pouvez-vous témoigner des bienfaits du karaté sur votre vie?
[Par ma pratique, j’ai remarqué le développement] de mes capacités émotionnelles, relationnelles et physiques. Je crois que c’est un sport extrêmement complet. Il y a de la souplesse là-dedans. De la puissance, du cardio, de la collaboration aussi. On dit que c’est un sport, mais pour moi, c’est vraiment un système de travail [aux multiples bienfaits]. Avec les arts martiaux, il y a aussi un volet spirituel qui s’intègre à ça. Parce que, tout au long de mes 50 ans d’expérience, s’il y a un fil conducteur, c’est que tout se dissout. En tant que karatéka, on commence jeune, on se développe et on atteint un sommet de performance. Après, ce sont les [leçons et les bienfaits au-delà du physique qui restent].
Aussi, il y a le volet autodéfense, qui est intrinsèque à la pratique. Si jamais tu es mal pris, c’est une technique qui pourrait te sortir d’une situation délicate au niveau de la sécurité.
« C’est une discipline qui nous permet vraiment de développer ce qu’il y a de mieux en nous et qui nous donne des habiletés intégrales en tant qu’être humain. » – Claude Dalpé
Que pouvez-vous nous dire sur l’accessibilité de ce sport? Est-ce difficile de le pratiquer en vieillissant?
Le karaté, c’est bénéfique pour le vieillissement. Ça entretient et ça préserve nos fonctions somatiques. [J’entraîne] un groupe de femmes qui [sont] emballées par le karaté et qui ont, en moyenne, 70 ans. La plus âgée a 85 ans, c’est un modèle pour moi. Ça me fait penser aussi à la place des femmes dans ce sport; elles sont souvent moins représentées que les hommes. Mais elles ont leur place, à la limite, encore plus que les hommes! [Notamment] en raison de leur souplesse plus naturelle, de leur ténacité, de leur maturité et de leur discipline.
Ce sport [est aussi bénéfique] pour le développement des enfants. Nos cours commencent à quatre ans, avec un cours parents-enfants. C’est assez extraordinaire de voir [le besoin] d’une pratique [invitant] le calme et la paix chez les enfants. Les enfants d’aujourd’hui, comme tout le monde d’ailleurs, sont fortement agités. Je leur fais faire un exercice où ils doivent rester immobiles, couchés, pendant cinq minutes. Il y a 40 ans, huit enfants sur dix y arrivaient. Aujourd’hui, on est bombardés d’informations et de stimulations, et à peine deux sur dix sont capables. Nos cours développent cet aspect de présence attentive.
Se blesse-t-on facilement en karaté?
Ça fait partie de l’aspect relationnel de la pratique : être capable de donner un coup en respectant l’autre et d’en recevoir un sans se faire mal. Il se crée un échange [basé dans le respect de l’autre] bien plus fort que l’on peut le penser. Avec ce lien, on se sent en sécurité et protégé.
Mais sinon, c’est un peu comme le ski. Si tu prends des risques et que tu es audacieux, tu pourrais t’exposer à plus de blessures. C’est une question d’intensité et d’objectifs personnels. Mais on n’est jamais dans les blessures graves, parce que le karaté, c’est quand même un sport de non-contact. Alors, quand il y a des blessures, c’est causé par des accidents [qui sont] généralement mineurs. Pour le pratiquant comme moi, on ne se blesse pas. C’est structuré, dans un cadre progressif. On écoute ses limites.
École de karaté Sankudo
M. Dalpé est directeur technique aux écoles de karaté Sankudo, dont le dojo est basé à Sainte-Julie. Aujourd’hui, sept écoles composent ce réseau d’enseignement du karaté : Sainte-Julie, Saint-Amable, Belœil, Mont-Saint-Hilaire, Otterburn Park, Varennes et Verchères.