Un dossier chaud à Saint-Basile

Feux en plein air

Depuis le 25 juin, la Ville de Saint-Basile-le-Grand tolère l’allumage de feu en plein air. Or, cette indulgence accordée par le conseil municipal ne trouve pas écho chez tout le monde; un ancien conseiller municipal, des citoyens ainsi qu’une élue actuelle s’y opposent.

Depuis près d’un mois, la Ville de Saint-Basile-le-Grand fait preuve de tolérance quand à l’allumage de feu en plein air, alors que cette pratique est d’habitude interdite. Cette interdiction provient du règlement 1125 modifiant le règlement 552 concernant les nuisances, la paix et le bon ordre. Or, au cours de la saison estivale et jusqu’au 12 octobre, les citoyens de Saint-Basile-le-Grand peuvent, sous certaines conditions pour une question de sécurité, allumer des feux en plein air dans leur cour. C’est la situation liée à la pandémie, le contexte particulier de la COVID-19, ainsi qu’une pétition de plus de 1000 noms, qui ont fait pencher le conseil municipal. Plus en détails, la tolérance est effective du jeudi au dimanche jusqu’au 12 octobre, de 19 h à 23 h.

« Afin de permettre aux Grandbasilois de profiter pleinement de leur cour extérieure durant cette période particulière de pandémie, le conseil municipal, à l’écoute de ses résidants, est heureux d’aviser les citoyens que les feux en plein air seront tolérés pour la période estivale. Toutefois, lors de cette activité relaxante et plaisante, il est impératif de respecter les normes de sécurité et de civisme recommandées afin de profiter de soirées de qualité en toute sécurité », de déclarer le maire de Saint-Basile-le-Grand, Yves Lessard.

« J’ai été dissidente de cette décision du conseil. » -Line Marie Laurin

Des opposants

Un assouplissement du règlement qui ne plaît pas à tous. La Ville aurait reçu une dizaine d’interpellations provenant de la population à la suite de sa décision. Ces gens s’opposent à l’autorisation des feux de bois à ciel ouvert. C’est le cas de la citoyenne Lucie Lavoie. Dans le cadre de l’assemblée ordinaire présentée plus tôt ce mois-ci, Mme Lavoie a fait parvenir une question aux élus (l’assemblée est diffusée en vidéo-conférence sur la chaîne YouTube de la Municipalité). Elle évoque sa déception à propos de l’assouplissement des règles sur les feux à ciel ouvert et mentionne que c’est une pratique « extrêmement polluante et nocive pour la santé ». Elle estime que c’est « irresponsable de la part de la Ville » de faire ce choix, et demande au conseil municipal de « reculer rapidement sur cette décision ».

Le maire, Yves Lessard, a tenu à lire le commentaire de la citoyenne parce que « ça reflète, effectivement, une opinion d’une partie de la population qui se doit d’être exprimée ».

M. Lessard a poursuivi en expliquant la décision municipale. Cette tolérance a été accordée, notamment, pour « accommoder les gens » qui souhaitaient se faire « un petit feu de bois » et leur permettre de se rassembler en famille dans leur cour arrière en période particulière de COVID-19. « La demande était de modifier le règlement. Or, on ne l’a pas changé. Mais dans les circonstances, est-ce qu’on peut permettre une tolérance sans modifier la règlementation, pour garder tout son caractère, toute sa force », expose-t-il.

L’intervention de Line Marie Laurin

Puis, la conseillère municipale Line Marie Laurin a tenu à prendre la parole avant la poursuite de l’assemblée. « J’ai été dissidente de cette décision du conseil qui n’a pas vraiment été une décision puisqu’elle s’est tenue à huis-clos, et j’aimerais faire part aux citoyens et aux familles de mes arguments et des raisons pour lesquelles je suis dissidente. »

Après avoir obtenu l’autorisation du maire pour prendre la parole, Line Marie Laurin a expliqué son point de vue : « Je tiens à dire à nos familles que je sais qu’elles ont eu un dur printemps, avec le confinement et les enfants à la maison, le télétravail, la crainte de la perte d’emplois… On a vécu un printemps difficile. Je crois que c’est important de se retrouver et de se donner du bon temps, maintenant que l’été est là. Alors, je ne veux pas que vous pensiez que je n’ai pas d’empathie. Mais il y a ceux et celles qui veulent faire des feux, et il y a aussi ceux et celles qui ne veulent pas de fumée dans leur cour. C’est l’enjeu de vivre en communauté, particulièrement en périmètre urbain à proximité des voisins. Il faut respecter les tolérances de tous parce que la fumée ne connaît pas les limites de ma propriété. Avec le printemps qu’on a connu, on veut profiter de notre cour. »

Mme Laurin a rappelé que l’utilisation des installations au propane a toujours été permise en périmètre urbain. « Ça fait une belle flamme, c’est sécuritaire et facile d’entretien; il n’y a pas de cendre. On peut faire griller des guimauves, on peut avoir du plaisir. Pour l’éteindre, il s’agit seulement de tourner la manette. De toute façon, les feux de bois seront tolérés cet été seulement, avec un équipement, pas directement sur le sol. Il ne s’agit pas de faire un feu de camp. Ça demande une base isolante, une grille pare-étincelles, une cheminée d’au moins un mètre… Il y a des dépenses afférentes à cela. »

Mme Laurin questionne la décision municipale qui forcerait les familles à se procurer un équipement qui fonctionne au bois, mais qui serait toléré uniquement pour quelques mois cet été, et qui ne le sera plus l’année prochaine. « Je trouve que c’est irresponsable de la part du conseil de faire dépenser nos familles pour une installation qui ne sera plus acceptée l’année prochaine », de poursuivre la conseillère municipale.

Puis, cette intervention du conseiller Émile Henri : « Mon intervention sera plus brève. Je voulais seulement mentionner ma dissidence sur ce point-là. On était six ou sept à voter sur cette décision; on était deux contre. »

Pour sa part, le conseiller Denis Vézina a invité les citoyens à exprimer leurs commentaires positifs et/ou négatifs en communiquant avec la Ville. « Après avoir pris connaissance de l’ensemble des commentaires, les membres du comité de Développement durable se prononceront à la fin de l’été afin d’étoffer notre décision sur ce projet. »

La lettre de Maurice Cantin

L’ancien conseiller municipal et candidat à la mairie lors des élections de 2017, Maurice Cantin, a aussi ajouté son grain de sel. Dans une lettre aux lecteurs envoyée au journal Les Versants et publiée dans l’édition du 15 juillet, Non aux feux à ciel ouvert, Maurice Cantin s’en prend aux membres du conseil municipal et leur demande de revoir leur récente décision. « Je croyais naïvement qu’une Ville parle par résolutions. Je n’ai retrouvé aucune trace d’avis de motion ou de résolution du conseil concernant cette décision. Est-ce qu’il s’agit d’une nouvelle façon de gouverner, et que certaines décisions se prennent derrière des portes closes sans être annoncées ou débattues en assemblée publique? […] Que représentent pour le présent conseil les impacts négatifs sur la santé publique et l’environnement? » Maurice Cantin termine son courrier ainsi : « Plusieurs solutions alternatives aux feux de bois sont connues, offertes et utilisées depuis plusieurs années, alors pourquoi ce retour dans le passé? […] Le conseil de ville peut-il reconsidérer sa position? »

Rappelons que Line Marie Laurin, conseillère indépendante depuis janvier 2019, a déjà fait partie de l’équipe du Parti grandbasilois de l’ancien maire Bernard Gagnon. Elle faisait partie du conseil avec, notamment, Maurice Cantin, de 2013 à 2017.

Mentionnons que la Ville sollicite le civisme de tous les citoyens afin d’éviter de faire des feux lors des périodes de canicule, et de respecter les avis d’interdiction émis par la Régie intermunicipale de sécurité incendie de la Vallée-du-Richelieu et la Société de protection des forêts contre le feu.

Aussi, les normes de sécurité et de civisme recommandées sont celles-ci : garder en tout temps sur les lieux du feu une personne en charge; avoir sur les lieux des appareils nécessaires afin de prévenir tout danger d’incendie; après 23 h, éteindre complètement le feu avant de quitter afin d’éviter tout risque d’incendie; éviter de faire des feux lors des périodes de canicule, et ce, afin de respecter le voisinage.