Jupes : le Collège Trinité se défend
Depuis deux semaines, on entend beaucoup parler d’un mouvement social qui continue de faire des vagues, et qui consiste pour les garçons à porter la jupe afin de dénoncer l’hypersexualisation des filles et les principes sexistes associés aux codes vestimentaires des écoles.
Sur la Rive-Sud, de nombreux jeunes du secondaire y ont pris part, incluant des élèves du Collège Trinité de Saint-Bruno, qui ont été parmi les premiers à revendiquer des changements et une plus grande ouverture de la part de leur école. Le Collège Trinité étant une école privée, le port de l’uniforme ainsi qu’un règlement quant à la longueur de la jupe permise, sont imposés.
Dans un texte d’opinion publié dans La Presse et repartagé sur la toile, le réalisateur Xavier Dolan s’est exprimé tantôt en faveur du mouvement, tantôt contre son exécution et la manière de véhiculer le message. Par la même occasion, il a lancé une pique au Collège privé, l’accusant d’être passé à côté : « (…) au Collège Trinité de Saint-Bruno, une lettre aux élèves disait soutenir le mouvement, mais ajoutait que ‘quelques jeunes filles ont profité du mouvement pour raccourcir de façon inappropriée leur jupe en inscrivant au crayon noir sur leurs cuisses des messages provocateurs et inappropriés’ ». Devant la réponse de l’école aux actions posées par ses étudiantes, il conclut que « Les progrès sont valables si tant est qu’ils proviennent de jeunes hommes privilégiés, mais ils tiennent autrement de la provocation ou du féminisme mal placé s’ils viennent du sexe faible. »
« Les propos de M. Dolan exposent une réalité tirée hors de son contexte (…) » – Josée Beaulieu
En entretien avec le journal, Mme Josée Beaulieu, Directrice générale du Collège, a tenu à clarifier la situation et à se défendre d’avoir eu les intentions qui lui sont prêtées. « Les propos de M. Dolan exposent une réalité tirée hors de son contexte, et se fondent sur l’une des deux communications qui ont été envoyées aux élèves à intervalle de 48 heures. Les faits relatés dans sa lettre d’opinion ne mentionnent pas que l’école était plongée dans le néant lorsque le mouvement a commencé à faire des vagues. Il faut savoir qu’on ne comprenait pas ce que les élèves voulaient, et c’est ce qui a causé le malentendu. Puis c’est vraiment à partir du 9 octobre dernier qu’ils et elles se sont exprimés plus clairement sur les intentions qui les motivaient, et bien évidemment, nous étions complètement d’accord sur le fond. Il y a eu des discussions jusqu’au 13 octobre, et nous avons proposé que les élèves s’assoient avec la direction pour discuter de la cause, qui nous a tout de suite paru noble. »
Mme Beaulieu explique que suite à cet échange, une présentation plus détaillée des volontés des élèves a été entendue, et une demande à 3 volets a été accueillie favorablement : « D’abord, nous nous sommes entendus pour soutenir la cause favorable à une approche antisexiste, donc pour appuyer le mouvement. Ensuite, un travail de réflexion sur le code vestimentaire est aussi en cours. Nous avons fait une tournée des classes, et décidé de mettre en place un comité regroupant des élèves de tous les niveaux, mixte, pour traiter de la question. Nous souhaitons que le comité soit composé de filles et de garçons, mais plus de filles se sont manifestées pour l’instant, et c’est ce à quoi on s’attendait. Finalement, nous voulons aussi impliquer des représentants du personnel dans le processus et les discussions. »
En dépit de la popularité du mouvement, de nouvelles critiques ne cessent d’émerger quant au double standard qu’on lui reproche de renforcer. Car encore une fois, ce serait l’initiative féministe des garçons que l’on applaudie, tout en balayant celles des filles.