À la manifestation…

Ils étaient plus de 70 travailleurs du Front commun, mercredi, le long de la route 116 à Saint-Basile-le-Grand, à manifester pour obtenir de meilleures conditions de travail. 

« Nous manifestons en front commun dans l’optique de faire comprendre au gouvernement que nos conditions de travail sont décevantes et que les dernières offres nous déçoivent », explique la représentante syndicale de l’une des écoles primaires de Saint-Basile-le-Grand, qui a préféré conserver l’anonymat. 

La pression s’accentue sur le gouvernement Legault tandis que les 420 000 travailleurs du Front commun (CSN, CSQ, FTQ et APTS) tiennent 3 journées de grève cette semaine, les 21, 22 et 23 novembre. Ce qui s’avère être le plus important mouvement de grève que le secteur public a connu depuis les cinquante dernières années.  

Mercredi, le personnel enseignant et le personnel de soutien des trois écoles primaires de Saint-Basile-le-Grand s’étaient réunis aux abords de la 116 afin de manifester leur mécontentement face aux négociations avec le gouvernement. Une reprise de la première journée de grève, tenue le 6 novembre dernier en matinée. Ils revendiquent de meilleurs salaires et une amélioration de leurs conditions de travail, « qui sont médiocres ». Selon elle, les conditions de travail représentent l’enjeu n°1 de ces pourparlers. « C’est un peu des deux. En fait, c’est selon le corps d’emploi. »   

Pour le personnel de soutien, le salaire devient un enjeu primordial alors que les conditions de travail sont une priorité pour les enseignants. « Il y a une surcharge dans le milieu scolaire. Nous avons besoin que nos conditions de travail soient revues afin qu’humainement, elles soient possibles d’être réalisées, » ajoute-t-elle avant d’évoquer une possible prolongation des moyens de pression. « C’est une grève pacifique pour l’instant… mais ça pourrait être pire. Les moyens de pression pourraient augmenter si ça ne bouge pas », soutient la travailleuse en grève. 

Au passage du journal Les Versants, automobilistes, chauffeurs d’autobus et autres camionneurs n’hésitaient pas à klaxonner en soutien. Les participants de ce bruyant groupe de manifestants étaient munis de drapeaux, de pancartes ou encore de café à la main pour attirer l’attention de la population et du gouvernement. Quand on lui demande si elle ressent encore l’appui de la population, la femme répond que c’est le cas. « Les services publics, c’est important. Les gens le savent et sont avec nous là-dedans. »  

En arrière-plan, la musique des Cowboys fringant se faisait entendre, une semaine après le décès du chanteur Karl Tremblay. Quelques jeunes enfants couraient aussi à proximité de ceux et celles qui brandissaient fanions et affiches. « C’est comme pour les familles, plusieurs d’entre nous n’ont pas de solution pour leurs enfants pendant ces journées. Ils les amènent avec eux et composent avec la grève », poursuit la déléguée syndicale.

Des profs sans salaire

Pendant les trois journées de grève du Front commun, les 21, 22 et 23 novembre derniers, et en cas de grève générale illimitée dans le milieu de l’éducation, les enseignants vivent sans salaire.

« Rien du tout, malheureusement. Aucun montant d’argent pour ces trois journées », résume l’enseignante Marie-Claude Lajeunesse.

Pendant qu’ils manifestaient avec le Front commun la semaine dernière, les employés du milieu scolaire n’étaient pas rémunérés. Cette grève leur a fait perdre trois jours de salaire jusqu’à maintenant, ainsi que deux heures et demie coupées lors du débrayage matinal du 6 novembre.

Malgré la situation et un contexte économique difficile, ils sont d’avis qu’il faut poursuivre les moyens de pression tant que le litige entre les deux partis ne sera pas chose du passé. « Manifester jusqu’au bout sans revenu… c’est malheureux à dire, mais je ne considère pas cela comme un choix. C’est une nécessité!, exprime Marie-Claude Lajeunesse. Nous irons jusqu’au bout, coûte que coûte. [C’est] impossible de reculer. Il faut que ça change et vite. »

Questionnée par Les Versants, sa collègue, Marie-Ève Cardin, tient un discours semblable. « On n’aura pas le choix de continuer dans l’augmentation des moyens de pression. Le gouvernement se moque de nous, alors ce n’est pas le temps de reculer », dit-elle. 

Ils sont des milliers à faire face à cette réalité. Pour chacun, la situation est différente. C’est du cas par cas. Pour Martin Fabre, par exemple, la situation est plus angoissante. « Ce qui est encore plus stressant de mon côté, c’est que ma blonde est aussi enseignante. Il n’y a aucune rentrée d’argent chez moi pendant ce temps-là. »

D’autres peuvent compter sur leurs proches. « Je me considère chanceuse d’être bien entourée et soutenue par mes proches. Ce n’est pas le cas pour tout le monde. Plusieurs doivent se serrer la ceinture, mais que fait-on lorsqu’on a déjà coupé partout? La grève illimitée, ça fait peur », témoigne Marie-Claude Lajeunesse. 

« Je ne cacherai pas que nous souhaitons tous les deux que les négociations se règlent rapidement, confie Martin Fabre. Car si ça se prolonge trop, surtout avec une menace de grève illimitée, disons que nous aurons d’autres soucis. »

Les syndiqués du Syndicat de Champlain n’ont pas accès à un fonds de grève. 

« Ne pas avoir de revenu fait mal au portefeuille », admet Marie-Ève Cardin.

Jeudi dernier, le premier ministre François Legault s’est dit prêt à bonifier l’offre salariale de Québec aux travailleurs du secteur public. Il s’attend cependant à une flexibilité du côté des syndicats. 

La grève en santé        

Des employés du CISSS de la Montérégie-Est manifestaient quant à eux devant le Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) de Montarville, sur le boulevard Seigneurial Ouest. Ensemble, ils revendiquent de meilleurs salaires, l’amélioration des conditions de travail, la bonification du fonds de retraite… 

« Ça dépend des secteurs, mais c’est un tout », nous dit Yanick Kingsbury lors de notre passage sur les lieux. 

« Nous voulons faire avancer les négociations, parce qu’en ce moment, nous n’avons pas l’impression que ça avance. C’est le calme plat », déplorent Sylvie Pelletier et Nathalie Beauchemin. À nouveau, les coups de klaxon témoignent d’un soutien de la part des citoyens. « Depuis le 6 novembre, nous avons le même appui de la population. Les gens ne sont pas fous; ils voient bien où est-ce que le gouvernement s’en va. Nous recevons beaucoup de soutien des gens », insiste Mme Beauchemin.

Les trois jours de grève des membres du Front commun sont terminés.

Ce mardi matin, le Front commun a annoncé que ses membres retourneront en grève du 8 au 14 décembre.