Quoi faire avec les cerfs? 

Le sujet des cerfs de Virginie a été abordé lors de l’assemblée régulière du 18 avril, à Saint-Bruno-de-Montarville. 

« Il y a beaucoup de chevreuils à Saint-Bruno cette année. Sur ma rue, on comptait une harde de sept chevreuils, qui envahissaient les terrains. Ils peuvent être assez destructeurs », relate Serge Moquin, un citoyen qui s’est adressé au conseil municipal. 

La présence du cerf de Virginie dans les rues de la ville ou sur les terrains résidentiels n’est pas un cas isolé, et ce, depuis quelques années déjà. « On vit proche d’un parc. On sait qu’il y a des conséquences de surpeuplement », souligne M. Moquin.

La montagne qui se meurt

Il y a un an, le conseiller municipal du district 3 à Saint-Basile-le-Grand, Denis Vézina, déplorait « qu’au-delà du dommage dans les villes et chez les citoyens, c’est la montagne qui se meurt ». L’élu siège à la Table d’harmonisation du parc national du Mont-Saint-Bruno. « Nous assistons à une dégradation sans précédent de notre patrimoine naturel et de la biodiversité de nos parcs nationaux », déclarait M. Vézina.  

Mais quand le chevreuil quitte le parc national pour se nourrir sur le territoire municipal, à qui revient la responsabilité? « On a des bêtes qui se promènent sur le territoire municipal, qui peuvent devenir un danger de sécurité publique ou un enjeu de santé. Parce que cette bête-là est un grand vecteur de transport de la tique », martèle Serge Moquin.

Tiques et maladie de Lyme

Les tiques peuvent transmettre la maladie de Lyme. Au Québec, selon les données de surveillance publiées, les tiques Ixodes scapularis sont établies dans certains secteurs de plusieurs régions, dont Saint-Bruno-de-Montarville et la Montérégie. 

Pour M. Moquin, la présence du cerf hors du parc national devient non seulement un problème au niveau provincial, mais aussi un enjeu au chapitre municipal. « On ne doit pas se défiler de ça! On doit prendre des mesures, parce qu’au niveau du parc, [la Sépaq] n’est pas assez rapide pour réduire le cheptel. Il faut savoir quoi faire au municipal. On ne peut pas dire que l’on n’a pas une responsabilité municipale », mentionne le Montarvillois.

Le maire de Saint-Bruno-de-Montarville, Ludovic Grisé-Farand, a rappelé que le parc national du Mont-Saint-Bruno, contrairement au parc municipal Michel-Chartrand de Longueuil, est un parc provincial et qu’il est de juridiction du provincial et des deux ministères concernés, Faune et Parcs nationaux. « On a posé la question. Quand c’est sur notre territoire, est-ce qu’on peut agir? Non, non, non! Dans tous les cas, on ne peut pas agir. Nous, on ne peut rien faire », se défend Ludovic Grisé-Farand, pour répondre à M. Moquin.  

« Une problématique qui dépasse largement les frontières des parcs nationaux. » – Simon Boivin 

Un décompte

Il y a quelques mois, un hélicoptère a été aperçu à basse altitude au-dessus de la montagne afin de réaliser l’inventaire du nombre de cerfs.

La conseillère municipale du district 6, Hélène Ringuet, siège aussi à la Table d’harmonisation pour le parc national du Mont-Saint-Bruno. Elle fait des suivis sur le dossier. « La Sépaq a un plan d’action qui est prêt. Ça s’en vient, ça chemine. Plusieurs choses ont été faites, entre autres un décompte afin de connaître la population exacte. Il y a plusieurs foyers : la montagne, le bas de la montagne et un peu plus loin, derrière la route 116. On veut avoir les chiffres exacts, le nombre de chevreuils… », dit-elle.

La réponse de la Sépaq

« La Sépaq est l’exploitant des parcs nationaux. Elle n’est pas propriétaire des cerfs présents sur son territoire, rappelle le porte-parole de la Sépaq, Simon Boivin. Il s’agit d’animaux sauvages dont elle ne contrôle pas les déplacements. » Pour la Sépaq, la prolifération des chevreuils est un enjeu régional. « Une problématique qui dépasse largement les frontières des parcs nationaux », insiste Simon Boivin.  

Plan d’intervention… à l’automne 2023

La Sépaq a l’intention de mener une intervention afin de réduire le cheptel de cerfs de Virginie à l’intérieur des limites des parcs nationaux du Mont-Saint-Bruno et des Îles-de-Boucherville. Elle en avait fait l’annonce en février 2022. « L’opération n’a pas eu lieu à l’automne 2022. Une modification réglementaire doit être réalisée par le ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs afin de permettre la réalisation de cette opération qui est maintenant prévue pour l’automne 2023. Il s’agit d’une opération inédite et complexe dans des parcs nationaux en milieu urbain qui nécessite une planification rigoureuse », de conclure Simon Boivin.