Un scientifique rend l’âme

Le journal Les Versants a appris le décès de Jean-Pierre Raynauld, survenu à son domicile le 19 octobre dernier. Le citoyen de Saint-Bruno-de-Montarville était âgé de 87 ans. 

Il laisse dans le deuil, entre autres, sa femme Claire Duval, qui a été journaliste pour le Journal de Saint-Bruno et Les Versants. Il demeurait à Saint-Bruno-de-Montarville depuis 1982.

Jean-Pierre Raynauld est décédé à midi environ, le 19 octobre. Il était étendu dans sa chambre. Assise à ses côtés, Claire Duval lui tenait la main. « J’étais dans ma chaise roulante. Jean-Pierre avait l’air endormi, ou presque. Je n’ai pas constaté tout de suite son décès. Il est parti dans le silence », raconte Mme Duval. 

Ce sont deux de leurs filles, en revenant des courses, qui ont constaté le décès de leur père. « Elles ont dit « Papa est mort! ». Nous sommes restées saisies. Nous avons pleuré. Nous savions que ça viendrait dans les prochains jours, mais nous sommes restées surprises », reconnaît Claire Duval. 

Malgré la tristesse de perdre l’être cher, il y a aussi un sentiment de soulagement du côté de la famille. « Il a beaucoup souffert. Sa vie n’était plus drôle. Il était toujours au lit. Il n’avait plus d’autonomie. »

Jean-Pierre Raynauld souffrait de la maladie de Parkinson depuis une quinzaine d’années. Mais ce sont ses poumons, à la suite d’une pneumopathie à éosinophiles, qui l’ont emporté.  

Merci au CLSC des Patriotes

À la suite d’un court séjour à l’hôpital en juillet, M. Raynauld est revenu chez lui. Depuis le 8 août, le Montarvillois recevait des soins à domicile du personnel du CLSC des Patriotes. D’ailleurs, la famille tient à remercier le médecin, les infirmières et préposés qui se sont occupés du patriarche. « C’était beaucoup de travail, mais nous avons reçu beaucoup d’aide du CLSC des Patriotes. Sans son soutien, sans ces gens, ça n’aurait pas été possible de le garder à la maison. Ils ont été efficaces et dévoués », poursuit Claire Duval.

« Il est parti dans le silence. » – Claire Duval

Le 10 octobre aura été une bonne journée pour Jean-Pierre Raynauld. C’était l’anniversaire de sa conjointe. « Il m’a souhaité bonne fête deux fois. Le matin en se réveillant et plus tard dans la journée. Nous avions le même âge. » 

Grande joie

Avant son départ, Jean-Pierre Raynauld a eu le bonheur de rencontrer son arrière-petit-fils, Léo-Paul. Le premier du clan familial. « Ça été un grand bonheur pour lui de le connaître. Une grande joie! Léo-Paul est venu ici avec ses parents. Olivier, le papa, est notre petit-fils. Tous les deux, Léo-Paul et Jean-Pierre, se sont regardés. Il a eu cette chance de le rencontrer », relate en riant Claire Duval, mais avec la voix attristée, ou fatiguée. 

Quand on lui demande quels souvenir les gens doivent conserver de son mari, celle qui a écrit pour Les Versants répond que c’était un homme bon, tolérant, qui aimait la nature et qui ne critiquait pas. « Il était aussi un grand scientifique. Jusqu’à la fin, il analysait son cerveau. Il essayait de comprendre ce qui se passait. C’était sa passion. Il aimait sa famille. Il était fier de sa famille. À la fin, il m’a demandé de prendre soin de tout le monde, de nos enfants, nos petits-enfants. De veiller que personne ne manque de rien », confie Claire Duval.    

Passionné de sciences

Jean-Pierre Raynauld était un passionné de sciences. Sur une période de cinq ans, il décroche un baccalauréat en physique et une maîtrise en physique nucléaire. Il a fait son doctorat en biophysique à l’Université Johns Hopkins de Baltimore, au Maryland. Puis il a travaillé de 1968 à 2012 comme professeur-chercheur au département de physiologie de la faculté de médecine à l’Université de Montréal. À sa retraite, le journal l’avait d’ailleurs rencontré pour un long entretien. C’était en 2015. « Le plus grand plaisir d’être un scientifique, c’est de devenir le premier à découvrir l’inconnu. C’est ce qui est le plus stimulant », nous avait-il dit.  

On lui doit notamment des avancées sur l’activité neuronale des cellules de la rétine ainsi que sur la plasticité neuronale. Ses recherches ont surtoiut porté sur l’explication de la différence de sensibilité entre les cônes et les bâtonnets, les cellules de la rétine qui nous permettent de voir le jour et la nuit. Deux études ont d’ailleurs été publiées dans la revue Science, en 1972 (sa thèse de doctorat) et 1979, et reconnues dans le domaine en étant citées au total 156 fois.