Des compteurs d’eau seront bientôt installés à Saint-Bruno-de-Montarville

Afin de se conformer à la Stratégie québécoise d’économie d’eau potable, la Ville de Saint-Bruno installera 380 compteurs d’eau chez des ménages volontaires. Ce projet a pour but d’obtenir le portrait réel de la consommation d’eau à Saint-Bruno-de-Montarville et d’optimiser son utilisation. 

Combien de litres d’eau consomme une maison unifamiliale de Saint-Bruno-de-Montarville? C’est ce que la Ville de Saint-Bruno cherche à savoir en installant 380 compteurs d’eau chez des participants volontaires.

Réduire la consommation d’eau

« C’est une prise de conscience, un compteur d’eau, un peu comme un compteur de pas par jour », affirme Danielle Pilette, professeure associée au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG-UQÀM). Elle souligne qu’un compteur d’eau permet de réaliser la quantité d’eau qu’on consomme. Le professeur ajoute que c’est une façon de sensibilité les citoyens au fait que l’eau est une denrée limitée.

D’ici le 1er septembre 2025, la Ville de Saint-Bruno a pour objectif de réduire la consommation d’eau à 184 litres d’eau par personne par jour. Celle-ci se chiffre présentement à 211 litres d’eau par personne par jour. Pour l’ensemble de son territoire, le Québec vise à réduire de 20 % la consommation d’eau.

La Ville de Saint-Bruno affirme que les compteurs d’eau permettront de prendre connaissance des fuites présentes dans le système d’aqueduc. Danielle Pilette soutient que les fuites d’aqueduc entraînent des pertes d’eau significatives. « Toutes les données le montrent ». Elle atteste que les compteurs d’eau pourront aider à établir ses pertes. Il est toutefois nécessaire que l’échantillonnage soit représentatif des différents quartiers de la ville, comprenant les secteurs plus récents comme les plus anciens. « Généralement, les pertes sont davantage dans les plus vieux secteurs », affirme-t-elle.

Danielle Pilette souligne les conséquences des changements climatiques sur la nappe phréatique. Elle relève que certaines municipalités, telles que Sutton, connaissent déjà des difficultés d’approvisionnement en eau. La professeure mentionne la chance qu’a l’Agglomération de Longueuil de pouvoir se fournir en eau dans le fleuve Saint-Laurent. 

Des données représentatives?

Statistique Canada récence 10 629 logements privés à Saint-Bruno-de-Montarville en date de 2021. L’échantillon de 380 ménages participants aux statistiques de consommation d’eau représente donc 3,6 % des logements à Saint-Bruno. Danielle Pilette reconnait que le nombre de compteur n’est pas élevé, mais elle souligne que la valeur de l’échantillon sera surtout déterminée par la diversité des différentes catégories résidentielles qu’il comprend (maison unifamiliale, duplex, copropriétaires, locataires dans de grands immeubles, etc.). Elle affirme que l’échantillon doit représenter la variété des différents statuts d’occupation dans le parc résidentiel de Saint-Bruno pour être valide. Sur ce point, Mme Pilette émet des réserves quant à la représentativité d’un échantillonnage volontaire.

184 C’est le nombre de litres d’eau par personne par jour que la Ville désire atteindre.

Pour l’instant, la Ville cible des maisons unifamiliale de type isolées, jumelée et en rangée. Elle explique qu’il est plus facile de mesurer la consommation de ce type de logement, car les autres types d’habitation peuvent avoir une entrée d’eau commune pour plusieurs logements, ce qui rend les calculs de consommations plus difficiles.  

Questionné à ce sujet, le maire de Saint-Bruno assure que la Municipalité veillera à avoir un échantillonnage représentatif. « On ne prendra pas tout le monde sur la même rue ». Avant d’envisager des mesures supplémentaires de sélections, il attendra de prendre connaissance des résultats de l’appel de recrutement volontaire.

Danielle Pilette mentionne également l’importance de récolter des données sur une année entière. Cela permet d’obtenir une vraie représentation de la consommation d’eau selon les différentes pratiques saisonnières, notamment le remplissage des piscines. Elle ajoute qu’il est intéressant de voir les pics de consommation, soit les moments où on consomme le plus d’eau. Elle explique que ce sont ces moments de fortes demandes qui sont le plus complexes et coûteux pour les Municipalités. « C’est un peu comme avec l’électricité », affirme-t-elle.

Jusqu’à présent, 164 ménages se sont portés volontaires pour l’installation des compteurs d’eau. Le maire invite les gens à s’inscrire pour atteindre la cible. La Ville rappelle que la participation est gratuite et que les données récoltées serviront uniquement à des fins statistiques.

Équité

Lorsque le parc résidentiel est homogène, Danielle Pilette remet en question l’intérêt d’installer des compteurs d’eau. « Par exemple, si le résidentiel est composé très majoritairement de maisons unifamiliales, avec des piscines et des jardins, pourquoi imposer des compteurs d’eau? ». Cependant, elle affirme qu’ils deviennent presque inévitables lorsque le parc résidentiel se diversifie, ce qui est le cas dans la plupart des municipalités de la Région métropolitaine de Montréal. Elle soutient que « dans ce cadre, il est opportun et équitable de tarifer selon les coûts au lieu d’inclure la facture de l’eau dans la taxe foncière générale selon la valeur des bâtiments ». Elle ajoute que ce ne sont pas nécessairement ceux qui payent le plus de taxe foncière qui consomme le plus d’eau. Elle souligne que les compteurs d’eau permettent de maintenir une équité entre les contribuables.

Vers une tarification de l’eau?

Le maire de Saint-Bruno assure que, pour le moment, la tarification de la consommation d’eau des citoyens n’est pas prévue. Il évoque toutefois la possibilité de l’imposer dans le futur, mais seulement pour les nouveaux projets résidentiels.

Danielle Pilette croit que la tarification de l’eau au consommateur par les Municipalités sera une réalité future. « C’est clair que c’est une première étape vers un établissement général ». Danielle Pilette met en garde qu’une tarification de l’eau peut constituer un lourd fardeau pour la population la moins nantie et souligne l’importance de s’assurer de fixer un tarif accessible.

Depuis 2011, toutes les entreprises et tous les commerces sur le territoire de Saint-Bruno doivent se munir d’un compteur d’eau et sont facturés par la Ville pour leur consommation.