Se loger, à quel prix? 

Avec une hausse des loyers et un taux d’inoccupation très bas, l’approche du 1er juillet est synonyme d’angoisse pour plusieurs ménages de la région qui peinent à trouver un logement.

Alors que le premier ministre, François Legault, affirme que « ça va bien aller aussi le 1er juillet 2023 », plusieurs locataires redoutent l’arrivée de la Fête du Canada. La crise du logement qui frappe la province n’épargne pas la région, où de nombreux locataires espèrent encore trouver un endroit où se loger. 

Être locataire à Saint-Bruno

Alexandre est locataire depuis six ans à Saint-Bruno-de-Montarville. Depuis, lui et sa colocataire ont déjà déménagé trois fois. Il a dû quitter son premier appartement dans une reprise de logement qu’il soupçonne fortement d’être une « rénoviction ». À la suite de travaux dus à un dégât d’eau, Alexandre confie que son ancien logement est retourné sur le marché et le loyer a été augmenté de 30 à 40 %.

Devant la réalité du marché, les deux colocataires ont dû faire des concessions quant au choix de leur logement. L’un deux ne possède pas de voiture et désire rester proche du centre de Saint-Bruno pour faciliter ses déplacements. Ils vivent présentement dans un 4 ½ qu’Alexandre qualifie de « très basique » au prix de 1045 $ par mois. « C’est trop cher pour ce qu’on a », affirme-t-il. Le locataire mentionne « ne pas trop avoir le choix » pour décider d’où il va se loger. Il souligne le peu d’appartements disponibles sur le marché et ces derniers « partent vites ».

Alexandre a reçu une augmentation de 60 $ par mois cette année pour son logement. Malgré l’augmentation qu’il trouve « exagéré », celui qui habite l’appartement depuis deux ans ne s’imagine pas déménager en raison de l’explosion des prix et le manque d’appartement. « On n’aurait pas trouvé d’autres appartements. C’était déjà l’enfer il y a deux ans, je n’imagine pas aujourd’hui ».

1028 $ C’est le prix moyen d’un 4 1/2 à Saint-Bruno.

Portrait de la situation 

Selon l’Observatoir du Grand Montréal, pour un appartement de deux chambres à Saint-Bruno-de-Montarville, les locataires doivent s’attendre à payer en moyenne 1028 $. Un chiffre qui descend à 829 $ à Sainte-Julie, mais qui atteint 1350 $ pour Saint-Basile-le-Grand.

La part des logements sociaux et communautaires sur l’ensemble des logements recensé en 2020 est de 1,2 % pour Saint-Bruno, 1 % pour Sainte-Julie et 0,5 % pour Saint-Basile.

Au sein de la municipalité de Saint-Bruno, 13,9 % des ménages sont locataires. Un pourcentage passant à 13,1 % pour Saint-Basile et allant jusqu’à 20,2 % pour la municipalité de Sainte-Julie.

Saint-Bruno-de-Montarville connait un taux d’inoccupation très bas, soit de 0,3 % pour les logements locatifs, alors que ce chiffre descend à 0,1 % pour les logements locatifs à faible loyer. Les données pour les municipalités de Saint-Basile-le-Grand et de Sainte-Julie ne sont pas disponibles. Toutefois, le Comité Logement Rive-Sud, qui dessert l’agglomération de Longueuil et de la MRC du Roussillon, affirme que la crise du logement est généralisée. Les membres du comité reçoivent de plus en plus d’appels hors frontière.

En 2021, 9,9 % des ménages locataires de Saint-Basile-le-Grand et 8,5 % de ceux de Sainte-Julie éprouvaient des besoins impérieux en logement. À Saint-Bruno, ce pourcentage augmentait à 12,4 % 

Des besoins criants

Marco Monzon, directeur général du Comité Logement Rive-Sud, note que « la situation à Saint-Bruno n’est pas bonne présentement ». Les demandes d’aide sont en augmentation et elles arrivent de plus en plus tôt. Le directeur général constate que les locataires faisant appel à eux sont maintenant issus d’un public élargi. Il note une augmentation des demandes d’aide provenant de la classe moyenne. « Ça n’affecte plus juste ceux qui ont un faible revenu, ça affecte tout le monde ».

Alexandre croit que c’est au gouvernement d’aider les gens. « Tout augmente : le gaz, l’épicerie, le prix des logements, ça n’a pas de bon sens ». Marco Monzon va dans le même sens. « Ça prend des solutions concrètes », affirme-t-il. Il soulève le besoin que les différents paliers gouvernementaux, municipal, provincial et fédéral, travaillent ensemble pour la construction de logements sociaux. Il appelle également à la mise en place d’un registre des loyers par le gouvernement ainsi qu’un meilleur contrôle sur la reprise des logements. Il dénonce que les locataires doivent se tourner vers les tribunaux en cas d’abus et que très peu de gens le font. Il explique que ce sont des démarches complexes et anxiogènes, qui ne sont pas accessibles à tous. 

De l’aide disponible

Le Comité logement Rive-Sud informe les citoyens de leurs droits et leur offre un service juridique. En cas d’avis d’augmentation de loyer ou d’éviction, ces derniers peuvent les appeler pour savoir ce que dit la loi et s’assurer que l’avis est légal. Le comité offre également un service d’accompagnement auprès des citoyens. Il s’assure que les demandeurs d’aide connaissent les ressources d’aides qui leur sont disponibles.

En tant que porte-voix des locataires de la Rive-Sud, le comité permet aux citoyens de participer aux débats publics. Il effectue un travail de proximité avec les locataires pour s’assurer que les positions publiques du comité soient représentatives de leurs préoccupations.

Il est possible de les rejoindre au 450 699-3060 / 1-866-399-3060 ainsi que par un formulaire électronique disponible sur leur site web : www.comite-logement.org/nous-joindre

Devant la pénurie de logements abordables, l’Office d’habitation de Longueuil (OHL) offre également un service d’aide à la recherche de logement. Il est possible de les rejoindre au 438 871-1283 / 450 670-2733, poste 224, ou par courriel au sarl@ohlongueuil.com.