Cimetière des livres oubliés

Étrange, le titre de cette nouvelle chronique, pensez-vous? C’est à l’auteur espagnol Carlos Ruiz Zafon que je le dois.

Au début de son magnifique roman L’ombre du vent, Zafon nous entraîne dans son Cimetière des livres oubliés où « les livres dont personne ne se souvient, qui se sont évanouis avec le temps, continuent de vivre en attendant de parvenir un jour entre les mains d’un nouveau lecteur, d’atteindre un nouvel esprit ». (Carlos Ruiz Zafon, L’ombre du vent,  page 12)

C’est précisément le rôle que se propose de jouer cette chronique mensuelle : tirer de l’oubli un roman, québécois ou étranger, afin qu’il puisse atteindre une fois encore le cœur et l’esprit de nouveaux lecteurs et de nouvelles lectrices. En gardant au cœur l’espoir que ceux et celles qui auront lu les œuvres présentées ici en parleront à d’autres qui en parleront à d’autres, retardant d’autant la disparition définitive de ces trésors.

Rappelons toutefois que dans cette chronique, il ne sera question que de livres oubliés. Ne cherchez point les Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy, La grosse femme d’à côté est enceinte de Tremblay, Des souris et des hommes de Steinbeck ou L’étranger de Camus; ces livres, ainsi que de nombreux autres, sont encore lus et se trouvent en abondance sur les rayons des librairies.

Ce qui n’est pas le cas du premier roman que je vous propose en cette année 2013, année que je vous souhaite bonne et heureuse.   

Écrit par Ringuet, de son vrai nom Dr Philippe Panneton, Trente arpents est un modèle du genre. Depuis l’écriture, toute en finesse et en retenue, jusqu’au propos qui reste d’actualité, puisqu’on y aborde notamment les passages de la vie, le fossé entre les générations et le choc entre valeurs rurales et valeurs citadines, ce chef-d’œuvre raconte, avec toute la lenteur voulue, mais sans jamais ennuyer, la vie d’un homme, Euchariste Moisan, qui, devenu propriétaire de trente arpents de bonne terre, se mariera, aura huit enfants, et connaîtra la prospérité. Mais la vie, on le sait, peut toujours reprendre ce qu’elle a généreusement donné. Un livre remarquable, et disponible à la bibliothèque municipale de Saint-Bruno-de-Montarville.  

 

Louis Émond

Auteur de littérature jeunesse