Skier malgré tout

Le cocktail météo que nous avons reçu pendant la période des Fêtes n’a pas particulièrement aidé à l’entretien des pentes à la station Ski Saint-Bruno.

Le réveillon s’est avéré neigeux cette année en raison de la forte tempête qui a soufflé sur tout le Québec. Mais cela n’a pas duré. À partir du 29 décembre, la neige a fait place à la pluie et le mercure est monté au-dessus du point de congélation pendant plusieurs jours consécutifs. Un cocktail météo qui a fait disparaitre la belle couverture blanche qui s’était accumulée. Selon le site Internet de MétéoMédia, environ 20 millimètres de pluie sont tombés entre le 29 décembre et le 2 janvier à Saint-Bruno-de-Montarville. La moyenne de température pour ces journées était de 6.9 degrés Celsius. Ce qui est au-dessus des moyennes normales de saison. À pareille date, en 2021 et début 2022, toujours selon le site Internet de MétéoMédia, la moyenne de température était de -2.6 degrés Celsius.

» Ça fait 35 ans que l’on est ici, c’est la première fois que je vis ça. »
– Michel Couture

La station de ski

La famille Couture est propriétaire de la station Ski Saint-Bruno depuis maintenant 35 ans. C’est la première fois qu’une telle situation arrive. « C’est une acrobatie de haute voltige en tant que gestionnaire de station de ski pour maintenir le produit et les services. Ça fait 35 ans que l’on est ici, c’est la première fois que je vis ça », affirme Michel Couture, propriétaire de Ski Saint-Bruno. Pourtant, il ne s’inquiète pas outre mesure. « C’est une opération qui n’est pas si désagréable que ça. Ça amène son gain de bonheur au niveau du confort extérieur. L’occasion est géniale pour les gens qui veulent skier dans des températures plus clémentes. De plus, il y a moins de monde, donc, moins d’attente. »

Habituellement, pendant le temps des Fêtes, de 3 000 à 5 000 personnes fréquentent le site chaque jour. Cette année, il y avait environ 500 personnes.
« Globalement, c’est des manques à gagner. Il y a des pertes et des gains, toujours. Ce n’est pas des -30 degrés, du verglas, et de la pluie qui amènent de la clientèle. Il y a plein d’événements qui occasionnent des bris d’opération, des ralentissements de l’achalandage.

On est tôt dans la saison, dès qu’il va neiger un peu, il y aura une explosion et un rebond », explique Michel Couture. Il est confiant que des températures plus froides amèneront un retour du balancier.

Le fond de neige

Habituellement, selon M. Couture, le fond sur les pistes doit contenir entre deux et trois pieds de neige compactée. « En ce moment, on est tombés en bas d’un pied de neige », affirme le propriétaire. Pour l’instant, il doit attendre des températures plus froides pour mettre en marche les canons à neige. La température doit descendre au moins à -3 degrés. À cette température, la station de ski peut atteindre environ 15 % de sa capacité de production. Mais c’est à -8 degrés que la capacité de production de neige atteint les 100 %. « Depuis le début de la saison, il n’a pas fait -8 degrés souvent. La production est relativement lente. » Depuis le début de la saison, seulement 40 centimètres de neige naturelle sont tombés sur le mont Saint-Bruno. L’entièreté des pistes est enneigée artificiellement pour maintenir une épaisseur raisonnable de neige.

Le fond de neige a grandement diminué. « C’est 50 % de nos réserves de neige qui sont parties. Mais 75 % du domaine est encore enneigé, seulement trois pistes sont fermées, mais la grande majorité demeure ouverte. On a fermé des pistes qui étaient plus minces, par prudence. Mais il n’y a aucun impact au niveau de l’accessibilité du domaine skiable, de la diversité de la pratique. Tous les versants sont ouverts et la majorité des remonte-pentes le sont également », affirme Michel Couture.

Retour à la normale

Lors de l’entrevue avec Les Versants, mercredi dernier, Michel Couture prévoyait recommencer la production de neige le samedi soir suivant [le 7 décembre]. Les températures annoncées étant autour de -6 degrés. « Pour nous, le plaisir commence samedi soir. On décolle, ça va rouler à très grande vitesse. On va réhiverniser la montagne. Ça va être spectaculaire. Saint-Bruno est quand même très bien investi au niveau du système de fabrication de neige. On a l’un des systèmes les plus puissants au Québec par rapport à la capacité de neige à l’heure que l’on peut produire. »

Rappelons que la saison de ski est d’environ 120 jours et qu’il reste une dizaine de semaines avant la fermeture de la station au printemps.

Neige artificielle

Pour créer de la neige artificielle, des canons à neige sont utilisés. Ceux-ci expulsent de l’eau dans l’air ambiant. Cette eau se transforme en glace avant de toucher le sol. Les gouttelettes expulsées par les canons sont minuscules. Les trous des jets et la pression avec laquelle les gouttes sont projetées les réduisent en mini-gouttes d’environ 0,5 millimètre. Ensuite, un autre jet diffuse de l’air comprimé. Les deux jets combinés forment une neige. Mais celle-ci est bien différente de la neige naturelle. Les flocons naturels comptent six pointes. La neige artificielle n’a pas la forme hexagonale des flocons; ses éléments ressemblent davantage a de petites sphères. Cette forme de neige fond moins rapidement, permettant aux stations de ski de demeurer ouvertes plus longtemps.

À la station Ski Saint-Bruno, on dénombre pas moins de 60 gros canons-ventilateurs à haute efficacité. Ceux-ci peuvent atteindre une production de 864 mètres cubes de neige par heure. Ce qui représente 86 camions [de type déneigement] ou 2 000 camions par jour. Avec des conditions optimales, il est possible d’enneiger deux pistes par jour. L’opération totale prend environ neuf jours.