La fille laide

Bernadette, une jolie veuve d’âge mûr, a besoin d’aide sur sa ferme. Elle engagera Fabien qui entretiendra les bâtiments et travaillera aux labours, puis Édith, qui s’occupera de l’ordinaire de la maison. Fabien est grand, beau, musclé; Édith est maigre, la peau jaune et le cheveu filasse. Bernadette, qui se sait avenante, signifiera rapidement à Fabien que son lit, la nuit, est bien grand, bien froid. Mais ce dernier n’a d’yeux que pour l’autre, cette fille laide que lui trouve étrangement belle.

Jalouse, Bernadette deviendra de plus en plus cruelle avec Édith. Quant à cette dernière, refusant d’imaginer que quiconque puisse « avoir du sentiment » pour une fille dénuée d’attraits, elle repoussera les avances de Fabien, avant d’exiger de lui une preuve de son amour. Elle lui sera donnée. Et quelle preuve! Édith n’aura dès lors d’autre choix que de céder aux avances de Fabien, d’accepter la sincérité de son amour.

C’est un ami qui me suggéra, il y a plusieurs années, la lecture de ce roman, le tout premier d’Yves Thériault, en me disant que ça te prend au tout début « presque comme un roman policier ». Or, même si l’intrigue démarre promptement, c’est d’abord à cause de la langue que La fille laide nous happe dès les premières pages. Colorée et dépouillée, cette langue inattendue fascine par sa poésie brute et pleine d’aspérités. Puis, la quasi-animalité de Bernadette, d’Édith et de Fabien, et leur nature d’écorchés, enferrés malgré eux dans un triangle amoureux dont l’issue ne pouvait être que fatale, captiveront à leur tour, suscitant émotions et questionnement.

Un roman puissant, qui se lit presque d’un trait et que l’on referme avec une envie : lire autre chose de la plume de ce talentueux et prolifique auteur de chez nous.

La fille laide d’Yves Thériault est disponible à la bibliothèque.