Une ville sans politiciens

Parfois, les semaines se suivent et se ressemblent. Cela fut le cas lors de la dernière assemblée du conseil municipal de Saint-Bruno, alors que les deux partis politiques en présence ont fait résonner leurs canons tels deux vieux navires de guerre fatigués. Ils ont ainsi répété leurs arguments sur des enjeux qui, avec le temps, se sont détachés des priorités des Montarvillois. Ainsi, la bataille rangée qui oppose le maire Benjamin à Martin Murray n’a fait jusqu’ici qu’une seule victime: le contribuable, celui qui en obtient toujours moins pour son argent.

Oui, les citoyens peuvent être fiers que leur ville soit la première à obtenir 5 fleurons pour la qualité de son embellissement ou que le 8 décembre sera célébrée une journée contre l’intimidation. Oui, il est important de se pencher sur la réalisation du projet du Boisé des Hirondelles et sur la préservation des espèces menacées. On peut cependant poser en toute humilité cette question: « Qu’en est-il des finances de la Ville et des services publics qui devraient logiquement être la priorité des administrateurs municipaux? »

Or, ces sujets n’ont même pas été effleurés par l’opposition lors de l’assemblée. Au pouvoir, on s’est contenté de dire que le surplus budgétaire sera moins élevé que l’an dernier, sans donner plus d’explications. Comme les taxes seront augmentées selon l’indice des prix à la consommation, cela doit forcément vouloir dire que l’argent de cette diminution ira ailleurs. Ne serait-il pas judicieux d’éclairer en détail les contribuables sur ce fait?

De plus, qu’en est-il de l’argent destiné aux différents services municipaux? Aux dernières nouvelles, peu de choses ont été dites sur la présence policière à Saint-Bruno, si ce n’est des différentes opérations de contraventions dont semblent faire les frais les habitants de la ville. De même, quel politicien s’est interrogé sur le service des incendies récemment? Alors qu’il y a eu plusieurs feux ces derniers mois, il ne semble pas y avoir la moindre remise en question sur le fait que plusieurs bâtiments ont été réduits en cendres sous le regard de dizaines de pompiers venus de différentes villes. Cela est-il normal? Était-il nécessaire de demander une présence aussi importante afin de maîtriser ces incendies? Personne ne semble vouloir confirmer ou nier ces faits.

Toutes ces questions ne datent pourtant pas d’hier et les deux partis politiques en présence dans la ville ont les moyens d’effectuer des recherches approfondies sur ces sujets et plusieurs autres. Alors, pourquoi toujours revenir sur les mêmes enjeux à chaque réunion, mois après mois, année après année? Toutes ces constatations mènent malheureusement vers une triste réalisation, soit que les stratégies des partis politiques ne semblent plus correspondre aux volontés des citoyens.

Sans vouloir revenir en détail sur les effets de la commission Charbonneau, on doit maintenant observer que le maire de Montréal et celui de Laval seront désormais des indépendants. Ainsi libérés des lignes de partis, ceux-ci seront maintenant en mesure d’être pleinement « au service de la population », comme l’a dit M. Applebaum après sa nomination. Or, s’il est possible d’administrer les deux plus grandes villes du Québec sans être membre d’un parti politique, que pourrait bien réserver l’avenir lors des prochaines élections municipales?

 

Nicolas Godin

Résidant de Saint-Bruno