Plus cher et moins de transport en commun sans subventions du gouvernement

La volonté du gouvernement Legault de financer 20 % des déficits des sociétés de transport en commun ne passe pas auprès de la Ville de Saint-Bruno-de-Montarville, qui prévoit alors une hausse des taxes pour moins de service de transport.

Le risque de voir un service de transport en commun diminuer au sein de l’agglomération de Longueuil est réel. « Nous avons déjà fourni des efforts majeurs d’optimisation de l’ordre de 41 millions de dollars dans les dernières années. Le statu quo, ou une diminution importante de notre financement, viendrait toucher l’offre de service directe aux usagers, ce que nous voulons éviter », rappelle au journal le Réseau de transport de Longueuil (RTL).

Encore en phase de négociation pour bonifier l’offre du gouvernemennt, le RTL n’a pas souhaité commenter en détail la volonté de la ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, de plafonner à 20 % la contribution de Québec aux futurs déficits des sociétés de transport.Une politique « qui risque fort d’entraîner des réductions de services », de l’aveu de l’Association du transport urbain du Québec (ATUQ), mais pas que. 

Un maire en furie

Le maire de Saint-Bruno-de-Montarville s’insurge contre cette décision du gouvernement aussi pour la facture qui viendra avec. « Si Québec plafonne à 20 % sa contribution aux futurs déficits des sociétés de transport, cela veut dire pour nous que notre quote-part, que l’on donne chaque année au RTL, passerait de 8,3 M$ à 12,8 M$. Je suis en furie. C’est inacceptable. Ce serait, sur le plan financier de la Ville, désastreux. On voit cette annonce un peu comme une bombe », d’indiquer sans ambiguïté Ludovic Grisé Farand.

La décision du gouvernement Legault aurait une influence directe sur le compte de taxes des Montarvillois, ainsi que sur les services que devrait limiter la Société de transport de l’agglomération de Longueuil.

« Cette situation résulte de la pandémie de la COVID-19. C’est le gouvernement provincial qui a piloté tout cela. Ce n’est pas à nous d’éponger les dettes. C’est comme les coûts générés par la mise en place du REM. On n’y est pour rien. On n’a rien demandé au gouvernement, mais on devra quand même éponger la facture? »

» Cette situation résulte de la COVID-19. C’est le gouvernement provincial qui a piloté tout cela. Ce n’est pas à nous d’éponger les dettes. »  – Ludovic Grisé Farand

La frustration du maire de Saint-Bruno-de-Montarville est d’autant plus grande, car il estime faire les efforts nécessaires afin de ne pas affecter le compte de taxes des citoyens et de le limiter à une hausse inférieure à l’inflation. « Nous sommes la seule Ville de l’agglomération de Longueuil à ne pas proposer la gratuité des transports en commun pour les plus de 65 ans. On veut le faire et cela se fera, mais ce n’est pas le moment. On se serre la ceinture, mais tout le monde ne le fait pas. »

Si la situation ne change pas, le maire de Saint-Bruno envisage déjà d’ajouter une ligne sur le compte de taxes des citoyens pour mieux expliquer la hausse potentielle. « C’est évident que nous expliquerons la situation dans laquelle nous mettrait le gouvernement provincial. Je ne suis pas certain que cela aura un effet positif pour le gouvernement. »

Pour finir, M. Grisé Farand souhaite que le gouvernement prenne sa « juste part. J’espère que cette première annonce du ministère des Transports n’était qu’un jeu de négociation, sinon cela sera terrible », conclut-il.

En discussion

Le déficit projeté des sociétés de transport collectif du Québec est de 2,5 milliards de dollars, selon le gouvernement du Québec. La ministre des Transports a indiqué, la semaine dernière devant la presse, qu’elle était ouverte à la discussion après avoir proposé d’éponger 20 % du déficit prévu. « C’était une première proposition. Ils savent tous que j’attends leur contre-proposition », avait-elle précisé.

Le RTL a indiqué au journal qu’il poursuivrait les « discussions avec la ministre, le ministère ainsi que nos partenaires avec l’objectif de continuer à offrir le meilleur service aux usagers au meilleur coût possible ». Il continue d’analyser, avec ses partenaires, la proposition de financement 2024-2028 présentée par la ministre « afin de bien comprendre ses modalités. Le RTL offre toute sa collaboration et désire participer activement aux discussions afin de trouver des solutions », conclut-il.

Le plan d’action de la Politique de mobilité durable (PMD), qui comporte plusieurs orientations et cibles visant à atteindre les objectifs gouvernementaux, notamment afin de rendre le transport collectif plus attrayant et compétitif par rapport à l’auto en solo, semble déjà fragilisé. 

« Nous ne pouvons plus parler à court et à moyen termes d’augmentation de l’offre de service telle que précisée à la PMD. Nous devrons aussi nous questionner au sujet de certaines cibles, dont celles de rendre le transport collectif plus attrayant et compétitif, et de la diminution de 20 % de la part des déplacements en auto solo à l’échelle de la province », indique Marc Denault, président de l’ATUQ.