Les églises s’adaptent pour survivre
Confinement oblige, les rassemblements sont interdits, obligeant les églises à se mettre au goût du jour pour survivre.
Les sources de revenus que sont les quêtes, les locations de salles, les cérémonies de mariage, les baptêmes et même les funérailles ont disparu depuis le 13 mars. « Pour l’ensemble du mois de mars, alors qu’il n’y a eu que deux semaines de confinement, nous avons perdu 50 % de nos revenus comparativement au mois de mars 2019. Ce sera sûrement plus pour le mois d’avril », indique au journal Caroline Rodrigue, de l’unité pastorale des paroisses Saint-Basile Saint-Bruno.
« Un appel a été d’ailleurs envoyé aux paroissiens via le site de l’église. Vous le savez déjà, mais l’arrêt des messes a un impact énorme sur les revenus des paroisses, car il n’y a pas de quête. Si vous en êtes capable, svp aidez-nous à continuer notre travail soit par un don en ligne, par téléphone ou encore en vous inscrivant à la quête automatisée. Nous avons besoin plus que jamais de l’aide de chacun. »
Et les paroissiens, 2000 sur les listes de Saint-Bruno et 1000 à Saint-Basile, semblent continuer à payer la dîme. « On s’en sort bien. Il y aura une campagne de financement au mois de mai, les gens envoient leurs dons et nous avons mis depuis déjà un moment un système de prélèvement automatique par PayPal sur notre site. »
Ainsi les revenus ne sont pas réduits à néant et permettent de payer les factures d’électricité ou encore d’entretien qui ne prennent pas de pause elles. « Mais il ne faut pas que cela dure encore trop longtemps », d’ajouter Mme Rodrigue.
Nouvelles initiatives
Dès les premiers jours, l’équipe pastorale a pris le taureau par les cornes pour aller à la rencontre de ses paroissiens. « Au tout début, nous donnions la communion à domicile. Mais très vite, les mesures de confinement ont changé et nous avons décidé d’arrêter », précise Mme Rodrigue.
« Pour l’ensemble du mois de mars, alors qu’il n’y a eu que deux semaines de confinement, nous avons perdu 50 % de nos revenus comparativement au mois de mars 2019. » – Caroline Rodrigue
Les initiatives de la paroisse ne se sont pas arrêtées pour autant. Sur leur site Internet, le lien entre l’église et ses ouailles a pris de nouvelles formes.
Depuis le début du confinement, la messe est retransmise en direct, deux fois par semaine et en direct les mercredis et les dimanches, sur leur page Facebook.
Le journal de la communauté chrétienne à Saint-Bruno et Saint-Basile que publie la paroisse est désormais disponible en ligne et un abonnement par courriel est possible.
Chaque samedi, une animation en vidéo est proposée pour les enfants portant sur la liturgie.
« Nous appelons également nos paroissiens pour savoir comment ils vont. Surtout qu’ils ont quasiment tous l’âge d’être confinés. Nous faisons l’épicerie à une trentaine de personnes », ajoute Mme Rodrigue.
Il est possible de parler aux deux prêtres disponibles, mais Mme Rodrigue indique que pour les absolutions il faudra attendre la levée du confinement. « Elles ne peuvent pas se faire par téléphone. »
En visioconférence, la paroisse a même accompagné une famille dans une célébration funéraire. « Tout le monde a pu apporter son soutien à la famille en se connectant un peu partout au Québec. Ce n’est pas évident de faire son deuil dans ces conditions. »
Toutes ces initiatives pourraient perdurer après la pandémie. « Ce n’est pas très compliqué de mettre la messe sur Facebook ou encore de continuer à proposer une publication numérique de notre journal aux paroissiens. Ce que nous tenterons surtout de conserver c’est de prendre l’habitude d’appeler nos paroissiens. C’est très enrichissant comme expérience. »
À Sainte-Julie
Pour la Fabrique de la paroisse Sainte-Julie, la COVID-19 est une autre crise à gérer après celle de l’effondrement partiel de la façade de l’église le 2 décembre. L’église avait alors été fermée presque tout le mois.
« Depuis le 13 mars, nous n’avons plus de revenus, c’est pourquoi nous avons écrit une lettre à nos paroissiens afin qu’ils adhèrent d’une nouvelle façon à la contribution paroissiale chaque semaine, pour remplacer la quête, par un système de prélèvement automatique. On éviterait le comptage de la quête tous les dimanches, il serait plus facile d’effectuer des reçus d’impôt et on arrêterait d’utiliser de l’argent papier, ou de la monnaie. Même lorsque la pandémie sera finie, nous en ferons la promotion », indique Daniel Richard, président de la Fabrique de la paroisse Sainte-Julie.
M. Richard s’inquiète de la situation. « Des églises pourraient ne pas passer à travers cette épreuve. À Sainte-Julie on n’est pas riche. Il va falloir être imaginatif. »
Les lettres viennent d’être postées aux 575 paroissiens inscrits sur les listes de la Fabrique. M. Richard s’attend à un montant moyen de 20 $ par mois s’il se base sur la moyenne de la quête par personne chaque dimanche. Il faut dire que cette collecte représente 15 % des revenus totaux de la paroisse.
Pour Esther Milot, président de la paroisse Saint-François d’assise à Sainte-Julie, les difficultés sont similaires. « Nous sommes actuellement en réflexion pour généraliser une demande aux gens un prélèvement automatique aussi. Mais il y a déjà une partie de nos paroissiens qui procèdent de la sorte. »
Les trois paroisses rappellent que l’aide du diocèse en ce moment est indispensable à leur survie.