De la scène à la radio web
Même si le confinement et la fermeture des salles de spectacles a eu un impact économique important sur l’ensemble du milieu de la culture, la pandémie aura tout de même permis de faire émerger des façons plus accessibles de consommer les produits culturels et artistiques, comme le théâtre virtuel et le radio-théâtre.
C’est le moyen qu’a pris la troupe de théâtre montarvilloise St-Bruno Players pour continuer d’offrir du contenu à son public. La troupe de théâtre amateur anglophone à but non lucratif a eu l’initiative d’adapter le format de son offre au contexte sanitaire, en proposant The Monkey’s Paw (« La patte de singe »), une production montée et diffusée virtuellement.
Du radio-théatre local
Sous la direction de Lise Lavallée, la pièce raconte une histoire d’horreur au cours de laquelle le propriétaire d’une patte de singe voit trois de ses souhaits être exaucés, mais pas à n’importe quel prix puisque de lourdes conséquences s’en suivront. La pièce a été enregistrée puis diffusée sur diverses plateformes de diffusion radio web, dont Soundcloud, à l’occasion de l’Halloween. Elle demeure accessible en ligne et peut-être écoutée par des auditeurs de n’importe quelle région de la planète. « On s’est rassemblés virtuellement un dimanche pour enregistrer la trame sonore de base (…) Même si l’histoire est terrifiante, les rires étaient aussi de mise », raconte la troupe.
Le radiothéâtre web permet à des artisans de diverses compétences (bruiteurs, monteurs, comédiens) de continuer de se consacrer à leur vocation ou à leur passion, tout en se rendant plus accessibles à un nouveau public, qui en temps normal n’assisterait pas à une prestation de leur troupe sur les planches.
Un marché plus inclusif
En se tournant vers les plateformes numériques au lieu des médias traditionnels pour diffuser et consommer du contenu culturel, les artistes de la diversité et le public de masse se sont redécouverts au sein d’un marché plus vaste qu’ils ont su s’approprier. Les moyens de production et de diffusion étant réduits aux moyens maison pour tout le monde, la concurrence en a été moins forte, et les talents plus amateurs ont pu se mesurer à l’élite du milieu artistique. Non seulement le fait de se produire en ligne à partir de la maison est beaucoup moins coûteux que de le faire en salle, il permet aussi d’atteindre une clientèle beaucoup moins ciblée en diffusant son contenu sur les plateformes sans frontières du numérique. Sans la pandémie, c’est une minorité d’artisans de la scène qui jouissaient de la visibilité qu’offre généralement les diffuseurs traditionnels et géants du spectacle. Parmi les noms inscrits au bottin de l’Union des Artistes (UDA), une portion importante de chanteurs et de comédiens étaient déjà sans emploi. Aujourd’hui, même les plus établis s’en remettent aux prestations d’urgence débloquées par le gouvernement pour venir en aide aux travailleurs de la scène culturelle et d’autres secteurs ayant perdu leur emploi à cause de la COVID-19.
La pandémie pourrait avoir forcé un changement dans nos moyens de consommer la culture, et l’émergence de nouveaux genres, médiums et groupes d’artisans qui pourraient faire concurrence à l’offre médiatique dominante du marché.
Question aux lecteurs :
Seriez-vous tenté(e) d’écouter une pièce de théâtre uniquement sonore ?