Une entreprise qui parie sur l’humain s’installe à Saint-Bruno
ISAAC Instruments a inauguré officiellement ses locaux la semaine dernière à Saint-Bruno-de-Montarville. Spécialisée dans l’automatisation des opérations dans le camionnage, à l’aide d’une tablette, l’entreprise qui s’est créée à Chambly voit plus grand en venant s’établir à Saint-Bruno sur un site de 360 000 pi2.
« Aujourd’hui, nous avons 114 employés sur le site et 126 au total pour 133 postes de travail. Douze postes sont à ce moment à pourvoir. Nous prévoyons, à pleine capacité, employer 400 personnes », indique aux Versants Jacques DeLarochellière, le président et cofondateur d’ISAAC Instruments.
L’entreprise a vu le jour dans le garage des parents de M. DeLarochellière. L’endroit a d’abord été utile à finaliser un projet étudiant qui, en fin de compte, se poursuit aujourd’hui. « Nous sommes passionnés de course automobile, c’est ainsi que nous avons été amenés à concevoir un système de télémétrie de pointe qui améliore les performances de chauffeurs professionnels. C’est ainsi qu’une petite entreprise de Chambly est arrivée à équiper l’écurie de Formule 1 RedBull. »
« Au Canada, il y a 37 joueurs en télémétrie : nous étions 37es sur 37, après cinq ans, nous nous situons désormais à la deuxième place. » – Jacques DeLarochellière
Très vite, son associé et ami de longue date David Brillon, vice-président en recherche et développement, et lui constatent que le marché de la formule 1 est trop petit pour pouvoir faire fructifier leur entreprise, c’est alors qu’ils se tournent vers un marché plus grand public. Plus tard, Jean-Sébastien Bouchard, le troisième partenaire, vice-président des ventes, se joindra à l’entreprise.
ISAAC vise ainsi désormais le marché du camionnage et a mis en place en avril 2014 l’unique produit qu’elle distribue aujourd’hui, la tablette ISAAC InControl, qui permet d’automatiser les opérations, d’éliminer le papier dans les camions et de faciliter la communication entre les chauffeurs et la répartition. Le produit permet aussi de coacher les chauffeurs en temps réel pendant la conduite pour générer des économies de carburant, tout en enregistrant leurs heures de conduite, et de suivre leur flux de travail. « Au Canada, il y a 37 joueurs en télémétrie : nous étions 37es sur 37, après cinq ans, nous nous situons désormais à la deuxième place. »
La PME est devenue une multinationale qui exporte son savoir-faire en Chine, en Inde, en Australie, en Angleterre aux États-Unis ou encore au Canada. « Nous sommes dans neuf marchés en ce moment. Il y a pour l’instant 50 % de nos parts de marché au Québec et 20 % au Canada. »
Des employés choyés
ISAAC Instruments est passée d’une petite entreprise d’une vingtaine d’employés à Chambly à 120 salariés. Alors qu’un grand nombre d’entreprises connaissent une crise de disponibilité de main-d’œuvre, M. DeLarochellière indique que ce n’est pas son cas : « En 2013, nous avions fait appel à neuf agences de recrutement qui n’ont trouvé personne. On a alors amélioré la qualité de nos emplois. Le gage de réussite pour attirer du monde, c’est d’être un meilleur employeur. » Et les trois actionnaires ont mis le paquet.
Pour trouver leurs nouveaux « collègues », car à ISAAC Instruments, on ne parle pas d’employés pour minimiser au maximum la hiérarchisation des postes, les nouveaux locaux à Saint-Bruno ont été conçus afin de mettre dans le plus grand confort toutes les personnes qui y travaillent.
Ce n’est pas pour rien que les propriétaires se sont installés à Saint-Bruno, ne profitant d’aucun avantage fiscal de la Ville, alors qu’il était possible pour eux de s’installer sur le site avoisinant à Longueuil, là où se construit l’usine Molson, avec de gros avantages fiscaux.
« Nous avons accepté de payer trois fois plus cher parce que nous étions dans un écoparc. Un environnement qui est propice à l’ensemble du personnel. »
Les trois actionnaires ont investi 10,25 millions de dollars dans leur nouvelle bâtisse à Saint-Bruno. Salle de conférence un peu partout dans les locaux pour tenir des réunions sur l’avancement du produit, cafétéria pour tout le monde, grande salle ouverte servant d’agora à proximité de la cafétéria, confort thermique et vue sur le mont Saint-Bruno, salle de yoga, casier pour l’ensemble du personnel, salle de musculation, immense gymnase où tous les sports d’équipes peuvent se jouer, douche avec serviettes fournies, salle de réunion fermée aux abords de la conception du produit pour discuter sans déranger toute l’équipe, terrain de volleyball, potager , place pour déposer son vélo …
Tout a été pensé pour que les employés se sentent bien et puissent même venir dans leur lieu de travail les fins de semaine. « Le gymnase est accessible à nos employés, mais aussi à leurs proches les week-ends. Ainsi, si quelqu’un souhaite déposer son CV, il peut voir à quoi ressemble l’entreprise. Nous avons surtout investi dans ce bâtiment pour que le monde se sente bien, ça va de pair avec la confection de bons produits. Ce n’est pas pour impressionner le visiteur. »
Même les salaires sont très compétitifs. « Nous avons récemment engagé quelqu’un qui travaillait à Montréal avec un salaire 15 % plus élevé. Et puis, venir s’installer à Saint-Bruno, cela permet d’éviter les problèmes de circulation. Le monde peut se rencontrer et échanger. »
Cet ancien entraîneur de hockey pendant 15 ans semble avoir trouvé la bonne formule pour ne pas avoir de problème de main-d’œuvre, car cela fonctionne.
Contrairement à son cousin, le chanteur Luc DeLarochellière, il a préféré être avec ses deux associés à la baguette d’ISAAC Instruments, une entreprise qui n’a pas fini de faire parler d’elle.