Barbies à Sainte-Julie : au bord du gouffre
Les nouveaux gérants du restaurant Barbies Resto Bar Grill de Sainte-Julie n’ont connu que trois mois d’ouverture depuis la mi-mars 2020, date qui devait marquer l’inauguration de l’endroit. Sans aide pendant tout ce temps, ils pourraient mettre la clé sous la porte d’ici un ou deux mois.
« Il nous reste un mois ou deux avant de fermer si l’on ne reçoit pas d’aide. » Voilà comment Joanie Raymond résume la situation de sa franchise basée à Sainte-Julie, qui n’a pu ouvrir que pendant trois mois depuis qu’elle en a fait l’acquisition avec ses deux associés juste avant la pandémie.
C’est dans le cadre du débat sur le projet de loi de mise en œuvre de la mise à jour économique fédérale que le député de Montarville et porte-parole du Bloc québécois en matière d’affaires étrangères et intergouvernementales, Stéphane Bergeron, a souligné entre autres l’absence de soutien, par le gouvernement fédéral, pour le tourisme, l’hôtellerie, les arts et la culture, de même que les difficultés que vivent particulièrement les jeunes entrepreneurs dans ces secteurs.
« On pense notamment au Programme de crédit pour les secteurs durement touchés. Après un an de pandémie, le fédéral nous envoie le signal qu’il n’est toujours pas prêt à venir en aide aux secteurs du tourisme, de l’hôtellerie, des arts et de la culture. Il faut également se désoler que le gouvernement laisse toujours en plan les nouveaux entrepreneurs », a déploré M. Bergeron.
C’est ainsi qu’il a évoqué l’histoire des trois propriétaires du Barbies Resto Bar Grill de Sainte-Julie.
Pas d’aide pour les nouveaux
« En leur refusant l’accès aux différentes mesures de soutien aux entreprises, le gouvernement fédéral tue l’initiative et pousse littéralement de nouveaux entrepreneurs à la faillite. Il est encore temps de réagir pour sauver certaines d’entre elles », a plaidé le député de Montarville.
Joanie Raymond (26 ans), Véronique Rhéaume (33 ans) et Dominik Leavey (22 ans) ont investi toutes leurs économies pour se lancer dans ce projet avant de se faire couper les ailes par la COVID-19 et les mesures de confinement. La chaîne de restaurants québécoise, établie au Québec depuis plus de 26 ans, semblait un bon investissement. « Nous avons mis toutes nos ressources pour pouvoir ouvrir cette franchise à Sainte-Julie, qui constituait un rêve que nous avions en commun. Nous avons déboursé plus de 250 000 $. Alors, comme vous pouvez vous l’imaginer, nous sommes extrêmement attristés et dévastés par la situation actuelle », écrivent-ils dans un courrier adressé à leur député pour recevoir de l‘aide du fédéral.
Le siège social de Barbies a également envoyé à la ministre des Finances fédérales, Chrystia Freeland, et au ministère des Petites Entreprises fédérales un courrier expliquant la situation. Mais la situation n’a pas changé pour l’instant.
Ouverture prévue à la mi-mars
En août 2019, le projet naît dans la tête des jeunes entrepreneurs. En octobre, ils achètent la franchise. En mars 2020, alors qu’ils prévoyaient l’ouvrir, la pandémie frappe : « Pas le choix de continuer le projet ». L’inauguration est finalement faite le 23 juin 2020, et le restaurant ne pourra ouvrir que pendant trois mois.
Depuis, sans entrée de revenus, les dépenses pour les frais fixes s’accumulent, et comme ils sont de jeunes entrepreneurs, qu’ils n’ont pas eu de chiffre d’affaires en 2019, les aides gouvernementales, aussi bien fédérales que provinciales, ne s’appliquent pas.
« Nous n’avons reçu aucune aide. Il aurait fallu avoir des ventes en 2019. Il ne nous reste plus grand-chose. De quoi tenir un ou deux mois peut-être. Pendant que nous sommes fermés, nous avons 15 800 $ de loyer à payer chaque mois. On se sent abandonnés. On a investi beaucoup d’argent pour être aux normes et nous aurions aimé être traités comme les autres (les entreprises ayant reçu de l’aide), car nous avons les mêmes frais fixes qu’eux », de conclure Mme Raymond.