Des citoyens s’inquiètent de la construction de 15 habitations dans un boisé à Sainte-Julie
Un boisé, collé à la montagne du mont Saint-Bruno, est depuis longtemps en zone constructible dans la ville de Sainte-Julie. Le voisinage s’inquiète de l’intérêt d’un promoteur de venir y construire 15 maisons, juste à côté d’une zone naturelle protégée où se trouvent des plantes en voie d’extinction.
Un projet immobilier constitue la dernière phase de construction du Domaine des Hauts-Bois à Sainte-Julie. Le projet ne pourra compter que 15 résidences unifamiliales de prestige au pied du mont Saint-Bruno. La bande boisée parallèle à la rue Vert-Bois est adossée à une zone de conservation préserver par Nature Action Québec (NAQ).
Quelques résidants de la rue Vert-Bois, ayant leurs habitations adossées au boisé qui serait appelé à disparaître, se mobilisent et craignent de voir pousser dans leur cour arrière ce projet qui semble intéresser un promoteur. « La Ville de Sainte-Julie a confirmé qu’il y a des négociations avancées entre la propriétaire et un promoteur. Mon impression est qu’il faut agir rapidement, car une fois que le promoteur aura effectivement acquis les terrains, la ville sera encore plus réfractaire à un éventuel changement de zonage », d’indiquer Julie Charest, une résidante de la rue Vert-Bois.
« Nous sommes aujourd’hui en 2020 et les gens sont attachés à leur montagne. Personne ne veut d’un autre boisé des Hirondelles, c’est quoi les pistes de réflexion? »
– Julie Charest
La réserve naturelle reconnue par le ministère de l’Environnement a été cédée à NAQ par la propriétaire des lieux. C’est ainsi que sur l’ensemble du boisé, faisant partie de la montagne du mont Saint-Bruno, près de 15 hectares sont désormais des zones protégées d’une manière permanente.
Un fossé sépare l’espace protégé par NAQ et la zone constructible qui pourra accueillir 15 habitations. Le projet immobilier nécessitera la construction d’une route prévue initialement dans le prolongement de l’avenue de la Montagne. Finalement, la route devrait passer par l’avenue de la Falaise et se terminer à ses deux extrémités par deux carrefours giratoires. Actuellement, l’endroit est un sentier forestier improvisé fréquenté par les marcheurs. Lors de notre visite, deux promeneurs y faisaient leur balade. Le sentier, dans le prolongement de l’avenue de la montagne, connecte avec le sentier de la Ville de Sainte-Julie jusqu’à l’entrée dans le parc de la Sépaq.
Séance du 14 juillet
Lors de la séance du conseil municipal du 14 juillet, Mme Charest avait questionné la mairesse, Suzanne Roy, sur les intentions de la Municipalité pour l’avenir de ce boisé. « Il s’agit de la dernière phase des terrains appartenant à Domaine des Hauts-Bois, prévue depuis plusieurs décennies, accessible par la rue de la Falaise, derrière la rue du Vert-Bois. Une quinzaine de terrains sont zonés résidentiels à cet endroit. Advenant le cas où le projet se concrétiserait davantage, les résidants touchés en seraient informés, comme ils l’ont été en 2009 », a répondu la Municipalité. Mme Roy a alors précisé lors du conseil qu’en 2009, les deux côtés de la rue devaient être construits et accueillir une trentaine de résidences. À la suite d’une rencontre avec les citoyens, le projet avait été annulé.
Mme Charest indique au Journal qu’il y avait eu alors une opposition des citoyens à ce projet, Mme Roy confirme en effet qu’il y a eu une rencontre avec les citoyens en 2009 sur la construction des maisons, mais qu‘il n’y a pas eu d’oppositions des citoyens. « Aujourd’hui, nous n’avons rien de concret sous la main et les discussions sont bien avancées avec le promoteur. Le développement de l’endroit nécessite des défis au niveau des coûts, et le promoteur devra respecter de très grandes exigences de la Ville sur l’environnement », de préciser Mme Roy.
La mairesse ne laisse pas planer le doute quant à la présence possible d’une espèce végétale protégée sur le terrain qui pourrait accueillir les 15 maisons. « Il n‘y a aucune espèce végétale protégée dans le secteur. »
Pour Mme Charest, même si l’endroit est zoné blanc, donc constructible « depuis toujours »,
« nous sommes aujourd’hui en 2020 et les gens sont attachés à leur montagne. Personne ne veut d’un autre boisé des Hirondelles, c’est quoi les pistes de réflexion? »
Une espèce végétale protégée
Une espèce en voie de disparition est présente dans la partie du boisé des Haut-Bois à Sainte-Julie qui a été préservé par NAQ. Au Québec la cueillette de cette plante est interdite en vertu de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables.
Même si Mme Roy affirme qu’il n’y a pas de plante à protéger dans le secteur à développer, une demande d’accès à l’information des citoyens sur le sujet a été faite au ministère de l’Environnement. Ce dernier a fait la caractérisation de l’endroit et répertorié les emplacements des espèces à protéger. Au moment de la rédaction de cet article, le ministère n’avait pas retourné notre appel.
Contacté par le journal, NAQa indiqué que l’organisme « vise à protéger les espèces sensibles lorsque nous les trouvons dans un milieu naturel. Toutefois, Nature-Action Québec n’effectue pas de suivi écologique sur le terrain privé de Mme Simard, ainsi nous ne savons pas si la plante protégée est présente à cet
endroit », explique Anne-Marie Houde, parte-parole de NAQ.
Le boisé des Hirondelles
Rappelons qu’à proximité de là, à Saint-Bruno-de-Montarville, dans un boisé collé également au mont Saint-Bruno, la même espèce végétale a bloqué la construction de plusieurs maisons dans le boisé des Hirondelles. Le promoteur de la société Sommet Prestige, le sénateur Paul J. Massicotte, s’est vu refuser par le ministère de l’Environnement le droit d’aller de l’avant pour l’instant dans son projet.
La situation est cependant différente à Sainte-Julie. Le ministère de l’Environnement a déjà délivré son autorisation de construire dans cette zone. D’autre part, la Ville, qui a fixé des conditions au respect de l’environnement si un promoteur voulait développer l’endroit, est plutôt favorable au développement immobilier de ce secteur, à la différence de la Ville de Saint-Bruno concernant le boisé des Hirondelles.
Une propriétaire environnementale
Cette zone fait partie d’un ensemble de 20 hectares qui jouxte le parc du mont Saint-Bruno. Yrelle Simard, la propriétaire a conservé 8 hectares pour faire du développement immobilier, donné 2 hectares à la Ville et vendu les 8 hectares restants à un prix bien inférieur au prix du marché en 2011.
En 2016, c’est un terrain de 3,85 hectares, d’une valeur de 775 500 $, qui a été cédé à NAQpour la somme de 165 000 $. Ce don a permis de consolider la protection de la zone tampon autour du parc national du Mont-Saint-Bruno. La Julievilloise Yrelle Simard, propriétaire de Domaine des Hauts-Bois, rappelait au journal en 2016 que ce don est en lien avec la volonté de son père, Edmour-J-Harvey, le fondateur de Domaine des Haut-Bois. « Mon père a toujours eu la volonté de protéger l’environnement. Il a développé un secteur immobilier qui se voulait en respect avec la nature et les arbres. »