Les raisons des inondations du 7 octobre

Des rues submergées, des sous-sols dans l’eau, le secteur des Promenades St-Bruno congestionné en raison d’accumulations et de sorties fermées… Que s’est-il passé le samedi 7 octobre? 

« Il y a eu une pluie incroyable! Dans la grande région, nous avons reçu plus de 103 millimètres d’eau samedi. Puis dimanche, [de la pluie supplémentaire pour] un total de 120 millimètres. C’est exceptionnel et ça n’arrive pas souvent », plaide le maire de Saint-Bruno, Ludovic Grisé Farand. 

En comparaison, le territoire a reçu 27 mm de pluie pendant tout le mois de septembre. Pour M. Grisé Farand, le « contraste est énorme ».

En entrevue, il confirme des problèmes sur les rues Juliette-Béliveau et des Tilleuls. « Nous avons reçu des appels de citoyens inondés dans [ces deux rues]. Il y a eu un cas aussi sur Bedford et sur place Lévis. Du moins, ce sont les signalements que la Ville a reçus », explique le maire, qui confirme des accumulations dans certaines rues en raison de puisards bloqués par des amoncellements de feuilles. 

Le maire souligne que diverses raisons expliquent les cas particuliers d’inondation, allant de « conduits surchargés à la maison elle-même ». 

La veille de ces pluies intenses, la Ville avait ordonné l’inspection générale des cours d’eau et des grilles de sorties. Par exemple, au ruisseau des Frères et au ruisseau du Moulin, ou encore entre le lac du Village et le lac du Ruisseau. « Les endroits névralgiques, principaux, ont été surveillés pour s’assurer qu’il n’y avait pas de débris accumulés aux grilles de sorties », mentionne-t-il. Une dernière tournée des cours d’eau a été répétée ensuite, « en vue d’une prochaine pluie intense ». 

M. Grisé Farand affirme que les citoyens ont l’obligation de se procurer une pompe submersible afin de rejeter les débits d’eaux pluviales. Ils doivent aussi s’assurer d’avoir un clapet anti-retour. C’est un règlement de la Ville. « Dans le cas de Juliette-Béliveau, il y a une portion plus basse de la rue, ce qui fait en sorte que la nappe phréatique est plus élevée. On encourage donc les gens à se munir d’un clapet et d’une pompe fonctionnelle. »

Contactée par le journal, une résidente de cette voie affirme que c’est connu pour le clapet, mais pas pour la pompe. Il y a peu de temps, la rue Juliette-Béliveau a subi une réfection. « Ce qui me chicote, c’est que les infrastructures et l’asphalte ont été refaits cet été. On se demande si les travaux ont été bien faits, si des fissures auraient pu être causées par les vibrations, si les égouts auraient été laissés pleins de gravelle après les travaux… », note cette même citoyenne de Juliette-Béliveau. À cette interrogation, le maire confirme que des travaux ont été effectués, mais sur la chaussée et sur le remplacement des conduits d’aqueduc, pas sur les réseaux d’égout, « encore en bon état ».

Une pluie de récurrence de 100 ans

De son côté, le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard, parle d’une pluie de récurrence de 100 ans pour expliquer la situation des 7 et 8 octobre. « C’est une pluie exceptionnelle que nous avons reçue en l’espace de 24 heures, selon les données des stations basées dans la région. Maintenant, avec les changements climatiques, nous appréhendons que [ce genre de phénomène] revienne plus souvent, que la récurrence soit réduite, peut-être à 50 ans », indique M. Lessard. 

Ce dernier confirme les accumulations d’eau dans divers secteurs de la municipalité. Sur le rang des Vingt, à la hauteur de la rue Prévert et devant l’Académie des Sacrés-Cœurs, sur la rue Alvares et sur la piste cyclable de la rue Principale, entre l’avenue du Mont-Bruno et Alvares. « Nos gens des travaux publics m’ont dit que nos ouvrages ne sont pas conçus pour recevoir ces quantités d’eau. Tout le réseau de la Ville a été surchargé, incluant les ruisseaux. Le niveau d’eau a monté, sans toutefois déborder. Les sols étaient saturés. Il y a eu des refoulements chez des gens qui n’ont pas de clapet adapté et de puisard à pompe », ajoute le premier magistrat.

Aussi, le ruissellement des eaux, qui arrive de la montagne, n’aide pas en pareille situation. « Ce que l’on appelle le bassin versant, tout le flanc sud du mont Saint-Bruno, le sommet Trinité, se déverse vers Saint-Basile », illustre-t-il.

Sainte-Julie

À Sainte-Julie, des équipes ont fait de la patrouille préventive dans les différents quartiers du territoire, « mais à notre connaissance, aucun sous-sol n’a été inondé. Certaines rues ont eu des accumulations d’eau en raison de la grande quantité de pluie en peu de temps, mais la situation s’est résorbée rapidement », répond la directrice du Service des communications, Julie Martin.    

La réponse du MTQ

Le ministère des Transports et de la Mobilité durable revient sur la situation survenue autour des Promenades St-Bruno le samedi. L’accès à la bretelle de la montée des Promenades, qui permet de rejoindre l’autoroute 30 Est et la route 116, a été fermé par la Sûreté du Québec (SQ). Une manœuvre qui a créé un bouchon de circulation sur la montée Sabourin et sur le boulevard des Promenades. « Une quantité record de pluie est tombée durant la journée du 7 octobre dans le secteur. Le MTQ a été informé d’une accumulation d’eau et, en collaboration avec la SQ, l’autoroute 30 a été fermée pour assurer la sécurité des usagers de la route », explique le porte-parole du MTQ, Miguel Vizcaino-Dubé.  

Or, vers la fin de l’après-midi, des équipements de cette station de pompage ont subi des pannes à cause d’une sollicitation extrême. « Des équipes ont été mobilisées pour les remettre en marche, et ce, dans des circonstances de précipitations exceptionnelles. L’ensemble de l’échangeur a été rouvert en fin de soirée », informe M. Vizcaino-Dubé.

Le MTQ rappelle que la 30 dans le secteur de la 116 est localisée sous le niveau normal des fossés. La station de pompage sert à empêcher les accumulations d’eau. Des travaux de réfection s’y déroulent actuellement, tel qu’il est prévu dans la programmation 2023-2025 du MTQ. Durant ceux-ci, les équipements demeurent en fonction.