Vers une troisième dose du vaccin aux plus vulnérables
Une dose additionnelle du vaccin contre la COVID-19, une troisième, est recommandée par la Direction de santé publique. Les personnes vulnérables seront ciblées au cours de l’automne pour cette dose supplémentaire.
Cette troisième dose est conseillée aux plus vulnérables, par exemple les patients dialysés ou encore certaines personnes au système immunitaire affaibli (sous traitement de chimiothérapie/radiothérapie).
Mais la santé publique recommande aussi d’administrer cette troisième dose aux usagers des centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), des ressources intermédiaires et de type familial (RI-RTF) ainsi que ceux qui habitent en résidences privées pour aînés (RPA).
Notons que l’on parle ici de quelque 220 000 personnes ciblées par cette nouvelle dose, idéalement d’un vaccin à ARN messager.
L’avis d’une spécialiste
L’immunologiste de l’UQAM, Tatiana Scorza, que le journal Les Versants a questionnée, explique cette décision du gouvernement par le fait qu’en vieillissant, le système immunitaire est moins performant. « Nous produisons moins de cellules immunitaires responsables de l’immunité de fine pointe (lymphocytes T et B). L’introduction d’une troisième dose peut améliorer la réponse déjà induite par les deux premières. Elle se résume à faire augmenter la protection chez les aînés, vulnérables », répond Mme Scorza.
« Ce n’est pas dramatique, mais pour ne pas perdre le contrôle, il faut poser un geste. » – Le ministre Christian Dubé
En conférence de presse mardi dernier, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a expliqué cette recommandation en évoquant un retour des éclosions dans les CHSLD, les RPA et autres ressources intermédiaires. « Malgré un excellent taux de vaccination, nous avons vu, au cours des derniers mois, des dizaines de cas actifs en début septembre passer à 140 cas actifs dans ces milieux de vie. Ce n’est pas dramatique, mais pour ne pas perdre le contrôle, il faut poser un geste », a affirmé M. Dubé.
Le gouvernement souhaite profiter de la campagne de vaccination contre les autres virus tels l’influenza, qui se tient à l’automne, pour vacciner aussi les personnes vulnérables à la COVID-19. La vaccination devrait avoir lieu à la fin du mois d’octobre, soit entre cinq et six mois après la deuxième dose.
Au moment d’écrire ces lignes, aucune mesure n’a été annoncée par Québec en ce qui concerne les personnes âgées hors de ces milieux de vie. Il n’y a pas encore de spécifications les concernant. « La situation épidémiologique ne le justifie pas », a répondu le directeur national de la santé publique de la province, Dr Horacio Arruda.
Réaction des aînés
Depuis le 27 septembre, le port du masque de procédure est obligatoire pour les résidents lors de leurs déplacements dans les aires communes des résidences privées pour aînés. Une mesure qui vise plusieurs régions, dont la Montérégie. « Une mesure qui a beaucoup affecté nos résidents. C’est le désagrément majeur qu’ils subissent », explique l’adjointe administrative des Villas d’aujourd’hui, à Saint-Basile, Marie-France Marchand.
Ce que vient confirmer Lynne Gannon, une résidante du Manoir Saint-Bruno que le journal Les Versants a contactée : « Nous avons remis nos masques, et c’est très désagréable. Je suis d’accord pour recevoir une troisième dose, par contre, je crois que de vacciner les enfants de 5 à 11 ans serait encore plus efficace pour arrêter la propagation du variant Delta. » Puis, Jean-Guy Renaud : « Si les conditions du Manoir persistent et nous obligent à recevoir la troisième dose, je vais l’accepter. »
D’autres personnes concernées par l’administration de ce troisième vaccin se sont aussi manifestées. C’est le cas de Mme Gauthier, des Villas d’aujourd’hui, qui dit qu’elle a confiance en la science. « J’en ai reçu beaucoup, des vaccins, depuis que je suis toute petite, et je suis rendue à 80 ans. C’est bon signe! »
Mme Désormeau avance que même si la vaccination n’est « pas agréable, elle est nécessaire » afin de contrer le virus. Mme Thibeault, aussi aux Villas d’aujourd’hui, se dit heureuse d’avoir déjà reçu une troisième dose. « Avec ma condition d’immunosupprimée, je suis bien contente de l’avoir [déjà]. »
Or, cette annonce du gouvernement ne plaît pas à tous. M. Madore, notamment : « Je pense que ça n’amène pas grand-chose; ça n’a rien changé, on a encore des masques parce qu’il y a du monde qui n’écoute pas les consignes. C’est nous autres, les aînés, qui paient pour ça. »
Craintes
Quand on leur demande s’ils craignent encore le virus malgré les doses de vaccin qui s’accumulent, on comprend qu’une certaine peur, si minime soit-elle, est ancrée chez ces aînés. « Je ne m’aventurerais pas dans des foules, ou avec des personnes non vaccinées. Nous avons encore beaucoup à apprendre sur ce virus », admet Lynne Gannon.
Mme Brosseau commente : « J’ai un peu peur, parce que le vaccin est efficace à 95 %. Le petit 5 % me fatigue. Qu’à la longue, le vaccin fasse moins effet et que ça devienne plus facile à attraper. La troisième dose me rassure. » M. Renaud ajoute : « Je ne crains pas le virus, car je sors rarement de mon appartement. »
L’immunologiste Tatiana Scorza conclut ainsi : « Le fait que la deuxième dose est nettement plus performante qu’une seule dose permet d’envisager que la troisième dose soit encore meilleure! On priorise les aînés à cause de leurs limitations. »