Un nouveau départ
De ministre de l’Éducation à ministre de la Langue française, c’est un « nouveau départ » qui s’amorce pour Jean-François Roberge, député de la circonscription de Chambly.
« Des gens ont dit que j’avais perdu l’Éducation. Je ne l’ai d’aucune manière perdue. J’avais reçu un mandat de quatre ans », affirme l’ancien ministre de l’Éducation Jean-François Roberge. De toute l’histoire du Québec, il fait partie des rares ministres à avoir complété entièrement son cycle à son poste. « C’était le temps d’un renouvellement. C’était le temps d’un changement », convient-il.
« Ce qui a été difficile, ça a été la pandémie et de composer avec l’enseignement à distance. Il faut se le dire, on n’était pas prêts. » – Jean-François Roberge
Jean-François Roberge a traité avec un réseau scolaire houleux. À de multiples reprises, le mécontentement a été manifesté à l’endroit de celui qui gérait les dossiers en matière d’éducation. « Ce qui a été difficile, ça a été la pandémie et de composer avec l’enseignement à distance. Il faut se le dire, on n’était pas prêts », admet Jean-François Roberge qui se rapporte aux fermetures d’écoles en mars 2020. À ce moment, le gouvernement annonçait que les écoles fermaient pour les deux semaines à venir. Certaines n’ont rouvert que plusieurs mois plus tard, dans l’application de mesures contraignantes. « C’est un cauchemar de devoir fermer ses écoles pour un ministre de l’Éducation », ajoute-t-il.
Jean-François Roberge ne sent pas le réseau hargneux à son endroit. « C’est un réseau avec ses défis, comme tous les autres […] j’ai beaucoup d’amis dans le réseau scolaire. On ne fera jamais l’unanimité », explique Jean-François Roberge qui estime avoir pris des décisions au meilleur de ses connaissances à travers ce parcours.
Ministre de la Langue française
Jean-François Roberge déclare avoir eu une discussion avec François Legault, premier ministre du Québec, avant l’élection d’octobre 2022. « Je lui avais manifesté mon désir de m’occuper de la langue française », fait part le député chamblyen. Il ne pouvait toutefois pas présumer qu’une place lui serait allouée au sein du Conseil des ministres, dévoilé le 20 octobre dernier. « Quelqu’un qui se ferait des scénarios serait condamné à être déçu », met-il en perspective.
Est-ce que ça se réclame auprès de son premier ministre, un ministère? « Ça ne nous est pas dû d’être ministre […] il ne m’est jamais venu à l’idée d’aller voir le premier ministre et de lui dire que c’est moi qui devrais être ministre, et pas les autres », dit M. Roberge.
Ce changement de chapeau, il l’embrasse avec fierté. « C’est sûr que j’ai eu comme un vertige parce que c’est une responsabilité extrêmement importante dans le contexte actuel », exprime-t-il. Le ministre fait ici allusion aux données du recensement 2021 sorties en août dernier de Statistique Canada. Celles-ci avaient révélé que le français continuait de reculer au Canada comme au Québec, tandis que le nombre de personnes dont l’anglais est la première langue officielle dans la province dépassait maintenant le million de locuteurs, du jamais vu. « D’avoir ces responsabilités, c’est lourd et en même temps emballant. Mon travail n’est pas de penser que je serai celui qui sauvera le français. C’est plutôt la mission de travailler en équipe avec tout le monde. Le ministre de la Langue française ne peut pas, à lui seul, tout régler », mentionne M. Roberge.
Pour que cette langue ne poursuive pas sa chute, il anticipe devoir travailler sur plusieurs fronts à la fois. La santé, l’immigration, l’enseignement supérieur, l’éducation et la culture font notamment partie de la liste. « Le constat est dur, les chiffres sont graves, mais je ne suis pas défaitiste », positionne le ministre de la Langue française. Dans 200 ans, il anticipe un Québec encore francophone. « On ne s’excusera pas d’être Québécois. Ce ne sera pas simple mais c’est comme ça qu’on va réussir », complète-t-il. Maintenant, le défi du ministre de la Langue française est de cesser le déclin de la langue et d’inverser la tendance.