La grève se poursuit
Les 420 000 travailleuses et travailleurs du Front commun sont en grève, du 8 au 14 décembre. Vendredi matin, quelques centaines d’entre eux manifestaient devant l’école secondaire du Mont-Bruno, puis ce lundi, ils débrayaient sur les quatre coins de l’intersection Montarville et Rabastalière.
« On veut améliorer les services aux élèves et faire en sorte qu’il y ait du personnel dans les écoles, déclare l’enseignant Guy Castilloux. Le problème est de plus en plus criant! »
Mouvement qui prend de l’ampleur
Après les quelques heures débrayées le 6 novembre et les 3 jours de grève du 21, 22 et 23 novembre, les membres du Front commun intensifient leurs moyens de pression. Il s’agit du plus important mouvement de grève qu’ait connu le secteur public depuis près de 50 ans. En fin de semaine, le Front commun déplorait en conférence de presse la lenteur des discussions, puis ne pas ressentir d’urgence du côté du gouvernement.
« Pour plusieurs, la motivation n’est plus là. C’est dommage. Ça met tout le processus à mal. » – Guy Castilloux
Dans Saint-Bruno-de-Montarville, on les entend de loin ces manifestants qui brandissent drapeaux et pancartes. Le stationnement de l’école secondaire du Mont-Bruno est plein de voitures. Le trottoir du boulevard Clairevue est bondé. Toutefois, l’établissement est désert et les étudiants sont absents. Ce sont plutôt des enseignants et du personnel de soutien qui occupent les lieux en ce vendredi où le mercure oscille à -10° C. Emmitouflés de la tête aux pieds, ils manifestent pour se faire entendre.
Lundi dans la rue
Puis lundi, les enseignants, les éducatrices en service de garde et le personnel de soutien de l’école De Montarville étaient au coin de la rue Montarville et du chemin De La Rabastalière. Vers 8 h 50, ils ont été rejoints par des dizaines d’autres travailleurs du Syndicat de Champlain qui provenaient de l’école secondaire. « On revendique de meilleures conditions de travail », s’entendent pour dire les déléguées syndicales de l’école De Montarville, Sofia Tremblay et Évelyne Gagnon.
Parmi les conditions à améliorer, les deux enseignantes, respectivement de 5e et 6e année, évoquent la composition des classes, qui « alourdit la tâche », et une gestion plus difficile, à deux vitesses, pour les élèves qui cheminent et ceux qui peinent ou qui ne sont pas aptent à l’apprentissage. « Ce qu’on entend, c’est que ça n’a pas négocié de la fin de semaine, que ça n’a pas avancé du tout. Nous autres, on est dans la rue, mais ça n’avance pas, ça stagne. C’est fâchant parce qu’on n’a pas notre mot à dire; on fait confiance à notre syndicat », témoigne Évelyne Gagnon.
Devant le CSSP
Cette semaine, ils se déplaceront dans Saint-Bruno-de-Montarville afin d’être plus visibles à la population. Le siège social du Centre de services scolaire des Patriotes, sur la rue Roberval, fait partie des lieux où ils iront faire du bruit. « Le boulevard Clairevue à hauteur de l’école secondaire n’est pas le plus passant, plaide M. Castilloux. On sera toujours à Saint-Bruno, mais on va se déplacer plus vers le centre-ville. »
À l’exception de mardi matin, où plusieurs milliers de manifestants se rassembleront devant les bureaux des députés de la Coalition avenir Québec. À Chambly, ils seront devant les locaux de Jean-François Roberge. « Le gouvernement va tout faire pour manipuler l’opinion public afin qu’on ramollisse dans nos revendications. Le salaire n’est qu’une partie des demandes du Front commun, rappelle la déléguée syndicale de l’école la Mosaïque, l’enseignante Marie-Ève Cardin. On veut des conditions gagnantes pour des élèves qui réussissent. »
Selon elle, la dernière offre de François Legault est déjà « écrite et bien au chaud dans [s]a poche ». Elle poursuit. « S’il peut donner moins, il sera bien content. Nous, on veut aller jusqu’au bout pour pouvoir se repayer ces journées de grève sans salaire. »
Dans la rue, automobilistes et camionneurs, dont les véhicules de la Ville et les policiers du SPAL, continuent de klaxonner en passant devant les grévistes. La population est-elle encore derrière vous? « Oui. De ce que je ressens, on a encore l’appui. Ce n’est pas facile à quantifier, mais les gens sont derrière nous, et ce, depuis le premier jour », répond Guy Castilloux.
Démissions
Celui qui est aussi délégué syndical à l’école secondaire rappelle qu’il y a eu plusieurs démissions d’enseignants au cours des dernières années. Toutefois, il n’y a pas que des professeurs. « Il y a aussi d’autres corps de métier dans les écoles. Des psychologues, des techniciennes spécialisées… qui démissionnent aussi. Quand les enfants ont besoin d’aide, ce sont vers ces gens qu’on doit pouvoir se tourner. »
Selon M. Castilloux, plus les conditions se dégradent, moins il y a de jeunes étudiants qui vont se lancer dans la profession. « Pour plusieurs, la motivation n’est plus là. C’est dommage. Ça met tout le processus à mal, et les conditions affectent aussi les enfants », déplore l’enseignant.
Le Front commun est composé de membres de la CSN, la CSQ, la FTQ et l’APTS dans les secteurs publics, en éducation, en santé et dans les services sociaux ainsi qu’en enseignement supérieur.