Les Égarés – Un monde perdu

L’instabilité de l’Europe à la fin des années 1930 fait de Cyril Pumpermaker un homme effacé, voire effrayé par les rumeurs du monde. Ayant hérité d’une confortable somme d’argent, il vient d’achever l’écriture d’un roman, Belzéboul, dont il ne sait s’il a envie ou non qu’il soit publié.

C’est à ce moment que surgit dans sa vie l’insaisissable Jonathan Absalon Varlet, un être que charisme et charme rendent irrésistible. Varlet proposera à Pumpermaker que tous deux s’unissent et deviennent Gilbert K. Chesterfield. Ce Chesterfield, que Varlet incarnera, sera l’auteur officiel de Belzéboul, ce qui convient parfaitement au discret Pumpermaker.

Ainsi, grâce à la personnalité flamboyante de Varlet, Belzéboul deviendra vite un best-seller dont on tirera pièce de théâtre, film et une ribambelle de produits dérivés. « Chesterfield » est désormais riche, célèbre, adulé et lauréat du prix Nobel. Cependant, pour un homme comme Varlet, un succès basé sur l’usurpation d’identité, on s’en doute, ne peut être satisfaisant. Voulant donner à sa vie plus de magnitude, Varlet s’engagera d’abord dans une lutte contre le régime nazi d’Hitler, puis contre les troupes franquistes en Espagne. Il fera aussi construire en Afrique un hôpital pour les lépreux, s’efforçant, au seuil de la Seconde Guerre mondiale, de voir se matérialiser ces valeurs primordiales de l’être humain que sont l’amour, l’inclusion, l’ouverture.

Généreux en intrigues, truffé de rebondissements, intelligemment construit, établissant de nombreux liens avec les grands mythes de l’Histoire et faisant preuve d’une érudition scintillante, mais jamais assommante, Les Égarés, par la profondeur de ses réflexions et ses multiples péripéties, relance continuellement l’intérêt du lecteur. La qualité de l’écriture et l’universalité des thèmes abordés lui valurent d’ailleurs, en 1983, le prix Goncourt. Ce roman, le lecteur le terminera certes à regret, mais en se sentant plus intelligent, plus sensible, plus humain. 

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