Une pétition concernant l’ancien champ de tir

Le député bloquiste de Montarville, Stéphane Bergeron, a déposé à la Chambre des communes le mois dernier, une pétition contenant 1745 signatures de la Rive-Sud afin que l’ancien champ de tir soit restitué à la circonscription, ou transféré à un organisme régional compétent.

Depuis que le ministère de la Défense nationale s’en est désintéressé, le terrain limitrophe des villes de Sainte-Julie, Saint-Basile et Saint-Bruno est encore sans acheteur est protégé par un décret ministériel qui en interdit l’accès à tous. Cela fait 2 ans que le processus de rétrocession est enclenché, et qu’une bonne partie des 4,5 km carrés occupés par des sentiers de vélo de montagne, de ski de fond et de raquette sont condamnés.

Les espaces aménagés pour les activités ainsi que la faune rare qui s’y trouvent, représentent un attrait récréatif et touristique potentiel non négligeable pour la région. Du côté des citoyens et des environnementalistes, on souhaite empêcher que le terrain soit utilisé à des fins de développements immobiliers.

Une annexion au parc national

La pétition présentée par M Bergeron propose notamment d’en faire l’extension du parc national de Saint-Bruno, que plusieurs résidents de la région trouvent trop restreint et achalandé pour le contexte sanitaire. « Le parc actuel de la Sépac à Saint-Bruno semble être à sa pleine capacité, la demande est énorme pour le vélo de montagne et le ‘fatbike’ en Montérégie, et malheureusement l’offre y est très restreinte », témoigne un Rive-Sudois. « Cela favorise les voyages clandestins qui contribuent à ternir l’image de ces activités (…) À l’heure actuelle, les citoyens de la Rive-Sud doivent faire plus de route pour faire du vélo de montagne dans le bois. Ce n’est pas normal en 2020. », remarque-t-il.

« (…) le gouvernement a un délai maximal de 45 jours pour répondre favorablement ou défavorablement aux demandes qui y sont énoncées. » – Stéphane Bergeron

L’annexion de l’ancien champ de tir au parc national de Saint-Bruno est aussi appuyée par le maire, Martin Murray. Mais avant de l’envisager, le ministère de la Défense est tenu, selon la politique du Conseil du Trésor, de consulter les groupes intéressés par ordre de priorité, soit les Premières Nations, puis les ministères fédéraux et provinciaux, et finalement les municipalités. Toutefois, en entrevue avec le journal, M Bergeron explique que ce n’est plus ce qui retarde l’avancement du dossier. « Même si le processus est opaque et sous toutes réserves, je pense que les peuples autochtones ont été consultés et n’ont fait aucune revendication territoriale. On en est donc à l’étape de consulter le gouvernement du Québec. »

Comme l’ancien député de Montarville pour le Parti Libéral, Michel Picard, qui est son prédécesseur dans la gestion de ce dossier, le député du Bloc espère faire bouger les choses, mais se dit lucide. « On m’a prévenu que les dossiers traînaient et qu’il y avait un manque de transparence avec la Défense, qu’on pouvait faire du sur-place avec le cabinet des ministres, et qu’il ne fallait pas être pressé. Mais dans le cas de la présente pétition déposée à la Chambre, le gouvernement a un délai maximal de 45 jours pour répondre favorablement ou défavorablement aux demandes qui y sont énoncées. Je ne m’attends à rien d’éloquent car on n’a pas été habitué à cela. » Ayant mené le dossier des terrains à redonner à la population depuis son élection en 1993 dans la circonscription de Verchères, M Bergeron admet qu’il voit comme un bon signe le fait que le ministère de la Défense ait accepté le principe de la rétrocession.

Protéger les écosystèmes

Sur le plan environnemental, d’autres pressions se font sentir de plusieurs organismes, dont le Mouvement la Ceinture Verte, qui avait demandé la conservation entière du terrain par inquiétude pour ses zones humides et ruisseaux.

Diego Creimer de la Fondation David Suzuki qui s’était mobilisée pour le mouvement, s’est montré très enthousiaste au dépôt de la pétition. Il explique que son organisme avait rencontré le ministère de la Défense en 2018 pour discuter du terrain, et s’était entretenu avec le Député du Bloc lors de la journée de la nature sur la Colline Parlementaire, juste avant la pandémie.

« En janvier, on avait parlé à plusieurs députés du Bloc Québécois, et je vois qu’ils sont dans les suites. Ce sont de très bonnes nouvelles. Dans un moment de pandémie où le premier ministre nous dit qu’au Canada, on va passer un hiver très plate, la perspective d’agrandir nos parcs provinciaux et nationaux est toujours bien reçue. On veut protéger nos espaces pour y assurer l’accès au public, mais aussi pour leur valeur écosystémique. »

Pour M Bergeron, il est temps de faire du sort de ce terrain « un dossier prioritaire », bien qu’il se dise « conscient du fait qu’en ce moment, d’autres problèmes de haute importance sont aussi à gérer ».