Poussière sur la ville

L’être humain, par ses actions et ses choix, façonne sa vie et se rend seul maître de son destin par les valeurs qu’il adopte. Telle est la vision de l’existentialisme, philosophie largement répandue à l’époque où parut Poussière sur la ville d’André Langevin.

Or, ce roman traite justement de choix, ceux du docteur Alain Dubois, un homme aussi rationnel que veule qui a choisi de s’établir dans la petite ville minière de Macklin, grise et triste comme un goulag. Il a choisi aussi d’y entraîner sa jeune et séduisante épouse Madeleine, créature insaisissable et passionnée qui rêvait d’une tout autre vie. Il a également choisi, en apprenant que Madeleine le trompait avec le beau Richard Hétu, d’accepter que sa femme reçoive son amant dans leur maison, puisqu’il a choisi de donner préséance à son bonheur à elle. Il a choisi, enfin, de rester à Macklin malgré les malheurs qui l’ont assailli et l’hostilité de la population, qui ne lui fera jamais confiance.

Poussière sur la ville nous invite à une profonde réflexion sur l’indicible solitude des êtres, sur la recherche désespérée du bonheur et surtout sur le refus des conventions religieuses ou autres, car les actions d’un homme ne sauraient lui être dictées par des doctrines théologiques ou morales. Malheureusement, ce principe, la ville et le clergé ne l’admettront jamais et se ligueront pour mettre fin, par machination, à la scandaleuse liaison de Madeleine et Richard. Au fond, c’est l’histoire de la lutte perpétuelle entre la liberté et l’ordre établi.

Si André Langevin publia très peu – cinq romans et une pièce de théâtre –, Poussière sur la ville, brillamment porté à l’écran par Arthur Lamothe,demeure incontestablement, et au même titre que Bonheur d’occasion de Gabrielle Roy, parmi les œuvres les plus importantes de notre répertoire romanesque.

(Poussière sur la ville est disponible à la bibliothèque)