Un objectif réalisable?

Fin de la vente de véhicules neufs à essence en 2035

Dans son Plan pour une économie verte 2030, le gouvernement de François Legault veut entre autres interdire la vente de véhicules neufs à essence à compter de 2035.

« C’est un objectif plus que réalisable, une date plus que respectable. En fait, un objectif à plus long terme, au-delà de 2035, aurait été paresseux de la part du gouvernement », croit Benoît Desgagné, représentant des ventes chez Ford Saint-Basile et spécialiste en électrification.

« Le gouvernement essaie de voir en avant, de planifier d’avance. C’est une bonne chose, estime le directeur général chez Saint-Basile Honda, Pierre-Anthony Proulx. L’année 2035, c’est loin, mais c’est quand même assez rapide. »

Parmi les autres mesures qui stimuleront l’électrification des transports, le gouvernement provincial veut reconduire le rabais à l’acquisition ou à la location d’un véhicule électrique et de bornes de recharge pour les citoyens. Il souhaite aussi rehausser les exigences de la norme sur les véhicules zéro émission afin d’inciter les constructeurs à alimenter le marché québécois avec davantage de véhicules et une plus grande variété de modèles.

« C’est un objectif plus que réalisable, une date plus que respectable. En fait, un objectif à plus long terme, au-delà de 2035, aurait été paresseux de la part du gouvernement. » -Benoît Desgagné

« Il existe déjà une gamme assez large de véhicules électriques et hybrides en 2020-2021. D’ici 2024-2025, on devrait avoir sur les routes un pick-up électrique capable de tirer de lourdes charges sur une longue période. Puis les bornes de recharge sont de plus en plus rapides. Alors, je ne peux pas croire qu’en 2035, on ne sera pas rendus là! », illustre Benoît Desgagné, qui évoque une technologie évoluant rapidement. Selon lui, les plus grands efforts de technologie sont actuellement déployés sur la pile.

De son côté, Pierre-Anthony Proulx indique que l’objectif du gouvernement de François Legault est réalisable. Bien que la technologie soit arrivée, le directeur général de Saint-Basile Honda émet un bémol. « Ce qui me fait le plus peur, c’est à propos des infrastructures. D’ici 2035, sera-t-on en mesure de servir l’ensemble de la population du Québec et des régions éloignées? », se demande-t-il.

Puis, M. Proulx ajoute : « Je pense aussi à l’implantation des infrastructures… Notre réseau électrique n’est pas souterrain. En cas d’une autre crise du verglas, on roule comment? Une électrification complète, c’est trop visionnaire pour la réalité. »

Des défis

« Cette annonce occasionnera aussi bien des défis en concession, croit Pierre-Anthony Proulx. Surtout pour l’entretien de ces véhicules électriques. Non seulement il y a une baisse dans leur entretien, mais nous aurons aussi besoin de gens plus spécialisés. Les concessionnaires devront s’adapter à cette nouvelle réalité. »

Quand on leur demande maintenant comment doit réagir l’industrie automobile à l’annonce du premier ministre, le spécialiste de l’électrification chez Ford Saint-Basile avance qu’elle doit raffiner le prix de ses modèles électriques d’ici 2035 afin d’en faciliter l’acquisition de tous. « Il n’y a aucune compagnie qui doit s’asseoir sur ses lauriers. » Alors que Pierre-Anthony Proulx parle d’adaptation et de changements.

M. Desgagné propose aux constructeurs d’offrir une gamme de véhicules électriques de base et une autre flotte « peut-être plus hautaine ». Il insiste : « Il faut faciliter l’acquisition de ces voitures. »

Le seul aspect négatif que le représentant des ventes appréhende, c’est du côté gouvernemental. « Pour l’instant, il y a de beaux incitatifs du gouvernement pour adopter le mode électrique. Mais si ces incitatifs étaient appelés à disparaître, vendrait-on autant de véhicules électriques d’ici 2035? », se demande-t-il.