Des subventions aux résultats encourageants

Les municipalités locales offrent depuis quelques années des subventions pour encourager l’achat de produits hygiéniques réutilisables. Un projet qui n’est pas près d’arrêter. 

Passant par les produits d’hygiène féminine aux couches pour enfants et pour adultes, les municipalités offrent depuis quelques années des subventions pour inciter les citoyens à réduire la quantité de déchets produits dans la salle de bain. Les municipalités confirment que les subventions atteignent l’objectif visé : réduire la quantité de déchets reliée à la consommation de ces produits. 

L’augmentation constante des demandes de subvention amène la MRC de Marguerite-D’Youville, qui s’occupe du programme pour la Ville de Sainte-Julie, à répéter le projet chaque année. La Ville de Saint-Bruno, qui a déboursé 14 930 $ en subventions en 2022, affirme que chaque demande reçue aide à répondre à l’objectif.

Toutefois, selon Fabienne Camilleri-Deghetto, propriétaire de La Looma, une boutique située à Saint-Bruno-de-Montarville qui offre des solutions écologiques, le programme gagnerait à être davantage connu. « Beaucoup de gens ne sont pas au courant », affirme-t-elle. La Ville de Saint-Bruno atteste ne pas avoir fait beaucoup de publicité, mis à part sur ses réseaux sociaux.

Produits d’hygiène féminine

Les municipalités affirment que les subventions sont plus utilisées pour les produits d’hygiène féminine, comprenant les culottes menstruelles. À Sainte-Julie, ce sont 5 873,17 $ qui ont été remboursés en 2022 pour ce type de projet.

Fabienne Camilleri-Deghetto observe que les produits d’hygiène féminine réutilisables sont de plus en plus populaires auprès des jeunes. La plupart des consommatrices de ces produits ont moins de 30 ans. Des clientes lui ont confié qu’elles ont acheté les couches pour leurs enfants à La Looma et qu’elles viennent maintenant se procurer des produits hygiéniques pour ces mêmes enfants. « Ça me rend super fière », affirme-t-elle. La propriétaire de La Looma est convaincue des avantages des produits d’hygiène féminine qu’elle vend depuis 16 ans, que ce soit pour leurs bénéfices économiques, environnementaux ou pour la santé des femmes.

Économique?

Alors que certaines consommatrices sont réticentes à employer des produits hygiéniques réutilisables pour leurs menstruations, la barrière économique en freine plusieurs autres. « C’est un manque d’information », selon Fabienne Camilleri-Deghetto. Elle ajoute que les produits réutilisables peuvent sembler un gros investissement au départ, mais que leur durée de vie permet de rentabiliser rapidement l’achat. Les subventions des municipalités aident à rendre ces produits accessibles.

Les villes de Sainte-Julie, de Saint-Bruno-de-Montarville et de Saint-Basile-le-Grand offrent un remboursement de 50 % du coût d’achat jusqu’à concurrence d’un montant pouvant aller de 100 $ à 250 $. La Municipalité de Saint-Bruno bonifie à 75 % le remboursement lorsque les produits sont achetés dans un commerce local.

La propriétaire de La Looma a accueilli positivement l’initiative de la Ville de Saint-Bruno d’augmenter la subvention pour les achats locaux. Elle affirme que Saint-Bruno fait partie des municipalités qui proposent l’une des meilleures subventions. Elle souligne que cette initiative favorise la vente de produits écologiques. La commerçante mentionne que ce type de programme est également favorable pour les municipalités, qui économisent sur leur récolte de déchets lorsque leurs citoyens en produisent moins.

Et les couches?

Alors que la vente de produits d’hygiène féminine est en hausse, Fabienne Camilleri-Deghetto note une baisse significative de la vente de couches réutilisables pour enfants durant les dernières années. La Ville de Saint-Bruno confirme que la subvention est très peu utilisée pour les couches pour enfants. Pour l’année en cours, seulement 760 $ sur les 8317 $ de subventions ont servi à l’achat de couches. Un phénomène similaire à Sainte-Julie, où la Ville n’a reçu que 6 demandes en 2023, comparativement à 41 demandes pour les produits d’hygiène féminine.

Fabienne Camilleri-Deghetto tente de l’expliquer par plusieurs facteurs, qui passent par le manque de connaissance des citoyens envers ces produits jusqu’aux changements sur le marché. L’augmentation de l’offre des produits bon marché confectionnés à l’extérieur du pays et la hausse de l’offre sur Internet compliquent la tâche des entreprises locales, qui sont soumises à une plus grande compétition.

Mauvaise réputation?

La commerçante ajoute que certaines couches réutilisables de moins bonne qualité peuvent également entraîner une mauvaise impression des consommateurs sur ces options écologiques. Certains consommateurs vivent de mauvaises expériences, ce qui « vient nuire à la notoriété de ces produits ». Elle ajoute que le manque de service personnalisé des boutiques en ligne peut amener les gens à choisir un produit qui ne leur convient pas. Elle met de l’avant les bénéfices du service en boutique, qui permet de guider les consommateurs dans un choix convenant à leurs besoins.