Les courtisés pour devenir sauveteurs

Alors que des sauveteurs qualifiés tournent le dos à plusieurs centres aquatiques et points de baignade partout au Québec, le Centre de la culture et du sport de Sainte-Julie (CCSSJ) offrira les formations de sauveteur gratuitement pour pallier le manque.

Un texte de Cybèle Olivier

Le manque de sauveteurs dans plusieurs infrastructures de baignade n’est pas lié à une pénurie de main-d’œuvre, mais à un contexte économique difficile, si on en croit les entrevues accordées par la Société de sauvetage du Québec.

Selon le directeur, le manque de main-d’œuvre affecte tous les secteurs et n’épargne pas les milieux aquatiques. Toutefois, bien qu’il relate un taux élevé de candidats diplômés des formations de sauveteur, on observe des municipalités, comme Sainte-Julie, qui doivent se tourner vers une autre tranche de la population pour combler leurs horaires de surveillance.

« Les gens ont souvent l’impression que ce travail est destiné aux jeunes, alors les travailleurs retraités n’y pensent pas. On a un travail de séduction à faire. » – Éric Hervieux

Courtiser les

D’après plusieurs coordonnateurs, jamais cette industrie n’a eu autant de mal à remplir toutes ses plages horaires.

« Pour la première fois cette année, on a eu de la difficulté à pourvoir nos postes de soirs et de week-ends [durant l’année scolaire]. On a dû annuler trois cours. Sur 800 à 1000 cours, c’est peu, mais nous n’avions jamais fait ça auparavant. C’est le commencement de quelque chose de nouveau », décrit le directeur général du Centre de la culture et du sport de Sainte-Julie, Éric Hervieux.

Pour combler le manque, un projet-pilote est lancé dans le but d’inviter les préretraités et les retraités à devenir sauveteurs. Le CCSSJ offrira gratuitement les deux premières phases de la formation à toute personne désirant s’impliquer. « Afin de les préparer pour le mois de septembre, on forme les gens qui auront des disponibilités de jour, la semaine », a émis le directeur. En effet, de septembre à mai, les horaires de jour sont les plus difficiles à combler, puisque les étudiants qui sont embauchés sont aux études.

« Les gens ont souvent l’impression que ce travail est destiné aux jeunes, alors les travailleurs retraités n’y pensent pas. On a un travail de séduction à faire. » Le directeur souhaite ainsi changer la manière dont on perçoit ce travail. Un premier groupe commencera sa formation dès les prochaines semaines.

Saint-Bruno épargnée

Le journal a contacté les piscines de la municipalité pour comprendre l’effet du contexte économique sur leurs infrastructures. Contrairement aux villes qui l’entourent, Saint-Bruno ne semble pas confrontée à des problèmes de recrutement.

« Nous n’avons pas à solliciter du monde extérieur, ni même d’autres habitants de la ville à Saint-Bruno », a mentionné Line Joanisse, chef de division activités aquatiques récréatives et administration. Elle ajoute qu’il y a une grande stabilité en ce qui concerne les employés depuis les 35 – 40 dernières années.

« On entend dire qu’il y aura une pénurie de main-d’œuvre importante, mais pour le moment, on ne vit pas cette conséquence dans l’aquatique. D’ici quelques années peut-être, mais cela ne nous inquiète pas pour le moment. »

Un sentiment partagé par la propriétaire de la piscine Seigneuriale, Lucie Bousquet. Dans cette piscine privée, ce ne sont pas les sauveteurs qui manquent. En effet, puisqu’elle donne elle-même les formations de sauveteurs, les employés diplômés ne sont pas durs à trouver.

« Peut-être que le secret, c’est de donner soi-même les cours », a-t-elle lancé. En effet, cette décision semble porter ses fruits, puisqu’il y a à cet établissement un renouvellement constant des employés depuis 30 ans.