Le congédiement de Dominic Ducharme, inévitable selon Serge Savard
Le Canadien de Montréal a congédié son entraîneur-chef Dominic Ducharme mercredi, et l’a remplacé par Martin St-Louis. Le journal Les Versants discute des dernières actualités du Tricolore avec le Montarvillois Serge Savard.
Propos recueillis par Frank Jr Rodi
Les Versants : Quelle est votre réaction sur le congédiement de Dominic Ducharme?
Serge Savard : « C’était inévitable. Je ne suis pas à l’intérieur de l’équipe, je ne vois pas ce qui se passe, mais j’ai de la sympathie pour Dominic Ducharme. Ça me fait de la peine pour lui. Après le match de 7 à 1 [échec face aux Devils du New Jersey], répondre aux questions en conférence de presse, expliquer les défaites… Il y a des joueurs qui ont parlé publiquement que l’équipe n’avait pas de plan. Il avait perdu la chambre. Il a perdu son vestiaire… et c’est dommage. C’est dommage pour lui, parce qu’il avait un beau record; il a gagné au Championnat mondial junior. Il a été entraîneur-adjoint. Il avait mérité ce poste. Mais c’était inévitable. Si tu es directeur général, à un moment, tu es obligé d’apporter un changement. C’est là que le club était rendu, à un changement. »
Selon vous, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné entre l’élimination en finale de la Coupe Stanley, le 7 juillet 2021, et le 9 février 2022, date de son congédiement?
« Il faut rappeler que le Canadien était à une minute d’être éliminé en première ronde par les Maple Leafs de Toronto lors de ces séries éliminatoires. Carey Price a fait la différence. Puis par la suite, tout s’est enligné jusqu’en finale. Dominic Ducharme a eu la COVID-19 pendant ce parcours. À un moment, ce n’était pas lui derrière le banc. Après la finale, il a reçu un contrat de trois ans… il ne repart pas les mains vides. Le Tricolore a été chanceux l’an dernier. Cette année, Shea Weber n’est pas là et Carey Price non plus. Il n’y aucun leader fort dans cette chambre. Weber est un leader, et il le démontrait sur la glace. C’est un gros morceau qui manque. Price est un autre gros morceau. À travers ces absences, il y a eu plusieurs blessures et des malades. C’était inévitable pour Dominic. »
Que pensez-vous de l’embauche de Martin St-Louis en tant qu’entraîneur chef intérimaire?
« Je suis surpris! Par contre, c’est la bonne chose à faire. Parce qu’il n’y a pas un coach de carrière qui serait venu ici de façon intérimaire. Un entraîneur déjà établi ne serait pas venu ici à court terme. Patrick Roy n’aurait pas accepté ça. Je vais donner le bénéfice du doute à Jeff Gorton et à Kent Hughes, qui vont évaluer Martin St-Louis d’ici la fin du calendrier. »
Derrière le banc, qu’est-ce que Martin St-Louis apportera à l’équipe?
« Je n’ai pas vu sa conférence de presse [la conférence du 10 février pour présenter Martin St-Louis]. C’est correct. Dans les conditions actuelles, ce n’est pas un mauvais move. Patrick Roy n’aurais pas accepté un tel rôle. Lui, il a accepté. Ça ne pourra pas être pire que ce que c’était avant. »
« Si tu es directeur général, à un moment, tu es obligé d’apporter un changement. » – Serge Savard
Vous évoquez le nom de Patrick Roy… croyez-vous qu’un jour, le Canadien de Montréal lui donnera une chance, soit dans le personnel hockey, soit à la direction?
« Peut-être. C’est à voir. Tous les candidats seront rencontrés, évalués. J’espère qu’ils vont le considérer sérieusement. Si le CH ne lui donne pas sa chance dans la Ligue nationale de hockey, personne d’autre ne le fera. »
Que pensez-vous du choix de Kent Hughes comme directeur général?
« À l’époque de son embauche, j’étais déçu. Il est peut-être bien bon, mais j’aurais aimé un gars déjà dans notre cour. Hughes et Gorton, je vais leur donner le bénéfice du doute, encore. C’est mieux là, qu’au temps de Marc Bergevin. C’est dommage que l’organisation ne donne pas la chance à plus d’anciens joueurs du Canadien. Des Guy Carbonneau, Benoit Brunet, Vincent Damphousse… des gars qui ont le CH tatoué sur le cœur. »
Jeff Gorton, Kent Hughes, Martin St-Louis se connaissent déjà, est-ce que le Canadien de Montréal ressemble de plus en plus à un country club?
« Ça ressemble à ça. Ça semble être le cas. Les clients de Kent Hughes [auparavant agent de joueurs] sont de grands amis à lui. En tant que dirigeant, tu aimes toujours t’entourer de gens en qui tu as confiance. Mais il faut aussi penser à ceux qui ont du talent. Quand j’étais directeur général, moi aussi, je me suis entouré de mes proches, d’amis, mais je suis aussi allé pigé dans ma cour [le Québec] et parmi d’anciens joueurs du Canadien. »
Chantal Machabée au poste de vice-présidente aux communications du Canadien, vous en pensez quoi?
« Ça, c’est un choix extraordinaire! Elle connaît la game. Elle est qualifiée pour le travail. Je suis très content de son embauche! »
De mémoire, que ce soit en tant que joueur ou comme dg, avez-vous déjà connu une saison aussi difficile que celle, actuelle, du Tricolore?
« Je ne sais pas si ça existe, une saison aussi catastrophique. Ça n’a jamais été aussi pire. »
QUESTION AUX LECTEURS :
Que pensez-vous de la nomination de Martin St-Louis pour remplacer Dominic Ducharme?
