Quand mère Nature fait son oeuvre

Des carcasses de poissons ont été aperçues, le samedi 15 avril, sur les berges du lac du Moulin, dans le parc national du Mont-Saint-Bruno. 

Le phénomène rappelle le cas des poissons morts dans le ruisseau Massé, survenu en mai l’année dernière.  Puis évoque aussi juin 2021, alors que des carcasses de carpes et de chevaliers avaient été observées sur les rives du Richelieu, à Saint-Basile-le-Grand. Gérald Mongeau a pris des photos au lac du Moulin, puis il a contacté le journal Les Versants. Il souhaite « comprendre la cause de ce phénomène ». « Quand j’ai vu ça, samedi, je me suis senti interloqué, exprime Gérald Mongeau. [J’ai supposé] qu’il y avait eu le déversement d’un produit toxique dans le lac. C’est difficile à imaginer qu’une personne puisse poser un tel geste, mais en même temps, j’ai peine à croire que mère Nature serait en cause! »

Le journal a contacté la Sépaq, qui estime qu’une centaine de poissons ont été trouvés à la surface. 

Épisode d’anoxie hivernale 

C’est ce que la Sépaq répond pour expliquer l’affaire. Un épisode d’anoxie hivernale, « confirmé par des mesures d’oxygène dissous réalisées par le ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) » le 17 avril. Ce phénomène d’anoxie hivernale, jumelé à l’arrivée de températures élevées (rappelons qu’il a fait plus de 20° Celsius lors du week-end des 15 et 16 avril), a causé le décès des poissons. « Les mesures réalisées sur le lac du Moulin ont démontré que le plan d’eau est en déficit d’oxygène actuellement. C’est ce qui explique la mortalité des poissons. Cette mortalité a vraisemblablement eu lieu sous le couvert de glace en fin de saison hivernale. Chaque année, quelques poissons morts sont retrouvés au printemps », explique le porte-parole de la Sépaq, Simon Boivin.

C’est aussi ce que nous confirme le MELCCFP. « Dans une telle situation, les poissons reposent sur le fond, mais lorsque la température augmente, les poissons morts remontent à la surface. Cette mortalité constatée concerne [surtout] des carpes, poissons que l’on retrouve dans les eaux profondes du lac. »

Le MELCCFP précise son explication. « Avec la prise des glaces à la fin de l’automne, il n’y a plus d’échange avec l’air ambiant à la surface. L’oxygène sous la couche de glace représente l’entièreté du réservoir d’oxygène disponible pour le lac pendant la saison hivernale. Ce réservoir doit être partagé entre toutes les espèces aquatiques. Le lac du Moulin n’est pas alimenté en eau par plusieurs tributaires, ce qui limite les apports d’oxygène en hiver. Pendant la saison froide, les matières organiques au fond du lac sont décomposées par les bactéries, qui consomment l’oxygène stocké. Dans plusieurs lacs, ce phénomène naturel peut entraîner des déficits en oxygène (anoxie) à la fin de l’hiver, ce qui peut entraîner la mort de poissons. » 

Quand on lui demande si d’autres poissons ont subi le même sort dans d’autres lacs de la montagne, M. Boivin répond que la Sépaq « n’a pas d’indication en ce sens » pour l’instant. « Les équipes du parc national ont retiré les poissons morts [la semaine dernière]. Le lac devrait se recharger en oxygène à la suite du départ des glaces et avec les vents printaniers », ajoute-t-il.

Mère Nature aura fait son œuvre…