Des profs qui ne sortiront pas de la retraite

Le Québec traverse une pénurie d’enseignants. Selon les plus récents chiffres fournis, en date du 28 août, il manque 3 postes réguliers vacants et 37 postes à temps partiel vacants dans tous les établissements du Centre de services scolaire des Patriotes.

Impossible de savoir combien manque-t-il de professeurs dans les écoles de Saint-Bruno-de-Montarville, de Saint-Basile-le-Grand et de Sainte-Julie. « Le Service des ressources humaines n’est pas en mesure de nous fournir les données fragmentées par écoles,  compte tenu du temps que ça exige pour les extraire », nous répond le Centre de services scolaire des Patriotes (CSSP).

Pour pallier la pénurie d’enseignants, le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a lancé ce printemps un « appel à l’entraide » aux professeurs retraités. Les retraités Louis Émond et Joël Boucher, de Saint-Bruno-de-Montarville, commentent la situation. 

« L’énergie requise pour occuper cette fonction avec brio est incommensurable », confie Joël Boucher, qui ne reviendrait pas enseigner à temps plein.  

Quand on lui demande s’il retournerait enseigner aujourd’hui, dans la situation actuelle, Louis Émond argue de son côté qu’il est difficile de répondre à une telle question. « Je ne connais la «situation actuelle» par ce que je lis dans les journaux. Ce qui est un point de départ, mais cela ne saurait jamais refléter la réalité », mentionne l’écrivain jeunesse.  

Puis il précise sa pensée. « Est-ce pire, mieux ou exactement ce qui se dit dans les journaux? Va savoir. Mais je dois être honnête et avouer qu’il y a un âge pour chaque chose; celui de me retrouver durant 200 jours devant 30 enfants dont l’éducation va d’un bout à l’autre du spectre, je n’aurais plus ni la patience, ni l’intérêt », exprime Louis Émond, qui a enseigné durant 22 ans, « à une époque où j’étais jeune et en grande forme ». 

« Je n’aurais plus ni la patience, ni l’intérêt. » – Louis Émond

Selon lui, autant il a adoré son métier d’enseignant, autant la tâche ne serait pas pour l’homme d’âge mûr qu’il est devenu.

Pour Joël Boucher, on ne s’improvise pas enseignant. « C’est parmi les professions les plus exigeantes et c’est bien normal, car c’est la profession la plus déterminante dans une société civilisée. Pour bien faire son travail, il faut y consacrer entre 40 et 50 heures par semaine, alors que le salaire est basé sur 32 heures. Pas étonnant que l’on ne se bouscule pas aux portes pour devenir enseignant! » Passionné, il poursuit dans son discours. « Par la complexité des multiples besoins des enfants, cette fonction requiert une présence d’esprit hors du commun où l’on doit être à la fois pédagogue, travailleur social, éducateur spécialisé, psychoéducateur et dynamique pour maintenir l’intérêt d’une génération d’enfants hypnotisée par l’écran. »

Suppléance

Toutefois, malgré son discours contre le système, Joël Boucher n’a pas dit non à deux jours par semaine en suppléance dans quelques écoles primaires de la région. « C’est ma contribution, dit-il. Je suis apprécié et dans ce sens, c’est valorisant. Bref, j’adore ça! Je demeure actif et j’apprécie être entouré d’enfants et d’une équipe école. J’ai le sentiment de jouer un rôle utile socialement, et ce, même à la retraite. »

Comme quoi il ne faut jamais dire jamais!