Le roman de la consécration pour Mélissa Perron

Mélissa Perron a fait paraître son troisième roman, le 3 août dernier, lors d’un lancement auquel le maire de Saint-Bruno-de-Montarville et la ministre de la Culture ont assisté. Dans Au gré des Perséides, la Montarvilloise poursuit les aventures de son attachant personnage, Fabienne Dubois.

Deux semaines après ce lancement, la maison d’édition, Hurtubise, s’en va en réimpression. Au moment d’écrire ces lignes, Au gré des Perséides est en train de devenir un best-seller, si ce n’est pas déjà réalisé.

Réimpression

Pour Mélissa Perron, que l’on a pu voir très émotive sur les réseaux sociaux à la suite de cette annonce, diffusée le 17 août, « c’est extraordinaire! C’est plus qu’une réimpression. Ça me prouve que je suis valide. Ça me prouve que je suis à la bonne place et, surtout, que j’ai ma place. Je suis valide », répond l’écrivaine, à qui l’on doit aussi Promets-moi un printemps (2019) et Belle comme le fleuve (2021). Tous chez Hurtubise.

Encore fébrile concernant la réimpression de son plus récent titre, elle poursuit : « Je suis surtout heureuse pour la petite Mélissa qui pensait ne rien faire de sa vie, qui n’a pas son diplôme secondaire, qui était en dépression. Ça me prouve que j’ai bien fait de continuer… Ça fait vibrer quelque chose en moi de beaucoup plus grand que ‘’juste’’ la joie d’être réimprimée. »

Le lecteur assidu des œuvres de Mélissa Perron se souviendra du fait que Promets-moi un printemps aborde le thème de la dépression, alors que Belle comme le fleuve explore l’autisme au féminin. Rappelons que la mère de famille a reçu un diagnostic d’autisme Asperger, à l’âge de 38 ans. Un soulagement qui lui amenait des réponses aux questions qu’elle se posait depuis des années. D’ailleurs, dans une lettre publiée dans La Presse, le 1er août 2021, « Femmes caméléons », Mélissa Perrron déclarait : « Le 22 juin 2018 […] à 38 ans, j’apprenais enfin que je n’étais pas folle : j’étais une femme autiste à haut niveau de fonctionnement, ou Asperger. Ma quête était terminée, je pouvais enfin me poser et, pour la première fois, vivre. »

Le journal Les Versants a contacté l’éditeur de la Montarvilloise chez Hurtubise, André Gagnon, afin de lui demander, selon lui, ce qui explique le succès des romans de Mélissa Perron. « L’auteure est unique, et son héroïne l’est tout autant. Je crois qu’il ne faut pas chercher plus loin les raisons de son (leur) succès. La chose est passée complètement inaperçue dans le paysage littéraire québécois, mais Mélissa Perron demeure à ce jour la seule femme auteure autiste à avoir abordé le quotidien de la femme adulte autiste », souligne M. Gagnon.

Fabienne Dubois

Puis il reprend, cette fois en évoquant Fabienne Dubois, le personnage principal des trois bouquins : « Mais le succès de Mélissa s’explique encore plus simplement. Fabienne est irrésistible. Qu’elle aille bien ou moins bien, on veut la suivre dans ses aventures et ses élans, ses hauts et ses bas, ses joies et ses chagrins. C’est une amie de papier qui nous donne envie d’entrer dans le livre pour la retrouver en vrai. Fabienne a ce quelque chose de vrai en lequel on se reconnaît, peu importe notre sexe ou notre âge. »

« C’est extraordinaire! C’est plus qu’une réimpression. Ça me prouve que je suis valide. Ça me prouve que je suis à la bonne place et, surtout, que j’ai ma place. Je suis valide. » – Mélissa Perron

Les secrets

Cette fois, avec ce nouvel ouvrage, la romancière évoque le thème des secrets. Le genre de secrets dont il faut se libérer « pour ne pas crever la tête pleine », pour citer Smart, un cinéaste que le lecteur rencontre dès le premier chapitre d’Au gré des Perséides. « C’est un thème universel. Ces temps-ci, il y a des langues qui se délient. Les gens parlent. Surtout des femmes. Le message de fond de ce livre-là, c’est une invitation à se libérer », explique la principale intéressée.

Dans le roman, le passage de Fabienne au columbarium pour visiter son père, une scène particulièrement forte, touchante et drôle à la fois, lui permet de se libérer de certains secrets.

Quand on lui demande si elle refoule des secrets dont elle souhaiterait se débarrasser pour ne pas mourir la tête pleine, Mme Perron répond par l’affirmative. Elle précise : « C’est toujours le temps de le faire. Mais ça prend beaucoup de courage. Quand on se lance, il faut s’attendre à des répercussions, à des effets secondaires. Il faut savoir le faire au bon moment. »

D’ailleurs, le journal a questionné André Gagnon, l’éditeur, afin de savoir quel était le secret pour que les manuscrits de Mélissa Perron soient publiés. « Mélissa a été remarquée sur la foi de seulement quelques pages de manuscrit. La saveur, la couleur de son ton, la singularité de sa pensée, ses images et ses dialogues cinématographiques, tout appelait un verdict sans équivoque : cette femme devait être accompagnée, soutenue, diffusée, célébrée! Si un éditeur, une éditrice ne perçoit pas le potentiel d’une auteure comme Mélissa en seulement quelques paragraphes, il ou elle serait peut-être mieux d’aller élever des fromages de chèvre en Nouvelle-Zélande! », lance-t-il.

Un quatrième roman en chantier

Avis aux lecteurs, les aventures de Fabienne Dubois ne sont pas terminées. Cependant, l’écrivaine qui l’a sortie de sa tête pour la transposer sur le papier planche actuellement sur un quatrième roman, mais tout autre. Différent. Mélissa Perron reviendra vers Fabienne, éventuellement. « J’ai besoin d’une pause, j’ai besoin que Fabienne mature un peu. J’ai besoin d’une période tampon. »

Le mot de la fin appartient à André Gagnon, qui ne tarit pas d’éloges à propos de la Montarvilloise : « Bien franchement, bien humblement, Mélissa Perron n’a pas à s’améliorer. Laissez-la juste écrire et publier. Respectez-la, accompagnez-la, donnez-lui la chance de rayonner et de rencontrer son public… et continuez à parler d’elle et de ses œuvres lumineuses et sensibles! »