Pollution lumineuse

La Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq) souhaite combattre la pollution lumineuse dans l’ensemble de son réseau, dont celui du parc national du Mont-Saint-Bruno.  

Le parc national du Mont-Saint-Bruno est le deuxième parc national au Québec au palmarès des ciels les plus lumineux. Tout près, le parc national des Îles-de-Boucherville arrive au premier rang.    

« Au parc national du Mont-Saint-Bruno, ce sera intéressant de constater l’influence que peut avoir l’éclairage des pistes de la station de ski. » – Rémi Boucher

« Le parc des Îles-de-Boucherville est collé sur Montréal. Celui du Mont-Saint-Bruno est situé à proximité des grands centres aussi. Il y a beaucoup de pollution lumineuse à Montréal et dans les villes de la Rive-Sud », explique le coordonnateur scientifique et porte-parole de la Réserve internationale de ciel étoilé du Mont-Mégantic, Rémi Boucher. 

En octobre, Rémi Boucher est venu à Saint-Bruno-de-Montarville afin d’installer un photomètre TESS près de l’accueil du parc national. Sa lentille pointe vers les étoiles. Cet appareil permet de suivre la luminosité du ciel. « Donc, la pollution lumineuse, précise Rémi Boucher. Le photomètre prend des mesures, toutes les minutes de toutes les nuits, et nous aide à suivre l’évolution de la pollution lumineuse. Nous en avons une vingtaine dans le Québec, soit dans chacun des parcs. »     

La neige au sol, la présence de nuages dans le ciel ou encore la pleine lune peuvent influencer les mesures qu’enregistre le photomètre. « Au parc national du Mont-Saint-Bruno, ce sera intéressant de constater l’influence que peut avoir l’éclairage des pistes de la station de ski », mentionne M. Boucher.   

Dans le cadre du projet pour combattre la pollution lumineuse, la Sépaq veut aussi effectuer l’inventaire des sources lumineuses de ses parcs afin d’en améliorer l’éclairage. Au mont Saint-Bruno, il y a une soixantaine de luminaires installés sur le site. Au cours des prochaines années, ceux-ci seront remplacés par des luminaires avec la bonne intensité et la bonne couleur (éclairage ambré plutôt que blanc). La lumière sera aussi dirigée vers le sol plutôt que vers le ciel. « Oui, pour réduire l’empreinte de la pollution lumineuse et bonifier l’accès au ciel étoilé, mais aussi pour offrir une meilleure expérience aux visiteurs. Si ça pouvait influencer les villes autour à faire de même, ce serait l’idéal », expose le coordonnateur scientifique. 

Enfin, l’objectif de ce projet, qui devrait aboutir d’ici quelques années, est aussi de réduire l’empreinte de la pollution lumineuse sur l’écosystème, les espèces aquatiques, les insectes. « Il y a un enjeu de conservation et de population animale. Nos parcs veulent adopter de bonnes pratiques; c’est normal de donner l’exemple », ajoute Rémi Boucher.

La réaction de la SAMO

Pour l’astronome amateur et membre de la Société d’astronomie de la Montérégie (SAMO), Robert Saint-Jean, cette annonce de la Sépaq est « une très bonne nouvelle, mais aussi pour la population en général ainsi que pour la faune et la flore! ». Il précise que « Tous les efforts visant à réduire la pollution lumineuse sont appréciés. »    

Selon le Montarvillois, déjà la Sépaq faisait des efforts en ce sens, notamment avec des installations d’éclairage que Robert Saint-Jean qualifie de « très raisonnables ». Il poursuit que « Rien au-dessus de la ligne horizontale, éclairage bleu minimal… Nous l’avions constaté lors de la soirée des Perséides du 12 août dernier. Il y a très peu d’infrastructures éclairées dans le parc. »

Quand on lui demande si le parc national du Mont-Saint-Bruno est un bon endroit pour observer les étoiles et les planètes, l’astronome estime que la montagne « constituerait un bon site d’observation en milieu semi-urbain. Toutefois, les terrains ne sont pas accessibles après le coucher du soleil sauf en de rares occasions. Personnellement, comme j’ai un petit observatoire à Saint-Bruno, tous les efforts visant à réduire la pollution lumineuse sont appréciés ».