Bilan 2021 du Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL)

Le SPAL a dressé le bilan de ses activités pour l’année 2021. Il s’inquiète de ce que pourrait entraîner la détresse psychologique dans les prochaines années concernant la criminalité sur son territoire.

Les violences conjugales, les crimes sexuels, la fraude, la pornographie juvénile, des délits liés à la santé mentale, la détresse psychologique ont eu tendance à augmenter au sein de l’agglomération de Longueuil en 2021. Saint-Bruno-de-Montarville, ne fait pas exception à la règle.

« La criminalité à Saint-Bruno, de façon générale, est influencée par la présence des Promenades St-Bruno », d’expliquer Patricia Brosseau, analyste stratégique au SPAL. Vols à l’étalage, vols de voiture, vols de catalyseur sont parmi les infractions constatées à cet endroit, qui participent à une hausse du taux de criminalité dans l’agglomération de 6,5 %. Une hausse importante que le SPALminimise cependant. En effet, en 2020, en raison de la pandémie et du couvre-feu, les chiffres de la criminalité ont été très bas. « Il y a eu en 2020 près de 6 mois de couvre-feu. Forcément, la comparaison avec 2021 marque une grosse différence », de souligner le directeur de police du SPAL Fady Dagher.

L’agglomération épargnée
Le SPAL souligne le fait que l’agglomération a été épargnée par la vague de féminicides qui a déferlé sur tout le Québec en 2021. De plus, l’agglomération présente l’un des plus faibles taux au Québec d’événements où des coups de feu ont été tirés. « On travaille beaucoup sur les stupéfiants et à travers cela, on saisit depuis deux ou trois ans beaucoup d’armes qui n’ont pas été utilisées dans des fusillades. On fait des saisies parfois même dans un contexte de violence conjugale, de santé mentale. Dès qu’on voit des armes à feu, elles sont prises et on les retire du marché », précise M. Dagher.

Le SPAL a aussi enregistré un plus grand nombre de délations l’an dernier. Ce sont 129 648 cartes d’appel qui ont été complétées par le personnel du 911, soit environ 1000 appels de plus que l’année 2020.

« Pour que la prévention donne des résultats probants, cela prend des années. » – Fady Dagher

La proximité de RÉSO
Durant cette année, le SPALa été en mesure d’aller de l’avant avec le projet de ses policiers Réseau d’Entraide Sociale et Organisationnel (RÉSO) déployés en décembre 2021.
Cette nouvelle approche de Police de Concertation, unique au Québec, met la table pour un nouveau modèle de services policiers qui pourrait un jour être repris dans d’autres villes du Québec ou ailleurs dans le monde. « On pourra tirer des conclusions sur cette nouvelle approche dans 1 ou 2 ans », tient à souligner le directeur.

Une visibilité positive
M. Dagher ne manque pas une occasion pour faire connaître sa démarche. « Cette visibilité permet de faire savoir à la population que son service de police se réforme pour répondre à leurs besoins. Cette visibilité permet aussi de faire changer les mentalités à l’interne. Plus les médias parlent de nous en bien, et c’est plutôt rare, plus les plus réfractaires vont embarquer dans le projet. Le troisième objectif est de montrer à nos partenaires communautaires qu’on travaille avec eux. Il y a aussi le côté financier qui est rattaché à cette visibilité. Une approche aussi différente et audacieuse, c’est difficile d’y croire. Donc oui, nous avons besoin d’attirer l’attention politique à nos besoins. Les besoins du SPAL, mais aussi des milieux communautaires. »

La réussite de RÉSOrepose, selon le directeur de police, sur la bonne santé financière du milieu communautaire. « On leur donne du financement pour 1 ou 2 ans et après tout et à refaire à chaque fois. Pour que la prévention donne des résultats probants, cela prend des années. C’est comme cela qu’on éloignera les enfants du secteur de la criminalité. RÉSO pour nous c’est l’élément déclencheur de la réforme. C’était pour dire à la population regardez, on va vivre avec vous. »

L’inquiétude des crises
À la crise pandémique qui a donné une orientation à la criminalité en 2011 partout au Québec, c’est la crise économique qui pourrait avoir une influence sur la criminalité. « Le vol de voiture est en hausse de 42,1 % dans l’agglomération. Les concessionnaires sont en rupture de stock. Le crime organisé a créé une dynamique vers l’exportation de ces véhicules à l‘étranger », de préciser M. Dagher. « La pandémie a été difficile pour les gens. La crise économique risque de perpétuer cette détresse. La détresse psychologique va devenir un enjeux majeur avec le contexte financier qui va devenir difficile », de préciser Mme Brosseau.

L’un des avantages de la pandémie en terme de criminalité, c’est que le SPAL a vu diminuer le nombre de vol par infraction de 36 % en un an. « Il y a eu un changement de la société qui a été en télétravail et qui est restée chez elle. Cela a eu un effet sur les vols par infraction », d’indiquer Marie-Ève Diotte, coordonatrice à l’analyse au SPAL.

Le grand défi
L’influence des réseaux sociaux tendent à prendre une importance capitale dans la hausse de la criminalité. « Les réseaux sociaux cela teinte absolument tout. Au fil des années, les réseaux sociaux ont pris beaucoup d’ampleur et cela transforme la dynamique. Le SPAL n’a pas le choix d’adapter sa culture policière , d’indiquer M. Dagher. Avec RÉSO, les policiers vivront dans les quartiers. On aura l’information avant que cela n‘arrive. Les réseaux sociaux c’est un monde à part. RESO ne marchera que s’il y a des partenaires autour de nous. Il faut créer un village. Dans un village il y a plusieurs personnes qui y habitent, pas que la police. Actuellement, il y a un village virtuel qui se cré et on n’est pas présent. Ce village virtuel est inquiétant. C’est un endroit où il n’y a pas de limite. »