Victoria-Rose Grisé, la gardienne

Hockey mineur

Les Centurions peewee A de Saint-Basile-le-Grand viennent de boucler leur saison régulière avec une fiche de 9 gains, 9 revers, 6 matchs nuls. Or, leur gardienne de but, Victoria-Rose Grisé, a enregistré durant cette période pas moins de 7 jeux blancs.
« C’est avant tout un travail d’équipe », mentionne humblement Victoria-Rose Grisé, que Les Versants a rencontrée.

« Dans notre entourage, le hockey est un sujet de conversation. » – Victoria-Rose Grisé

Tout de même, en janvier dernier, son entraîneur-chef, Carl Paiement, avait admis au journal au lendemain d’un tournoi à Coaticook, qu’il y avait rarement des jeunes filles qui gardaient les buts dans la catégorie peewee A. « On en voit dans le C et dans le B. Dans le A, elles sont rares. »
Autre constat que la Grandbasiloise de 12 ans a un certain talent : elle a remplacé au cours de la saison dans les catégories bantam B et peewee AAA Relève. Lors des camps d’évaluation, avant le début de la campagne 2018-2019, elle a été retranchée du peewee AAA au dernier moment. Une décision semblable a aussi été prise lors des camps pour le peewee AA et le peewee BB. « Ce n’est pas facile, pour une fille, de faire sa place dans un sport de gars », observe Victoria-Rose Grisé.

Inspirée par un film

Dès ses débuts dans le hockey mineur, elle souhaitait porter les grosses jambières, la gobeuse, le bloqueur et le masque de gardien. En effet, après six ans à pratiquer ce sport, c’est sa cinquième campagne à protéger la cage de ses équipes. Victoria-Rose s’est dite inspirée par le film Les peewee 3D : l’hiver qui a changé ma vie, une réalisation d’Éric Tessier en 2012. Le personnage principal de l’histoire est un jeune garçon qui rejoint l’équipe de hockey des Lynx. Or, c’est une jeune fille qui garde le filet des Lynx.
Mais il y a davantage. Victoria-Rose n’est pas la première de la famille à enfiler les patins.

Le hockey au sein de la famille

Son frère Jacob, 15 ans, évolue cette année avec le Noir et Or de De Mortagne dans la catégorie juvénile div. 2. Face à sa petite sœur, « il n’y va pas avec le dos de la cuillère » lorsqu’ils pratiquent ensemble. « Il ne me donne pas de chance! Mais il m’apprend comment agir face aux attaquants : où il vise, les passes déviées, les petits trucs de joueurs. Il me fait voir aussi mes faiblesses », avance la cerbère. La grande sœur de Victoria, Fleur-Ange, 18 ans, porte les couleurs des Rapides de Champlain dans la catégorie junior. Son père, Pierre-Luc Grisé, a aussi connu ses heures de gloire au hockey; il a enfilé l’uniforme des Riverains du collège Charles-LeMoyne, dans la Ligue de hockey midget AAA, avant d’être repêché en 1995 par le Laser de Saint-Hyacinthe, dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec (LHJMQ). Sa mère est une autre source d’inspiration, elle qui s’est adonnée au patinage artistique, sport que Victoria Rose a aussi pratiqué quelques années. Entre le patinage artistique et le hockey, elle aura préféré ce dernier, « pour l’esprit d’équipe et parce qu’elle est une fille de groupe ». Enfin, même le petit attaquant Alexandre Grisé, qui a fait scintiller la lumière rouge pour les Gaulois d’Antoine-Girouard au midget AAA et qui a joint les rangs de l’Océanic de Rimouski et des Tigres de Victoriaville, dans la LHJMQ, fait partie de la famille élargie de la jeune Grisé. « On s’entraide, on s’encourage entre nous; c’est le but du jeu! Dans notre entourage, le hockey est un sujet de conversation », indique la petite gardienne, dont les idoles professionnelles sont le portier québécois des Golden Knights de Las Vegas Marc-André Fleury, « pour son style », et la championne olympique Charline Labonté.
Victoria-Rose a d’ailleurs rencontré récemment son idole féminine, et bien d’autres joueuses comme Marie-Philip Poulin et Caroline Ouellette, dans le cadre d’un minitournoi féminin. « C’est la première fois que je faisais partie d’une équipe de filles, dira-t-elle. Ça me prépare à l’ambiance et au calibre, parce que d’ici deux ans, dans la catégorie bantam, je poursuivrai au hockey féminin. » Elle vise le AAA chez les Remparts du Richelieu ou encore Les 13 Étoiles. C’est ce qu’elle qualifie d’objectif à moyen terme. Une participation aux Jeux olympiques au sein de la formation nationale féminine est son but à long terme. « C’est mon rêve… comme celui de plusieurs jeunes filles! »
Mais d’ici là, elle poursuit son cheminement avec les Centurions, puisque dans la Ligue de hockey section vallée du Richelieu, les séries éliminatoires s’amorcent aujourd’hui, ce samedi 16 mars, pour l’équipe de Saint-Basile-le-Grand. Elle fera face aux Seigneurs Montarville de Boucherville. La rencontre débutera à 15 h au complexe sportif SportScene, à Mont-Saint-Hilaire. « Je suis le genre de gardienne qui parle à ses défenseurs, qui protège bien son demi-cercle, attentive, calme. Si je m’énerve, c’est catastrophique! »
Selon son père, Pierre-Luc Grisé, le hockey, comme le sport en général, est source de motivation pour accrocher les enfants aux études. « Personnellement, c’est une grande fierté de voir mes trois enfants se développer en tant qu’individus dans un sport d’équipe. Je crois que cela se reflétera plus tard, dans le travail et dans leur vie, par une belle discipline. C’est positif de les voir s’épanouir dans les arénas; un antidote aux mauvaises fréquentations, aux drogues. C’est important que les parents s’impliquent aussi, en temps, en énergie, en encouragements. »
Questionné sur la controverse qui a émané en novembre dernier des Sieurs de Longueuil dans la catégorie atome C, alors qu’une petite gardienne de 8 ans a décidé de laisser tomber son sport à la suite de la pression exercée de certains parents, Pierre-Luc Grisé a répondu qu’il s’agissait d’une « situation dégueulasse, d’autant plus que c’est du hockey récréatif, quasiment l’équivalent d’un match de hockey sur le lac du Village ».
Victoria-Rose Grisé suit les traces de son frère Jacob… Elle a été acceptée en sport-études hockey à De Mortagne pour son entrée au secondaire dès septembre prochain prochain.

QUESTION AUX LECTEURS :

Comment encouragez-vous vos enfants dans le sport?