C’est le temps des vacances et… des guêpes!
Mes amitiés à vous tous! Eh bien oui, c’est le temps des guêpes! C’est la panique générale à la suite du décès, il y a quelques semaines, de la mairesse de La Prairie, décès causé par des guêpes. Je comprends surtout la crainte des parents. On peut reconnaître que l’on n’est passablement pas bien préparés ou renseignés devant cette réalité. Je voudrais vous aider quelque peu.
Ces guêpes, abeilles et bourdons qui nous piquent sont de merveilleux insectes de l’ordre des hyménoptères. Je vous entends déjà dire : « Quel fatigant avec ses bibittes! » En tout cas, le mot hymen en grec signifie membrane et ces insectes sont équipés de quatre ailes membraneuses. Ils ne sont pas aussi nombreux qu’on le pense; en Amérique du Nord, on ne compte que 18 000 espèces d’hyménoptères.
D’accord, ils piquent! Mais ce ne sont pas les seuls à le faire. On connaît bien leurs cousins de l’ordre des diptères, ces insectes dotés de deux ailes seulement, tels que moustiques, maringouins, brûlots et taons qui, eux, piquent aussi, mais pour nourrir leurs bébés de sang. Alors que les hyménoptères, eux, le font seulement pour se défendre et protéger leur nid. Différence fondamentale! Et soit dit en passant, je vous le mentionne : c’est Aristote le premier qui avait remarqué que ces diptères n’avaient que deux ailes.
Je comprends bien que vous puissiez les haïr et ne pas partager mes sentiments de profonde admiration à leur égard, mais ces guêpes, abeilles et bourdons, apparus sur terre il y a plus de deux cents millions d’années, sont sociaux! Voyons les faits. Ils vivent en colonie, construisent des nids pour élever leurs petits, nommés « larves », et sont donc constamment appelés à sortir quotidiennement pour trouver et apporter de la nourriture à ces dernières qui piaffent d’impatience, tellement elles mangent. Je vous prie donc de retenir que les bourdons, guêpes et abeilles piquent pour défendre et protéger leur nid.
Il faut reconnaître aussi que ce sont de grands pollinisateurs et que sans eux, on ne pourrait compter sur la présence combien nécessaire des plantes, fleurs, fruits et légumes. Je profite aussi de l’occasion pour vous informer que ce sont les insectes qui, les premiers, ont commencé à offrir à leurs dulcinées, en présent, pour encore mieux les impressionner, un cadeau ou une fleur. Nous, on ne fait que les copier… pire encore, on le fait souvent gauchement!
Il est donc normal que l’on vienne un jour en conflit avec ces insectes piqueurs. Voici quelques recommandations.
Restez calmes, trouvez une manière de rester calmes. Pratiquez-vous en testant sur quelques spécimens, évitez les mouvements brusques, n’agitez pas vos mains en l’air pour les rabattre au sol et retirez-vous lentement le plus rapidement possible.
Aussitôt qu’ils sont en âge de comprendre, enseignez à vos enfants l’existence du danger sans l’exagérer et de façon très calme, comme si vous contrôliez la situation. N’oubliez pas que la peur est toujours enseignée et imprégnée dans le cœur des enfants par des parents qui les adorent.
Surveillez les aliments et le sucre : ces insectes en raffolent! Ne laissez pas à l’air libre des aliments sucrés ou des viandes. Utilisez des poubelles avec couvercles et ne laissez pas des déchets traîner sur la table. Examinez vos bouchées, un insecte pourrait s’y trouver déjà. Manger à l’extérieur en été est extraordinaire, mais vous y invitez en même temps des convives non désirés, non attendus, mais aussi affamés que vous-mêmes. Portez des vêtements longs, attachez vos cheveux et portez un chapeau avec moustiquaire, si nécessaire. Ne laissez pas vos enfants se faire piquer sans réagir!
Vérifiez vos moustiquaires. Ne tolérez pas la présence de nids sur vos portiques, sous les balcons, dans les fissures de l’habitation, sur les corniches, les haies et basses branches des arbres. Éliminez ces nids le plus tôt possible au printemps, dès que découverts, car dans la plupart des cas, seule la reine a survécu à l’hiver. Alors qu’au milieu de la saison estivale, les nids peuvent contenir des centaines d’individus. Ce qui rend beaucoup plus difficile leur élimination.
Avec le temps, en les observant quelque peu, vous découvrirez que ces insectes aiment bien installer leurs nids en utilisant des trous ou fissures existantes. Il faut donc vérifier les ouvertures possibles sur les dalles, pavés, toits, corniches, fenêtres, murs, dessous de galeries et, bien sûr, le cabanon, un hôtel de luxe fort prisé par nos amis.
À moins d’avoir développé une certaine expertise, je ne peux pas vous suggérer d’éliminer vous-mêmes les nids, mais de retenir plutôt les services d’un contrôleur ou gestionnaire parasitaire. Éliminer soi-même un nid comporte toujours des risques. Les gens connaissent généralement ces gestionnaires parasitaires sous le nom incroyablement négatif d’exterminateurs. Larousse nous précise que le mot «exterminer» consiste à détruire, massacrer, faire périr et éliminer jusqu’au dernier. Dans ma tête, ça qualifie fort mal le rôle d’un réel gestionnaire parasitaire qui, souvent, va déplacer un nid ailleurs plutôt que de l’exterminer.
À titre d’exemple, chaque fois que des gens m’ont demandé d’intervenir pour un nid de guêpes, j’ai toujours pu le recueillir au complet et le déporter (le nid et ses logeurs) dans une forêt ou un boisé en périphérie de Saint-Bruno.
Je vous mentionne aussi que ces piqueurs ne sont actifs que le jour et qu’ils se rassemblent tous la nuit à l’intérieur du nid. C’est le moment idéal pour les capturer tous, car si on enlève le nid durant le jour, une grande quantité d’entre eux ne seront pas capturés, étant absents aux fins de travail. Ils seront furieux à leur retour.
Si l’un de vous ou de vos enfants est piqué, ne paniquez pas, car il y a rarement une conséquence fâcheuse. Il peut y avoir douleur, chaleur, démangeaison et gonflement sur ou autour de la partie piquée, mais ce n’est pas encore grave. Si les réactions se manifestent ailleurs que sur la zone spécifiquement piquée, alors il peut y avoir gravité. Cela se manifeste dans ce cas par de l’urticaire, une difficulté respiratoire, une perte de conscience, un état de choc. Il faut donc agir rapidement en utilisant Epipen ou Benadryl ou mieux encore, en se dépêchant pour consulter un médecin ou un service d’urgence le plus près possible. Enfin, si un nid est découvert sur un terrain de jeu, un parc ou près d’un trottoir, il faut alors en aviser le service de police local.
Pour ma part, j’ai toujours aidé avec plaisir les gens soumis à ce problème. C’est avec joie que mon fils aîné, Georges Brossard Junior, m’a annoncé récemment qu’il adorait la gestion parasitaire et qu’il offrait ses services à la population. Il a tellement voyagé et chassé avec moi qu’il y apportera cette ruse, cette efficacité et ce réconfort pour tous ces gens exposés de Saint-Bruno ou d’ailleurs à une confrontation directe avec un ennemi charismatique, ingénieux, méconnu et, surtout, sous-estimé.
Collaboration spéciale
Un texte de Georges Brossard, entomologiste