Plus d’enfants moins de personnel à la DPJ en Montérégie

La direction de la protection de la jeunesse (DPJ) en Montérégéie a dressé le bilan d’une année marquée par la pénurie de main d’œuvre et une hausse des signalements. 

Le mot d’ordre, aujorud’hui, pour ce 19e exercice de la DPJ Montérégie, est de « donner la parole aux enfants et aux adolescents, les écouter, les mettre à l’avant-plan en tant que premiers artisans de leur développement »

En 2021-2022, une hausse considérable du nombre de signalements ont été traités et observés. Chaque jour, de plus en plus d’enfants et d’adolescents qui présentent des troubles anxieux ou des difficultés d’adaptation majeures sont en détresse et font face à une réelle souffrance.
En Montérégie, pour cette période, le nombre de signalement a été de 20 837, soit 55 situations d’enfant signalées en moyenne par jour. Il s’agit d’une augmentation de 3000 signalements traités comparativement à l’exercice 2020-2021. C’est une hausse de 14,4 %. Cette hausse est constatée dans l’ensemble de la province avec une moyenne de 12,5 %. Au Québec, l’an dernier, ce sont 363 situations d’enfants qui ont été signalées à la DPJ chaque jour.

« Cette année, il y a eu une augmentation des signalements malgré tous les efforts qui ont été faits. J’aime à dire, pour voir les choses positivement, que c’est parce que la population est plus sensible, surtout les organismes », d’indiquer Marie-Josée Audette, directrice de la protection de la jeunesse de la Montérégie. En effet, ce sont 32 % des signalements qui proviennent d’employés des différents organismes comme les Centres de la petite enfance (CPE) ou encore les services de garde. Un chiffre en hausse.
Quand aux signalements retenus, ils sont en baisse de 415 en Montérégie avec 5 435 enfants suivis pour négligence, mauvais traitements psychologiques, abus physique, troubles sérieux du comportement, risques sérieux de négligence, abus sexuels, abus physique, abandon. Les principales victimes ont entre 6 et 12 ans.

La DPJ reconnaît qu’il y a plus d’enfants et d’adolescents présentant des vulnérabilités et nécessitant de l’aide et du soutien. C’est pour cela que la directrice s’inquiète d’une pénurie de main d’œuvre.

« Cette année il y a eu une augmentation des signalements malgré tous les efforts qui ont été faits. » – Marie-Josée Audette

Main d’œuvre
« Il manque une quarantaine de personnes sur 140 postes en Montérégie. Pour le suivi avec les enfants, il manque environ 30 personnes. Dans sa globalité, c’est une centaine d’éducateurs qui manquent. Il y a une urgence d’agir de façon concertée et le plus tôt possible », n’a pas hésité à dire Mme Audette.

Des initiatives ont été mise en place, comme un recrutement massif d’étudiants. « L’an passé, il y a eu une soixantaine d’étudiants qui ont pu partager la réalité du terrain. Ainsi, ils ont pu apprendre. Cette année, nous en avons embauché 90 % », d’ajouter la directrice qui ne cache pas la réalité des listes d’attente. « Il y a 647 enfants en attente d’une évaluation. Aussi, une centaine d’enfants n’ont pas d’intervenants. Cependant, il est important de dire qu’il y a du personnel pour le suivi. Ces listes d’attente sont très préoccupantes. C’est pour cela qu’il faut travailler avec les autres organismes. Par contre, tous les enfants en danger sont pris en charge de manière immédiate. »

Famille d’accueil
En plus du manque du personnel et de l’augmentation des signalements, les familles d’accueil sont elles aussi très en recherche. « Oui il nous en manque. Plus on a de famille d’accueil, plus il sera facile de faire un jumelage. »

Le principal milieu de vie des enfants pris en charge par la DPJ est toujours le milieu familial (47 %). Une proportion de 15 % des enfants est confiée à une personne significative. Du plus, dans près de la moitié des situations, les enfants placés en famille d’accueil le sont auprès d’une personne qui leur était déjà connue. Une bonne nouvelle pour Mme Audette.

Cette pénurie de main d’œuvre au sein de la DPJ n’affecte pas que la Montérégie, toutes les régions du Québec sont touchées.
Pour la directrice de la DPJ Montérégie la pandémie n’a pas été étrangère à cette hausse de signalement. Une pandémie qui a eu beaucoup d’impact sur la santé mentale des enfants et des parents. C’est pour cela qu’elle encourage tout le monde à tendre une oreille et apporter son soutien aux jeunes.

« Le Bilan de cette année nous amène à poser un regard au-delà des chiffres, des pourcentages et des statistiques. Ce bilan tourne le projecteur sur tous les enfants qui, chaque jour, font entendre à leur façon, leur voix. Cette voix, nous l’entendons et l’écoutons depuis des années sur le terrain. Aujourd’hui, nous la portons aux oreilles de tous avec bienveillance et espoir que chacun d’entre nous se sente concerné par le quotidien et l’avenir de ces enfants. Que ce soit par de l’écoute, de l’encouragement, du soutien, pour leur partager des ressources d’aide ou pour donner un coup de main. Nous sommes tous des acteurs du changement pour ces enfants, mais pour cela il faut tendre l’oreille », conclut-elle.