Minta, le bébé de René Didier
« La naissance, le développement et la pérennité de l’Opération Minta ne peuvent s’expliquer que par l’enthousiasme, l’imagination et la ténacité d’équipes paroissiales, et par l’action bénévole et tenace de centaines de personnes conquises par le projet au fil des années. Deo Gratias! (Rendons grâce à Dieu) »
C’est en 1969 que M. Didier, alors résidant de Saint-Bruno, mettait beaucoup d’espoirs dans un projet humanitaire lequel, sans qu’il le sache, allait changer la vie de milliers de personnes, plusieurs décennies plus tard. Avec la précieuse collaboration du curé de la paroisse de l’époque, l’abbé Lucien Foucreault, René Didier fonde dès lors Minta. « L’abbé Foucreault a été l’âme présente et mobilisatrice de ce projet, de souligner M. Didier.Dans une homélie, il a un jour exprimé le désir de voir la paroisse s’impliquer dans la lutte contre le sous-développement et demandé aux personnes présentes de lui proposer des idées. Je l’ai alors rencontré après la messe et je lui ai parlé du projet que je chérissais. Il était enthousiasmé : l’Opération Minta venait de naître! »
L’avant-Minta
Six ans avant la mise sur pied de l’Opération Minta, René Didier se rend à Yaoundé, la capitale politique du Cameroun. Lors de son voyage, il rencontre un vieux missionnaire de brousse, le père Jean Chevalier, spiritain, curé de Minta, une grosse paroisse située au nord-est de la capitale, en pleine forêt.
Les deux hommes discutent de la situation problématique que vivent les habitants de Minta et du projet sur lequel travaille le père Chevalier depuis plus de 20 ans : inventer un moyen de transport adéquat pour l’évacuation des grands malades de sa paroisse vers les hôpitaux situés à grande distance.
À l’aide de vieilles roues d’autos récupérées et de fer à béton, le père Chevalier, très bricoleur, fabrique de petites voitures munies d’un timon où peuvent s’atteler 2, 4 ou 6 hommes. C’est incontestablement un progrès, mais cela ne le satisfait pas : il préférerait un moyen de traction plus moderne. Après des années de recherche et de travail sur le croisement de plusieurs espèces d’ânes, il réussit à en créer une qui résiste à la mouche tsé-tsé. Malheureusement, il n’a pas les moyens financiers adéquats pour développer son expérience.
« Absolument séduit par son projet, je lui promets de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour l’aider à trouver du financement. Pendant quatre ans, toutes mes tentatives dans de nombreuses paroisses se soldent par un échec, jusqu’à ce que ma femme et moi arrivions à Saint-Bruno, raconte-t-il. Nous avons vu les Montarvillois, jeunes et moins jeunes, se mobiliser avec une générosité extraordinaire. »
Quarante ans plus tard…
Après plusieurs missions pour Minta, René Didier et sa conjointe cessent leurs activités au sein de l’organisme pour cause de déménagement en France. C’est l’an dernier, alors qu’il n’a plus entendu parler de Minta depuis 1979, que René Didier a la surprise d’apprendre que son « bébé » est toujours en vie. « On sait que dans des opérations comme celle-là, au bout de quinze ans, l’implication des bénévoles diminue, alors que là, c’est extraordinaire de voir que l’initiative Minta tient toujours à cœur aux Montarvillois. Bébé a bien grandi et a pris son envol!, d’ajouter M. Didier, qui a créé des dizaines d’institutions de ce genre dans sa carrière. Ce qui me frappe aujourd’hui, c’est qu’il y ait autant de jeunes qui appuient l’organisme, ce qui montre un dynamisme considérable. »
Aujourd’hui âgé de 84 ans, René Didier est on ne peut plus fier de l’évolution qu’a connue l’organisme. Malheureusement, il ne pourra pas être présent à la marche de ce samedi, mais il appelle tout de même la population à la solidarité pour ces milliers de gens défavorisés.