Trois journées pédagogiques de trop
Ils étaient près de 250 éducateurs et techniciens responsables en service de garde en milieu scolaire, le 2 novembre, devant le bureau du député de Chambly et ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, pour manifester, entre autres, contre les trois journées pédagogiques ajoutées au calendrier scolaire sans consultation.
Jean-François Roberge en reçoit souvent de la visite, parfois inattendue, à son bureau à titre de ministre de l’Éducation. Cette fois, le député de Chambly attendait le personnel des services de garde en milieu scolaire (SDGMS) et le Syndicat de Champlain.
« Je n’ai pas de problème à ce que les gens viennent s’exprimer, en autant que ça se fasse sans casse; c’est une façon démocratique de le faire », déclare d’entrée de jeu M. Roberge.
Appuyés par une trame musicale teintée de Bleu Jeans Bleu et de Cowboys fringants, les SDGMS ont livré leur message.
« Les éducatrices se sont fait imposer ces journées sans être consultées. Une décision de la sorte prise unilatéralement sans consulter les gens qui sont sur le terrain depuis le mois de mars, qui n’ont pas arrêté quand les écoles étaient fermées, ajoute à leur tâche sans qu’elles puissent se préparer alors qu’elles ont besoin de reprendre leur souffle », émet Éric Gingras, président du Syndicat de Champlain, personnel enseignant et de soutien. Il renchérit que le Centre de services scolaire des Patriotes aurait « soumis l’hypothèse d’une journée pédagogique le 13 novembre », ce qui laisse peu de temps à la préparation et à l’organisation des bulles-classes.
« Je tiens à préciser que ces trois journées de formation de plusieurs sont à la demande de divers partenaires scolaires. Différents intervenants du réseau scolaire, cadres, enseignants, directions d’école et directions générales, ont demandé d’avoir plus de temps pour faire face au défi de la scolarisation en temps de pandémie. Nous avons également consulté l’Association des services de garde : nous sommes donc allés de l’avant avec ces trois
journées », met en reflet M. Roberge.
Parmi les manifestants (essentiellement des manifestantes), une technicienne responsable soulève le fait que les trois journées en question seraient offertes sans frais aux parents. « Ça aura pour incidence que les inscriptions seront nombreuses. C’est difficilement gérable avec les bulles-classes », fait-elle part.
Les trois journées pédagogiques ne peuvent être rapprochées et doivent impérativement se répartir en trois mois différents afin de respecter les conventions collectives.
Rencontre avec Jean-François Roberge
Après une rencontre d’environ vingt minutes avec Jean-François Roberge, Éric Gingras y est allé d’une élocution rassembleuse devant les membres de son syndicat. « Le ministre nous a dit qu’il entendait d’une oreille favorable ce qu’on lui dit. Nous lui demandons maintenant d’aller porter ce message à son premier ministre et à son conseil des ministres pour que soient valorisés le personnel scolaire et l’ensemble des négociations », soutient le chef syndical.
« Étant en période de négociations collectives, je comprends que le syndicat veuille améliorer les conditions de travail de ses travailleurs. Je suis conscient que les conditions sont plus exigeantes qu’à l’habitude. La COVID-19 entraîne des contraintes, le personnel est fatigué et le syndicat a fait entendre le son de cloche de ses membres. J’ai accueilli cela avec ouverture, car je sais ce qui se passe dans les écoles », synthétise le ministre après sa rencontre avec Éric Gingras.
Négociations et convention collective
La valorisation et la reconnaissance sont des points revendiqués par le milieu scolaire depuis longtemps. « Le message qui a été aussi livré est que nous n’attendrons pas de nous faire imposer quoi que ce soit. On va travailler pour obtenir mieux. Et si ça prend du temps, on prendra le temps qu’il faut pour avoir de meilleures conditions de travail ainsi qu’une meilleure convention collective. On est prêts pour un marathon, ce n’est que le début », assure Éric Gingras à ses membres, bouclant le rassemblement.
« Les négociations représentent le meilleur moment pour poser des gestes structurants permettant de reconnaître le travail de chaque personne dans le réseau scolaire, enseignant et membre du personnel de soutien. Je souhaite utiliser les négociations pour donner suite à certaines revendications pour que les gens sentent que l’éducation est une priorité », termine Jean-François Roberge.
De nombreuses manifestations
Le 5 novembre, c’était au tour du Syndicat du personnel de soutien des Hautes-Rivières CSN et sa délégation de se payer une visite au bureau de Jean-François Roberge. Environ une centaine de manifestants se sont déplacés pour la cause.
« Les trois journées pédagogiques créent une surcharge de travail aux SDGMS. Ce sont de longues journées épuisantes à travers lesquelles ils doivent gérer des bulles dans le même groupe. Plusieurs de nos membres sont en arrêt de travail, car les ratios liés à la gestion complexe des bulles ne sont pas respectés. Ils travaillent depuis le début de la pandémie sans reconnaissance », dit de son côté Jacques Lanciault, président du syndicat.
Peu avant, le 24 octobre, les membres du Syndicat des employées et employés professionnels et de bureau (SEPB) 578 se sont fait entendre devant le bureau du ministre de l’Éducation.
« Nos écoles sont bien plus qu’un lieu de scolarisation; elles sont un milieu de vie. Malheureusement, ces élèves n’ont plus accès à un service de qualité. Ils perdent le plaisir d’apprendre et ne s’épanouissent pas dans le milieu scolaire en raison de l’austérité des libéraux jumelée à l’inaction de la CAQ », avait martelé Jean-François Labonté, président du SEPB 578.