Une nouvelle réglementation qui ne fait pas l’unanimité

Le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs a augmenté la limite annuelle de prise de cerfs de Virginie à deux cerfs par chasseur, une décision que plusieurs chasseurs ne cautionnent pas.

« Les nouvelles modalités visent à offrir un produit de chasse attrayant, à simplifier la réglementation, à optimiser la conservation et la mise en valeur du cerf et de son habitat, à prévenir la propagation de maladies pouvant nuire aux cerfs et à favoriser la cohabitation de l’espèce avec les citoyens », écrit le Ministère sur le site du gouvernement. Ces nouvelles modalités s’étaleront jusqu’en 2027.

En cette fin de période de chasse aux cerfs, c’est un regard inquiet que porte Julien Allard, natif de Saint-Bruno, sur le sujet. « Dans ma zone, je peux désormais tuer deux chevreuils. Auparavant, c’était un par chasseur et quand il y en avant trop, comme dans ma zone (5 ouest), un tirage au sort avait lieu pour déterminer qui pouvait en chasser un deuxième. Si, pendant sept ans, les chasseurs peuvent tuer deux chevreuils, tu risques de détruire le cheptel », fait part le chasseur qui se questionne sur les répercussions possibles dans les zones 5 ouest et 8 est et sud. Ce regard quant au portrait global, il se multiplie au sein de certains forums de chasse sur les réseaux sociaux.

Pour avoir le droit de chasser une deuxième tête, il ne suffit que de se procurer un second permis d’une valeur de 39 $. Chaque permis permet de récolter un cerf par zone. Les deux permis doivent correspondre à des zones de chasse différentes, à l’exception des zones 5 ouest, 8 est et 8 sud, où il sera possible de se procurer deux permis pour la même zone.

Une autre des modifications en vigueur favorisant la réduction du cerf est « la permission d’utiliser dorénavant la carabine partout en province (sauf dans les deux nouvelles zones, 15 est et 26 ouest), alors qu’elle était prohibée dans certaines zones avant. Aussi, il y a le prolongement de l’utilisation de la poudre noire, dans certaines zones, avec laquelle il n’est permis que d’abattre des femelles », ajoute Éric Grenier, chasseur également de Saint-Bruno.   

Selon les dires rapportés par Julien Allard, « le nombre de chasseurs serait en déclin, contribuant à cette hausse dénombrée de
chevreuils ».

Histoires de chasse

La saison du chevreuil s’est terminée le 22 novembre. Les deux hommes chassent depuis environ une décennie. Petit gibier, chevreuils, ours, oiseaux migrateurs, etc. font partie de l’historique ornant leur tableau de chasse. Pour ne pas revenir bredouilles, les chasseurs ont dû s’armer de patience plus souvent qu’à leur tour.

« Si, pendant sept ans, les chasseurs peuvent tuer deux chevreuils, tu risques de détruire le cheptel. » – Julien Allard

« Je m’installe dans ma cache à 5 h et j’en sors à 11 h. Je prends une marche autour de la terre et j’y retourne à 13 h 30, jusqu’à une demi heure après le coucher du soleil », relate M. Grenier. Pour sa part, M. Allard est « déjà demeuré une douzaine d’heures consécutives dans sa cache. Quand tu en sors, tu as juste envie de parler à du monde. C’est une expérience weird. Il n’y a pas de son, tu ne parles pas, c’est l’ultime solitaire. Il y a des moments où tu es ailleurs, où tu es en transe. Tu es tellement à l’affût qu’un animal sorte », conviennent à l’unisson les deux hommes, dont les caches diffèrent selon leur confection. Pour tuer le temps, cellulaire et livres peuvent devenir les meilleurs amis du chasseur.

Devenir boucher

Abattre la bête n’est qu’une étape du processus. Une fois que l’animal expulse son dernier souffle, les chasseurs ont approximativement une heure pour l’éviscérer. Une fois de retour à domicile, ils le pendent, tête vers le sol, dans leur cabanon lorsque la température le permet. À plus de 4 degrés Celsius, la viande risque de s’avarier. Plus l’animal est âgé et volumineux, plus il doit être pendu longtemps dans le but de l’attendrir. En proportion, le corps du chevreuil se scinderait en trois parties plutôt équivalentes, soit la viande, les os et les intestins et organes internes. Dans son garage, Julien Allard débite lui-même sa proie plutôt que d’avoir recours au service d’un boucher.

« À deux personnes, une fois que le chevreuil est vide, ça me prend environ six heures à le découper, estime-t-il pour une bête de 150 livres. » En faisant preuve d’autonomie de la sorte, c’est 130 $ qu’il épargne des mains du boucher.

Parc Michel-Chartrand

Proche de Saint-Bruno, à Longueuil, la présence des cerfs est accrue. La Ville mentionnait jusqu’à tout récemment qu’elle devait abattre 15 cerfs, soit environ la moitié de ceux dénombrés au parc Michel-Chartrand, pour protéger l’écosystème du parc.    

Sylvie Parent, la mairesse, avait ensuite fait volte-face alors qu’elle avait mentionné sur les réseaux sociaux que « malgré la mesure initialement retenue par nos équipes respectives, approuvée par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec et appuyée par un large consensus au sein de la communauté scientifique, la menace que pose aujourd’hui certaines personnes afin de nuire, voire contrecarrer la mise en œuvre de l’opération de contrôle ponctuelle de la population de cerfs dans le parc Michel-Chartrand nous force à envisager une autre option.  En conséquence, j’ai demandé au directeur général de la Ville de Longueuil de prendre tous les moyens afin de remplacer l’autorisation obtenue pour que le Ministère puisse plutôt permettre le déplacement de 15 cerfs de Virginie du parc Michel-Chartrand vers un site autorisé et que le Ministère précise les modalités de ce déplacement ».